N'oubliez pas de cliquer sur les liens des diffĂ©rentes problĂ©matiques, afin d'accĂ©der Ă un choix de textes relatifs Ă cette problĂ©matique particuliĂšre. Avertissement Les textes proposĂ©s ici Ă©taient, pour beaucoup, susceptibles d'ĂȘtre classĂ©s dans plusieurs problĂ©matiques. Nous avons cependant choisi de ne les faire apparaĂźtre qu'une seule fois, c'est pourquoi il ne faut pas hĂ©siter Ă explorer toutes les problĂ©matiques, afin de trouver un texte vous intĂ©ressant. I. Qu'est-ce que l'Ătat ? - L'Etat est-il l'objet essentiel de la thĂ©orie politique ? 2. L'essence de l'Etat 3. Etat et gouvernement II. Quelle est la fonction de l'Ătat ? Ă quoi sert l'Ătat ? - L'Ătat est-il un mal nĂ©cessaire ? - L'Etat est-il plus Ă craindre que l'absence d'Etat ? - Peut-on se passer de l'Ătat ? - Doit-on tout attendre de l'Ătat ? - Peut-on dire avec Hölderlin que Ce qui fait de l'Etat un enfer, c'est que l'homme a voulu en faire son paradis. » ? 1. Assurer le bien commun et en premier lieu la sĂ©curitĂ© des citoyens... - La recherche du bien commun est-elle le fondement et la limite de la souverainetĂ© de l'Etat ? - L'intĂ©rĂȘt de l'Etat coĂŻncide-t-il avec le bien commun ? - La raison d'ĂȘtre de l'Ătat est-elle de garantir la sĂ©curitĂ© du citoyen ? - Le rĂŽle de l'Etat est-il de faire rĂ©gner la justice ? - Peut-on concevoir la justice sans l'Etat ? - L'Etat a-t-il pour but de maintenir l'ordre ou d'Ă©tablir la justice ? - La justice ne relĂšve-t-elle que de l'Etat ? - L'Ătat doit-il viser le bonheur des individus ? III. L'individu, la sociĂ©tĂ©, le citoyen, dans leur rapport Ă l'Ătat 1. Le citoyen et l'Ătat Les dangers du despotisme - Faut-il distinguer le citoyen dans l'Etat et l'individu dans la sociĂ©tĂ© ? - L'Ătat doit-il Ă©duquer les citoyens ? - L'Etat a-t-il besoin de la mĂ©moire des citoyens - L'Etat est-il l'ami ou l'ennemi de l'individu ? - Est-il dans la nature de l'Etat de refuser les diffĂ©rences ? - L'Etat a-t-il, selon vous, un rĂŽle Ă jouer dans la vie privĂ©e ? - L'Etat peut-il assurer Ă la fois la libertĂ© et la sĂ©curitĂ© des individus ? - Peut-on reconnaĂźtre un droit de rĂ©volte contre l'Etat ? - L'Ătat est-il l'ami de tous en mĂȘme temps que l'ennemi de chacun ? 3. La sociĂ©tĂ© et l'Ătat - Une sociĂ©tĂ© peut-elle se passer d'Ătat ? - Peut-on se passer de l'Ătat ? - Peut-on penser une sociĂ©tĂ© sans Ătat ? - Peut-il y avoir une sociĂ©tĂ© sans Etat ? IV. Le pouvoir de l'Ătat et ses limites - Par quelles voies un Etat peut-il exercer sa souverainetĂ© ? - Ă quelles conditions le pouvoir de l'Etat est-il lĂ©gitime ? a. Nos devoirs envers l'Etat - Que devons-nous Ă l'Ătat ? 2. Les limites du pouvoir de l'Etat - Faut-il accorder le moins possible Ă l'Etat ? - Pour limiter le pouvoir de l'Etat, peut-on s'en remettre Ă l'Etat ? - Le pouvoir de l'Etat est-il facteur de libertĂ© ou d'oppression ? - Pourquoi l'Ătat devrait-il limiter son pouvoir ? - L'Ătat doit-il ĂȘtre sans pitiĂ© ? - Pourquoi l'union du droit et de la force dans l'Ătat est-elle un problĂšme ? - La violence exercĂ©e au nom de l'Ătat est-elle fondamentalement diffĂ©rente de toutes les autres formes de violence ? - La morale relĂšve-t-elle de la compĂ©tence de l'Ătat ? a. L'Ătat est-il au-dessus des lois ? - L'Ătat est-il au-dessus des lois ? - Un gouvernement peut-il lĂ©gitimement, dans certaines circonstances, agir Ă l'encontre des lois ? - L'Ătat a-t-il tous les droits ? b. La conception libĂ©rale de l'Ătat 3. La critique de l'Ătat 4. La "raison d'Ătat" - L'emploi du mot raison » est-il lĂ©gitime dans l'expression la raison d'Etat » ? - Y a-t-il vraiment une Raison d'Etat » ? - Peut-on subordonner les Droits de l'homme Ă la raison d'Ătat ? - La Raison d'Ătat » peut-on tout justifier en son nom ? - Un gouvernement peut-il lĂ©gitimement, dans certaines circonstances, agir Ă l'encontre des lois ? 5. Ătat et violence - La violence exercĂ©e au nom de l'Ătat est-elle fondamentalement diffĂ©rente de toutes les autres formes de violence ? a. L'Etat naĂźt de la violence - Pourquoi respecter l'autoritĂ© de l'Ătat ? - L'Ătat n'impose-t-il l'obĂ©issance que par la force matĂ©rielle ? - Est-il lĂ©gitime de faire prĂ©valoir les exigences de la conscience sur celles de l'Ătat ? - L'obĂ©issance Ă l'Ătat est-elle toujours une obligation ? - L'Ătat peut-il exiger de chacun qu'il travaille ? VI. Ătat et libertĂ© - Peut-on affirmer que la force de l'Ătat fait la libertĂ© des citoyens ? - Le pouvoir de l'Etat est-il facteur de libertĂ© ou d'oppression ? - Qu'est-ce qu'un Etat libre ? - L'Etat restreint-il la libertĂ© individuelle ? - L'autoritĂ© de l' Ătat est-elle compatible avec la libertĂ© des individus ? - La fin de l'Etat est-elle la libertĂ© ? - L'Etat est-il l'ennemi de la libertĂ© ? - La libertĂ© est-elle possible sans un Ătat pour la dĂ©fendre ? - Serions-nous plus libres sans Ătat ? - Serions-nous libres sans Ătat ? 1. La philosophie anarchiste 2. Le despotisme 3. L'Etat et la libertĂ© d'opinion - Un Ătat dĂ©mocratique doit-il tolĂ©rer toutes les opinions ? - Une religion d'Etat est-elle possible ? Date de crĂ©ation 03/05/2006 1739 DerniĂšre modification 22/12/2020 1537 CatĂ©gorie Page lue 18822 fois
FrançoisSaint-Bonnet, lui, estime que l'Ă©tat d'urgence n'est pas adaptĂ© par sa nature mĂȘme : un Ă©tat d'exception, et donc temporaire. « Or, la situation actuelle s'inscrit hĂ©las dans la
Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la libertĂ©, la propriĂ©tĂ©, la sĂ»retĂ© et la rĂ©sistance Ă l'oppression. » L'article deux de la DĂ©claration universelle des droits de l'homme assigne ainsi Ă l'Ătat comme association politique un rĂŽle plus fondamental que celui de la prĂ©servation de la vie et de la sĂ©curitĂ©. Il s'agit alors de conserver protĂ©ger et fournir les conditions propices Ă leur dĂ©veloppement les droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Par droits naturels, il faut entendre les droits qui nous sont essentiels, ceux qui nous appartiennent naturellement, du seul fait que nous participons du genre humain sans distinction de culture, de pays ou de religion. Ces droits sont imprescriptibles, ce qui signifie qu'ils sont absolus et non conditionnels on ne saurait lĂ©gitimement les contester ou les refuser, les rendre hypothĂ©tiques ou propres Ă une catĂ©gorie seulement. L'article de la dĂ©claration les identifie ainsi libertĂ©, sĂ»retĂ©, propriĂ©tĂ© et rĂ©sistance Ă l'oppression. Tous les hommes sont libres et doivent pouvoir jouir du droit Ă penser par eux-mĂȘmes, il faut que l'Ătat les protĂšge; ils doivent pouvoir conserver leurs biens sans craindre la spoliation arbitraire et, enfin, ils ne peuvent ĂȘtre empĂȘchĂ©s de lutter contre tout ce qui menace ces trois exigences fondamentales. Les droits de l'homme instituent alors une norme politique, un modĂšle idĂ©al conforme Ă l'essence de l'homme. En outre, l'Ătat dĂ©signe la sociĂ©tĂ© en tant qu'elle possĂšde des organes politiques administratifs et juridiques autonomes, et, qu'elle est conçue comme une personne morale vis-Ă -vis des autres sociĂ©tĂ©s. L'Etat doit ĂȘtre distinguĂ© de la patrie, qui dĂ©signe le pays des ancĂȘtres et de la communautĂ© nationale. Il doit ĂȘtre Ă©galement distinguĂ© de la nation, qui est une notion spirituelle c'est l'unitĂ© spirituelle d'une communautĂ©, fondĂ©e sur des mĆurs et une histoire communes. L'Ătat est l'incarnation d'une volontĂ© gĂ©nĂ©rale placĂ©e au-dessus de toutes les volontĂ©s particuliĂšres,. il vise l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. C'est pourquoi le conflit principal oppose l'individu Ă l'Ătat. L'individu a tendance Ă considĂ©rer que l'Ătat est une administration Ă son service. L'Ătat, de son cĂŽtĂ©, vise l'universalitĂ© et exige des sacrifices pour l'individu. Ainsi, la citoyennetĂ©, l'appartenance de l'individu Ă l'Ătat serait une limitation de sa libertĂ© et aussi une limitation de toute sa personne, puisque l'Etat oblige l'individu Ă prendre en compte l'existence des autres et de la collectivitĂ© tout entiĂšre. Par exemple, le fait de devoir obĂ©ir aux lois ne se pense que par rapport Ă la bonne marche et Ă la paix de l'espace social. DĂšs lors l'individu, s'il veut vraiment se rĂ©aliser, devrait Ă©chapper Ă cette logique citoyenne et politique, en prĂ©fĂ©rant, par exemple, sa vie privĂ©e Ă sa vie sociale, chacun oeuvrant alors pour son bonheur particulier, loin des prĂ©occupations politiques. Pourtant si l'Ătat limite ma libertĂ© individuelle, il la garantit et la fait coexister avec la libertĂ© des autres, ce qui est un signe de raison et de sagesse. De plus la citoyennetĂ© me permet de prendre une part active dans la vie de la citĂ© et m'invite donc Ă davantage de responsabilitĂ©. De mĂȘme la dimension privĂ©e de mon existence ne peut ĂȘtre garantie que par l'existence d'un Ătat fort et solide. De ces considĂ©rations Ă©merge la trame de rĂ©flexion suivante Dans quelle mesure y a-t-il antinomie entre lâĂtat et la libertĂ© de lâhomme ? LâĂ©tude portera dans un premier temps sur lâincompatibilitĂ© entre le cadre Ă©tatique et la libertĂ© individuelle. Dâun autre cĂŽtĂ©, nous Ă©voquerons un Ătat en tant que garant des libertĂ©s individuelles et collectives pour enfin expliquer les limites de lâabsence dâune part et de la prĂ©sence dâautre part de lâĂtat. En premier lieu, en instituant la citoyennetĂ©, l'Ătat semble accĂ©der Ă l'universel. Hegel Ă©crit en ce sens qu'il est la rĂ©alitĂ© de l'idĂ©e morale », la rationalitĂ© accomplie, rĂ©alisant la morale et le droit qui, au niveau individuel, ne sont que des abstractions. Et le citoyen peut prĂ©tendre ĂȘtre l'homme vĂ©ritablement humain, Ă©levĂ© au sens du bien public, plus raisonnable que l'individu particulier. Mais ce discours n'est-il pas une illusion? La rĂ©alitĂ© de l'Ătat n'est-elle pas essentiellement rĂ©pressive? Telle fut la position d'un anti-Ă©tatisme radical reprĂ©sentĂ© surtout, au XIXĂšme siĂšcle, par l'anarchisme dont le projet est de dĂ©truire l'Ătat en tant que tel ni Dieu, ni maĂźtre » et par le marxisme, qui voit dans l'Ătat non le garant de l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, mais des institutions et des appareils au service des intĂ©rĂȘts particuliers de la classe dominante. L'anarchisme et le marxisme semblent donc se rejoindre dans leur critique de l'Ătat et la sociĂ©tĂ© sans classe qu'ils souhaitent tous deux est aussi une sociĂ©tĂ© sans Ătat. Il y a pourtant entre eux des diffĂ©rences importantes. La premiĂšre est que Marx rattache l'analyse de l'Ătat Ă l'Ă©volution de l'histoire. Moyen pour assurer politiquement la domination de la classe Ă©conomiquement possĂ©dante, l'Ătat a une fonction et une nĂ©cessitĂ© que ne lui reconnaĂźt pas l'anarchisme. D'ailleurs, dans la rĂ©volution prolĂ©tarienne, le marxisme voit moins la suppression de l'Ătat comme tel que le remplacement de l'Ătat bourgeois par un Ătat prolĂ©tarien qui est censĂ© s'Ă©teindre progressivement. La seconde diffĂ©rence est que si marxisme et anarchisme sont tous deux des critiques radicales de l'Ătat, cette critique n'obĂ©it pas aux mĂȘmes raisons. L'anti-Ă©tatisme de l'anarchisme se fonde sur un individualisme foncier. C'est parce qu'il est par nature contre l'individu que l'Ătat est un mal en soi il est un universel dĂ©vorant. Marx lui reproche au contraire d'ĂȘtre un universel fictif qui prĂ©tend rĂ©aliser l'homme abstraitement dans le citoyen, au lieu de le rĂ©aliser effectivement dans la sociĂ©tĂ©. En outre, lâexistence de l'Ătat lorsque celui est rĂ©pressif ou totalitaire revient Ă une limitation des libertĂ©s individuelles. Totalitarisme » dĂ©signe en premier lieu la thĂ©orie de l'Ătat total » dĂ©veloppĂ©e par le fascisme mussolinien d'abord, hitlĂ©rien ensuite, selon laquelle l'Ătat est un absolu devant lequel les individus ne sont que des relatifs ». L'Ătat devient alors l'objet d'un vĂ©ritable culte. Pris en ce sens, totalitarisme» ne s'applique en toute rigueur qu'aux doctrines fascistes de l'Ătat et Ă leurs rĂ©alisations politiques en Italie et en Allemagne. Par extension, des philosophes et sociologues comme Hannah Arendt ou Raymond Aron ont repris la catĂ©gorie de totalitarisme » pour penser de façon critique les invariants de certains rĂ©gimes antidĂ©mocratiques contemporains nazisme, mais aussi stalinisme, maoĂŻsme de la RĂ©volution culturelle... Les constantes relevĂ©es de tout Ătat totalitaire sont alors la mystique du chef, l'exercice d'un monopole idĂ©ologique Ă©tendu dans le domaine privĂ© encadrement de la jeunesse, contrĂŽle des relations familiales, professionnelles..., la militarisation de la vie politique, l'absence de sĂ©paration entre l'Ătat et la sociĂ©tĂ© civile, la mise en place d'un appareil de terreur visant Ă la domination totale des individus. Dans 1984, George Orwell rassemble toutes ses caractĂ©ristiques pour dĂ©noncer lâomnipotence de l'Ătat la libertĂ© d'expression en tant que telle nâexiste plus. Toutes les pensĂ©es sont minutieusement surveillĂ©es, et dâimmenses affiches trĂŽnent dans les rues, indiquant Ă tous que Big Brother vous regarde ». Ainsi, lâĂtat et la libertĂ© de lâindividu sont incompatibles lorsque celui-ci est rĂ©pressif, totalitaire et nâa que pour seul objectif de prendre le contrĂŽle totale de la population quâil gouverne. En second lieu, lâabsence dâĂtat est sans doute bien plus dommageable encore, puisquâelle rend impossible lâexistence et lâapplication de la loi, la protection de lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et, plus simplement, la vie en communautĂ©. DĂšs lors, comment rĂ©soudre cette tension entre la nĂ©cessitĂ© de lâĂtat et les dĂ©rives quâil peut produire ? Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun » disait Hobbes dans Le LĂ©viathan. Imaginons un instant la vie sociale sans l'existence de l' Ătat. Qui aurait alors le pouvoir d'organiser la citĂ© si tant est qu'elle soit concevable sans lui ? Comment les lois pourraient-elles ĂȘtre protĂ©gĂ©es ? Quelle instance aurait la lĂ©gitimitĂ© de rĂ©gler les diffĂ©rends entre les hommes ? Sans un pouvoir commun », tout porte Ă croire que la force se substituerait au droit et qu'il n'y aurait tout simplement plus de sociĂ©tĂ© possible. Avec cette citation, Hobbes nous aide Ă prendre conscience de la nĂ©cessitĂ© de l'Ătat. Tant que l'Ătat n'est pas fondĂ© c'est ici ce qu'il appelle le pouvoir commun », les hommes ne peuvent pas vivre ensemble. Leur condition est alors la guerre, une guerre permanente, brutale et indĂ©passable dans la nature, qui rend leur existence misĂ©rable et courte. Le salut se trouve dans l'institution de la loi, laquelle passe par une sortie de l'Ă©tat de nature et l'abandon par lâhomme de son pouvoir et de sa libertĂ© de faire tout ce qu'il veut libertĂ© infiniment restreinte puisque proportionnelle Ă la force dont on est capable et limitĂ©e par la force de lâautre. Le rĂ©sultat de ce passage est la crĂ©ation de l' Ătat et la conquĂȘte de la sĂ©curitĂ©, puisque autrui ne reprĂ©sente plus un danger immĂ©diat et nâa plus de pouvoir sur moi. De surcroĂźt, Rousseau disait ⊠chacun s'unissant Ă tous n'obĂ©it pourtant qu'Ă lui-mĂȘme et reste aussi libre qu'auparavant. Tel est le problĂšme fondamental dont le contrat social donne la solution ». L'Ătat doit ĂȘtre l'Ă©manation concrĂšte de l'union des hommes qui deviennent Ă travers lui des citoyens, et pas seulement des sujets. NĂ©anmoins, l'association politique est vue comme un problĂšme », parce qu'elle ne va pas de soi sous sa forme la plus Ă©galitaire et que les hommes n'ont pas d'emblĂ©e les moyens d'instaurer le systĂšme le plus juste qui soit. C'est aussi un problĂšme parce que le siĂšcle de Rousseau ne le rĂ©sout pas les inĂ©galitĂ©s sociales sont flagrantes L'homme est nĂ© libre et partout il est dans les fers » Ă©crit-il. Il faut donc rĂ©aliser ce que l'histoire n'a jusqu'alors jamais permis de constituer un Ătat dans lequel l'union aux autres ne soit pas la condition de notre aliĂ©nation, ou bien le rĂšgne de l'injustice dans lequel il n'y a que les puissants qui trouvent leur place. Pour cela, il faut plus qu'un consensus, il faut un contrat. Le consensus n'est qu'une apparence d'accord, il en est l'expression nĂ©gative en tant que solution de compromis. On tente alors d'harmoniser des intĂ©rĂȘts divergents en les conjuguant par dĂ©faut. Le contrat social au contraire pose une finalitĂ© objective ayant une valeur universelle et il ne peut reposer sur la simple addition des intĂ©rĂȘts particuliers qui par dĂ©finition ne s'accordent pas entre eux autrement que momentanĂ©ment ou faute de mieux. Dans la perspective du contrat, c'est l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral qui est Ă©rigĂ© en principe de l'association et ce n'est qu'Ă cette condition que tout le monde s'y retrouve », comme on pourrait le dire de maniĂšre triviale. Une contradiction apparente est alors levĂ©e en obĂ©issant Ă l' Ătat qui respecte le contrat, je n'obĂ©is qu'Ă moi puisque je suis un contractant. A ce titre, l' Ătat m'oblige et ne me contraint pas, sauf quand je ne respecte plus la loi que jâai moi-mĂȘme dĂ©cidĂ©e en commun avec les autres On me forcera Ă ĂȘtre libre » - dit Rousseau. Je suis obligĂ© de respecter ses lois parce qu'elles me protĂšgent autant que tout autre et parce qu'elles n'ont ni prĂ©fĂ©rences ni dĂ©sirs. L'obligation repose aussi sur un rapport bilatĂ©ral je dois quelque chose Ă la loi, mais la loi me doit aussi quelque chose et nul ne saurait lĂ©gitimement se placer au-dessus d'elle. A contrario, ce qui relĂšve d'une contrainte ne repose que sur la force, l'arbitraire et l'intĂ©rĂȘt particulier. On comprend alors que le contrat social permet de penser sans contradiction le fait qu'on puisse obĂ©ir tout en Ă©tant libre et tout en obĂ©issant finalement Ă nul autre que soi-mĂȘme. NĂ©anmoins, le point de vue de Hobbes, par exemple, peut ĂȘtre mal compris car la distinction entre l'origine et le fondement n'est pas assez marquĂ©e, tout en lĂ©gitimant un pouvoir politique autoritaire et absolutiste. Si l'on peut admettre que la quĂȘte de la sĂ©curitĂ© et la conservation de la vie constitue une origine vraisemblable Ă la crĂ©ation d'une institution comme l'Ătat, dont les premiĂšres formes sont Ă©videmment archaĂŻques et simples, il est dangereux d'en conclure que c'est lĂ aussi son fondement, autrement dit, son principe. L'Ătat n'a pas pour seule mission de nous assurer la sĂ©curitĂ©, il doit aussi nous permettre de faire de nous des ĂȘtres libres. Qu'avons-nous Ă gagner si nous quittons les dangers de la nature pour les Ă©changer avec ceux d'un Ătat susceptible de se transformer en pouvoir absolu ? Dâun autre cĂŽtĂ©, on peut reprocher aux personnes prĂŽnant l'anti-Ă©tatisme en gĂ©nĂ©ral de ne pas faire de diffĂ©rence entre les Ătats. Certes, comme le dit Montesquieu, tout pouvoir tend Ă abuser du pouvoir. Comment rĂ©soudre le problĂšme que pose ce constat ? Deux solutions sont possibles. L'anti-Ă©tatisme est la premiĂšre d'entre elles voir dans la disparition de l'Ătat une condition nĂ©cessaire de l'Ă©mancipation des hommes. La seconde solution rĂ©sulte en revanche d'une critique de l'Ătat... par lui-mĂȘme seule une forme dĂ©terminĂ©e d'Ătat pourra lever le risque despotique que tout Ătat porte en lui. Il suffit pour cela que l'Ătat sache imposer des limites Ă son pouvoir. C'est le propre des dĂ©mocraties modernes d'avoir essayĂ© de dĂ©finir de telles limites. En dĂ©clarant les droits de l'homme, l'Ătat rĂ©volutionnaire français de 1789, et avant lui dĂ©jĂ le jeune Ătat amĂ©ricain en 1776, ont accompli un geste dont la signification philosophique est importante pour la premiĂšre fois, des Ătats ont reconnu qu'il existait des droits naturels de l'homme antĂ©rieurs et supĂ©rieurs Ă toute autoritĂ© politique et que le but principal de l'Ătat est de les prĂ©server. Marx objectait aux droits de l'homme de n'ĂȘtre que des droits abstraits » laissant jouer les inĂ©galitĂ©s sociales. Mais l'erreur de l'anti-Ă©tatisme est sans doute de ne pas avoir bien perçu l'originalitĂ© des Ătats dĂ©mocratiques. Le fait qu'on y trouve des polices et des prisons ne signifie pas qu'ils sont de mĂȘme nature que les dictatures. Quelles que soient les critiques qu'on peut faire Ă la citoyennetĂ©, ne vaut-il pas mieux vivre dans un Ătat oĂč ses droits sont reconnus ? Pour conclure, lâĂtat, et plus particuliĂšrement lâĂtat dĂ©mocratique, est le dĂ©fenseur de la libertĂ© de lâindividu. Il nây a donc pas en gĂ©nĂ©ral antinomie entre le cadre Ă©tatique et lâĂ©panouissement de lâindividu dans un environnement de libertĂ© si lâon distingue Ătat dĂ©mocratique et Ătat totalitaire. De surcroĂźt, il nâest mĂȘme pas nĂ©cessaire de se placer sur le terrain de la philosophie politique pour se poser la question de savoir si oui ou non lâEtat doit ĂȘtre maintenu pour permettre cet Ă©panouissement. La transformation de la sociĂ©tĂ© postmoderne fait dĂ©jĂ Ă©clater les contradictions de fait de lâexistence de lâEtat. Le retour du nationalisme sur la scĂšne des conflits internationaux nous montre Ă quel point les enjeux du pouvoir enveloppe aussi une crise dâidentitĂ© culturelle. La nation est un mythe, mais qui, comme tous les mythes, a un sens capable de mobiliser les volontĂ©s individuelles. LâEtat moderne est en crise et son existence a cessĂ© dâaller de soi, de valoir pour un idĂ©al. Il est Ă©touffĂ© sous son propre poids, il est confrontĂ© Ă des exigences contradictoires. Quelque soit le rĂ©gime sous lequel il est placĂ©, de toute maniĂšre lâEtat aura sa rigiditĂ©. Quelque soit le rĂ©gime politique qui le gouverne, lâEtat est aujourdâhui confrontĂ© au dĂ©fit de la globalisation de lâĂ©conomie et de lâinformation, confrontĂ© Ă une volontĂ© locale de gestion, contre la hiĂ©rarchie quâil impose dâen haut. Ces contradictions cependant nâĂ©liminent pas le sens de lâaction politique dont lâenvergure devient aujourdâhui mondiale, Ă la mesure de la responsabilitĂ© que tout homme a devant lâhumanitĂ©, Ă la mesure de la responsabilitĂ© que tout homme a devant la vie.
LEtat est-il un mal nĂ©cessaire ? Comme en tĂ©moigne son Ă©tymologie, lâEtat (du latin status : « se tenir debout ») est le pilier de. 15 Pages âą 6086 Vues. L'Ătat estÂil un mal nĂ©cessaire. L'Ătat estÂil un mal nĂ©cessaire ? CORRIGĂ Introduction Sans aucun doute, chacun d'entre nous aimerait pouvoir faire ce qui lui plaĂźt quand cela lui chante. 2 Pages âą
Introduction qu'est-ce que l'Etat ?Table des MatiĂšres1 Introduction qu'est-ce que l'Etat ?2 La question de lâorigine de lâEtat3 LâEtat lâorganisation et la rĂ©partition des pouvoirs4 LâEtat lâinstrument des classes dominantes5 La question de lâEtat et ses dĂ©rives totalitaristes6 Ni Dieu ni maĂźtre »7 Les autres conceptions de l'Etat8 Conclusion La sociĂ©tĂ© ne va pas de soi. Elle se doit, pour maintenir une cohĂ©sion sociale, dâĂȘtre rĂ©glementĂ©e par des lois, organisĂ©e autour dâun pouvoir rĂ©gulateur, un pouvoir politique. Or, qui dit rĂ©glementation dit nĂ©cessairement contraintes, obligations, devoirs. Sâil existe des sociĂ©tĂ©s rĂ©glĂ©es sans le pouvoir dâun Etat ex les sociĂ©tĂ©s primitives, elles demeurent nĂ©anmoins fondĂ©es sur des rĂšgles, des rites et tabous qui organisent la vie en communautĂ©. Pour les sociĂ©tĂ©s organisĂ©es autour dâun pouvoir politique, câest lâEtat qui incarne ce pouvoir. La question de lâorigine de lâEtat LâEtat le pouvoir politique une pluralitĂ© de formes possibles de ce pouvoir. Texte dâAristote Ethique Ă Nicomaque Selon Aristote, il existe trois types de constitutions 1 la royautĂ©, 2 lâaristocratie, 3 la timocratie politeia. La meilleure est la premiĂšre, la pire est la troisiĂšme. Selon Aristote, lâopposĂ© du meilleur est toujours le pire » et la dĂ©rive du rĂ©gime considĂ©rĂ© comme le plus adĂ©quat est la tyrannie royautĂ© et tyrannie sont toutes les deux des monarchies mais la relation que le roi et le tyran entretiennent avec le pouvoir politique exercĂ© diffĂšre quant Ă lorientation de lâintĂ©rĂȘt alors que le roi exerce le pouvoir dans lâintĂ©rĂȘt de ses sujets, le tyran ne vise que son intĂ©rĂȘt personnel. Un mauvais roi devient un tyran on peut donc admettre la concentration des pouvoirs en une seule main comme le risque dâun dĂ©tournement de la fonction mĂȘme du politique qui ne sert plus la CitĂ© pour rĂ©aliser sa fonction dans la collectivitĂ© mais qui, au contraire, se sert de la CitĂ© pour rĂ©pondre Ă ses ambitions individualistes. Aristote conclue que la timocratie et la dĂ©mocratie sont voisines car se fondant et cherchant le pouvoir de la masse La dĂ©mocratie est la moins mauvaise des constitutions corrompues car ce nâest quâune faible dĂ©viation constitutionnelle ». Transition Pour que le pouvoir politique puisse se rĂ©aliser dans sa fonction premiĂšre, il semble nĂ©cessaire quâau sein du pouvoir, quâau sein de lâEtat, les pouvoirs soient sĂ©parĂ©s les uns des autres. LâEtat doit donc sâorganiser Ă partir dâune organisation des pouvoirs. LâEtat lâorganisation et la rĂ©partition des pouvoirs Aristote Politique LII Les termes constitutions et gouvernement ont la mĂȘme signification ». Aristote Politique LIV Toutes les constitutions comportent trois parties » Quand ces parties sont en bon Ă©tat, la constitution est nĂ©cessairement elle-mĂȘme en bon Ă©tat » Les trois parties selon Aristote Le pouvoir dĂ©libĂ©ratif dĂ©libĂšre quant Ă la guerre, la paix, les alliances câest le pouvoir dĂ©cisionnel. Le pouvoir exĂ©cutif la magistrature elle applique les dĂ©cisions prises. Le pouvoir judiciaire celui qui rend la justice les membres qui le constituent sont des citoyens tirĂ©s au sort ou Ă©lus et constituent un tribunal. Transition LâEtat repose ainsi sur la participation active du citoyen Ă la vie publique, Ă lâinteraction entre le pouvoir Ă©tatique et lâengagement du citoyen dans la vie politique de la CitĂ©. Mais cette interaction ne repose-t-elle pas sur lâidĂ©e mĂȘme de communautĂ© », dâune histoire commune de lâhumanitĂ© ? Engels lâEtat une production de la production Ce sont les hommes qui font leur histoire mais dans un milieu qui les conditionne » Il y a un lien entre ce qui a Ă©tĂ©, ce qui est et ce qui sera enchainement des causes et des effets interaction entre les conditions Ă©conomiques, sociales, politiques. Ce nâest pas la conscience qui dĂ©termine la condition sociale mais la condition sociale qui dĂ©termine la conscience Marx. Toute sociĂ©tĂ© est fondĂ©e sur la production et les Ă©changes que celle-ci gĂ©nĂšre. De la rĂ©partition de la production dĂ©coule la rĂ©partition des classes sociales. DĂšs lors, pour expliquer ce quâest lâhomme, les analyses mĂ©taphysiques, philosophiques ne font pas sens. Câest par lâanalyse de la modification des moyens de production, de la production elle-mĂȘme et des Ă©changes que lâon peut comprendre le fonctionnement social et politique dâune sociĂ©tĂ©. Quand la production dâune sociĂ©tĂ© devient trĂšs Ă©levĂ©e et donc que le degrĂ© de dĂ©veloppement Ă©conomique dâune sociĂ©tĂ© augmente, la crĂ©ation dâun Etat apparait comme une nĂ©cessitĂ©. LâEtat est donc le produit de la sociĂ©tĂ© ». La fonction de celui-ci consiste alors Ă estomper les diffĂ©rences sociales. LâEtat a pour fonction de rĂ©guler et la production et les richesses qui dĂ©coulent de la production. Engels LâEtat nâexiste donc pas de toute Ă©ternitĂ©. Il y a eu des sociĂ©tĂ©s qui se sont tirĂ©es dâaffaire sans lui, qui nâavaient aucune idĂ©e de lâEtat et du pourvoir dâEtat. A un certain stade de dĂ©veloppement Ă©conomique qui Ă©tait nĂ©cessairement liĂ© Ă la division de la sociĂ©tĂ© en classes, cette division fit de lâEtat une nĂ©cessitĂ© ». Transition Cependant, une question se pose si lâEtat apparait comme la consĂ©quence logique » dâun certain degrĂ© quant au dĂ©veloppement Ă©conomique dâune sociĂ©tĂ©, il se signale comme ce qui vient rationaliser les Ă©changes. Mais lâEtat remplit-il cette fonction ? Etabli pour limiter les diffĂ©rences sociales, lâEtat limite-t-il les inĂ©galitĂ©s ou les renforce-t-il ? LâEtat lâinstrument des classes dominantes Texte de Engels Lâorigine de la famille, de la propriĂ©tĂ© privĂ©e et de lâEtat » Selon Engels, lâEtat est au service des classes dominantes qui, par lâEtat, justifient la division de la sociĂ©tĂ© en classes sociales mues par des intĂ©rĂȘts contradictoires. LâEtat serait un instrument politique qui masque le conflit rĂ©el qui sâest Ă©tabli dans la sociĂ©tĂ© la lutte des classes entre la classe bourgeoise et la classe prolĂ©tarienne. A lâorigine, lâEtat est nĂ© du besoin de limiter cette lutte. Mais parce quâil a Ă©tĂ© créé par la classe dominante, lâEtat est devenu un pouvoir Ă©conomique qui sâest octroyĂ© le pouvoir politique pour se maintenir dans son pouvoir dirigeant. LâEtat serait lâincarnation du pouvoir des plus puissants pour se maintenir comme puissants et opprimer encore davantage les classes opprimĂ©es sous son pouvoir. Tenons pour exemples lâAntiquitĂ© le pouvoir politique appartenait aux maĂźtres face aux esclaves, puis dans la pĂ©riode fĂ©odale ce pouvoir fut aux mains des seigneurs face aux serfs, et maintenant ce pouvoir est dĂ©tenu par la classe bourgeoise face au prolĂ©tariat. LâEtat nâest donc pas le garant de lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral mais lâinstrument de lâintĂ©rĂȘt particulier de la classe dominante. LâEtat nâest pas sĂ©parĂ© de la sociĂ©tĂ©, il est plutĂŽt partie prenante des conflits sociaux et il est au service de lâoppresseur pour maintenir son pouvoir sur lâoppressĂ©. Transition Un problĂšme apparait alors si lâEtat est un instrument politique au service dâune minoritĂ© dominante, il peut rapidement devenir le pouvoir dâun seul homme. Si la dĂ©mocratie repose sur lâidĂ©e dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et si cet intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral se retrouve dans les mains dâun seul homme qui prĂŽne son intĂ©rĂȘt particulier, lâEtat peut devenir totalitariste. Cependant le totalitarisme nâest pas le seul apanage dâun despote, un Etat providence peut devenir un Etat totalitaire. DĂšs lors, pour Ă©viter cette dĂ©rive ne peut-on pas penser la sociĂ©tĂ© sans pouvoir Ă©tatique ? La question de lâEtat et ses dĂ©rives totalitaristes Texte de Clastres La sociĂ©tĂ© contre lâEtat » LâEtat est-il vraiment nĂ©cessaire, peut-on penser une sociĂ©tĂ© sans Etat ? Selon Clastres Les sociĂ©tĂ©s primitives sont des sociĂ©tĂ©s sans Etat. On pense que ce manque signifie une incomplĂ©tude, quâune sociĂ©tĂ© sans Etat est une sociĂ©tĂ© inaboutie et que ces sociĂ©tĂ©s ne seraient pas totalement civilisĂ©es. Or, cette pensĂ©e fait preuve dâethnocentrisme qui signifie lire une sociĂ©tĂ© Ă partir des valeurs qui rĂ©gissent celle Ă laquelle jâappartiens et qui en diffĂšrent. Câest considĂ©rer une culture particuliĂšre comme Ă©tant la rĂ©fĂ©rence universelle. Inconsciemment je pense ces sociĂ©tĂ©s Ă lâaune de mes valeurs et je pose lâEtat comme la finalitĂ© de toutes les sociĂ©tĂ©s. Je pense alors les sociĂ©tĂ©s primitives comme Ă©tant anachroniques ». Autre erreur de lâethnocentrisme penser que lâhistoire suit un sens unique, quâelle ne peut suivre une multitude de directions et de choix diffĂ©rents. Câest penser quâil nây a quâune seule direction et quâun sens Ă lâhistoire. Ce qui est une erreur, un prĂ©jugĂ©. LâĂ©tat dâune civilisation nâest pas nouĂ© Ă la crĂ©ation de lâEtat une sociĂ©tĂ© peut ĂȘtre civilisĂ©e » sans Etat et une sociĂ©tĂ© avec Etat peut ĂȘtre barbare ». Transition LâEtat nâest pas une fin en soi, il nâest pas nĂ©cessairement le but et la finalitĂ© dâune sociĂ©tĂ©. Certaines sociĂ©tĂ©s se rĂ©gulent sans lâautoritĂ© dâun pouvoir Ă©tatique. Or, si lâEtat nâest pas une fin en soi, alors câest quâil nâest quâun moyen, un instrument. Et sâil est un instrument, il peut aussi ĂȘtre instrumentalisĂ©, utilisĂ© pour le bien ou pour le mal. Ainsi, mĂȘme un Etat qui se veut juste » parce quâĂ la recherche du bonheur et du bien de tous peut sâavĂ©rer dangereux, crĂ©ant un despotisme de lâĂ©galitarisme. Texte de Tocqueville De la dĂ©mocratie en AmĂ©rique » La dĂ©mocratie et son souci Ă©galitaire peuvent conduire paradoxalement au totalitarisme et Ă la limitation de la libertĂ© individuelle par la destruction du libre arbitre. La trop grande uniformitĂ© nĂ©e de la volontĂ© gĂ©nĂ©rale peut engendrer un endormissement de lâindividualitĂ© du sujet et le transformer en bĂȘte de troupeau. Cet Etat providence il ne brise pas les volontĂ©s, il les ramollit ». Il rĂ©duit enfin chaque nation Ă nâĂȘtre plus quâun troupeau dâanimaux timides et industrieux dont le gouvernement est le berger ». Une prise en charge totale de lâhomme par lâEtat implique un abĂȘtissement, une dĂ©responsabilisation. Sous couvert de faire le bonheur de tous, cet Etat providence engendre une uniformisation des hommes qui se rĂ©duisent en une masse anonyme, indistincte et qui tue lâoriginalitĂ©, la particularitĂ© de chacun. Cet Etat providence peut ainsi engendrer le malheur de chacun sous couvert de vouloir faire le bonheur de tous et finalement crĂ©e une sociĂ©tĂ© amorphe, homogĂšne, incapable de penser et de crĂ©er de maniĂšre autonome et inventive. Ce que lâEtat providence peut engendrer un despotisme dâun genre nouveau, la volontĂ© dâune sociĂ©tĂ© Ă©galitaire, une nouvelle forme dâoppression qui conduit Ă une sociĂ©tĂ© Ă©galitariste, massifiĂ©e, lĂ©thargique, uniformisĂ©e. Transition La dĂ©mocratie, lorsquâelle se fait Etat providence peut ainsi aboutir Ă ce contre quoi elle a toujours prĂ©tendu lutter le despotisme par lâĂ©galitarisme. Lâusage de la propagande, de lâendoctrinement au profit dâun Etat viciĂ© qui instrumentalise le peuple et qui finit par user de la terreur pour le soumettre le mal collectif sous couvert du bien gĂ©nĂ©ral. Texte de H. Arendt Des origines du totalitarisme » Seuls les sujets incultes ou les Ă©lites sont attirĂ©s par le totalitarisme lâĂ©lite parce quâelle veut ĂȘtre Ă sa tĂȘte, le peuple parce quâil est vu comme une masse indiffĂ©renciĂ©e. DĂ©finition du totalitarisme Etat qui rassemble la totalitĂ© des pouvoirs dans les mains dâun seul parti qui nâaccepte aucune opposition, aucune rĂ©sistance, aucun autre pouvoir et qui tend Ă confisquer la totalitĂ© des activitĂ©s de la sociĂ©tĂ© quâil domine. Dans la dĂ©mocratie, le pouvoir totalitaire est limitĂ© par la loi, la libertĂ© de paroles et dâopinions ce pouvoir contre balance celui effectuĂ© par la propagande mise en place par un pouvoir totalitaire naissant. DĂ©finition de dĂ©mocratie » doctrine dans laquelle la souverainetĂ© doit appartenir Ă lâensemble des citoyens il sâagit souvent dâune RĂ©publique. Le totalitarisme en place remplace la propagande par lâendoctrinement. La propagande permettait de propager des idĂ©es, lâendoctrinement cherche Ă convaincre le peuple pour quâil adhĂšre aux idĂ©es propagĂ©es. Le totalitarisme est insidieux il utilise ce qui Ă©tait tu Ă lâopinion donc ce que le peuple ignorait en lui faisant croire que ce qui Ă©tait tu lâĂ©tait par la volontĂ© de dissimuler la corruption. Le totalitarisme fabrique des contre-vĂ©ritĂ©s quâil prĂ©sente comme des rĂ©vĂ©lations au peuple. Cf le film Le dictateur » de C. Chaplin. Transition Les rĂšgles de lâart de gouverner dĂ©coulent toujours du phĂ©nomĂšne suivant tout pouvoir sâefforce de se maintenir, lâEtat ne cherche que sa propre conservation contre tout danger extĂ©rieur. La politique doit rester en prise directe avec les rĂ©alitĂ©s du monde quâelle gouverne. La question relative Ă lâart de gouverner se pose avec Machiavel. Il ne se pose pas la question de la lĂ©gitimitĂ© du pouvoir politique mais celle du comment maintenir une stabilitĂ© politique. Machiavel Le Prince ou lâart de gouverner La question de Machiavel celle de lâart de gouverner pour se maintenir au pouvoir, le Prince doit-il se faire aimer ou se faire craindre ? Le but du Prince se conserver. Selon Machiavel, les hommes sont Ă©goĂŻstes, il en va de mĂȘme pour le Prince. En premier, il promet, puis il fait face aux rĂ©alitĂ©s. Le but du Prince la sĂ©curitĂ©, la stabilitĂ© pour se maintenir au pouvoir. Et pour cela, il doit se faire craindre. Lâart de gouverner se faire aimer ou se faire craindre ? Pour ĂȘtre aimĂ©, il faut non pas ĂȘtre liĂ© par de lâaffect mais par des intĂ©rĂȘts communs avec ses sujets. Mais un risque menace une relation fondĂ©e sur lâintĂ©rĂȘt est par dĂ©finition instable car les intĂ©rĂȘts peuvent changer et alors le lien entre le Prince et ses sujets se fragilise et peut se dĂ©truire. Dans une telle relation, le Prince est dĂ©pendant et donc fragilisĂ©. Il faut donc davantage se faire craindre car ainsi le prince crĂ©e une situation dans laquelle il est le seul maĂźtre du dĂ©but Ă la fin. Ne se fondant que sur lui, son autoconservation est assurĂ©e. Mais cette crainte ne doit pas aller jusquâĂ la terreur et la haine sinon il y a risque dâalliance subversives, risque de rassemblement des sujets qui voudraient Ă©liminer le prince. La crainte est donc nĂ©cessaire dans lâart de gouverner et le pouvoir nâest sĂ»r que sâil est reconnu par les sujets et que le prince incarne lâimage du pouvoir Pour bien connaitre la nature des peuples il faut ĂȘtre prince, et pour celle des princes, ĂȘtre populaire ». Le prince doit donc ĂȘtre modĂ©rĂ©, il doit rassembler, unifier et sâil utilise parfois des moyens cruels, lâusage quâil fait de la cruautĂ© doit toujours ĂȘtre inscrit dans une finalitĂ© qui vient la justifier comme un mal nĂ©cessaire pour un bien politique. Transition Lâart de gouverner implique le sens de la stratĂ©gie et cette stratĂ©gie reste au service de la volontĂ© de lâEtat de se maintenir comme pouvoir lâEtat ne chercherait-il pas que sa propre autoconservation ? Lâabus de pouvoir de lâEtat, la mise sous tutelle de lâindividu par le pouvoir Ă©tatique peut permettre une interrogation quant Ă la lĂ©gitimitĂ© mĂȘme de lâEtat. LâautoritĂ© politique peut en effet ĂȘtre lue comme paternaliste, tendant Ă infantiliser lâindividu qui voit son individualitĂ© castrĂ©e. Cette remise en question du pouvoir Ă©tatique quant Ă sa lĂ©gitimitĂ© se trouve interrogĂ©e par la pensĂ©e anarchiste. On note deux branches de la pensĂ©e anarchiste celle collectiviste, avec Bakounine, celle individualiste avec Stirner. Ni Dieu ni maĂźtre » Lâanarchisme individualiste. Anarchisme » absence dâordre ne signifie pas le dĂ©sordre mais ce qui ne rĂ©pond Ă aucun ordre ce qui ne rĂ©pond que de soi par soi et pour soi et qui se sait ĂȘtre responsable de ses actes. De fait, la pensĂ©e anarchiste ne peut reconnaitre la lĂ©gitimitĂ© du pouvoir Ă©tatique car lâEtat signifie une prise en charge autoritaire et instrumentalisĂ©e de la libertĂ© du sujet un assujettissement pour le profit de quelques-uns qui sâoctroient des droits sur tous. Bakounine Etat veut dire domination, et toute domination suppose lâassujettissement des masses et par consĂ©quent leur exploitation au profit dâune minoritĂ© gouvernante quelconque ». Voyons maintenant si cette thĂ©ologie politique, de mĂȘme que la thĂ©ologie religieuse, ne cachent pas sous de trĂšs belles et poĂ©tiques apparences, des rĂ©alitĂ©s trĂšs communes et trĂšs sales ». Toute thĂ©orie consĂ©quente et sincĂšre de lâEtat est essentiellement fondĂ©e sur le principe de lâautoritĂ©, câest-Ă -dire sur cette idĂ©e Ă©minemment thĂ©ologique, mĂ©taphysique, politique, que les masses, toujours incapables de se gouverner, devront subir en tout temps le joug bienfaisant dâune sagesse et dâune justice qui, dâune maniĂšre ou dâune autre, leur seront imposĂ©es dâen haut ». Selon la pensĂ©e anarchiste collectiviste, lâhomme a une tendance naturelle Ă se rapprocher des autres hommes. Il est un ĂȘtre rationnel qui sâunit aux autres hommes suivant les affects et les centres dâintĂ©rĂȘt. Et il est suffisamment adulte et responsable pour savoir ce quâil a Ă faire sans quâune autoritĂ© ne vienne le lui dire. Il nâa donc pas besoin de lâEtat. LâEtat ne fait que se servir lui-mĂȘme⊠Transition Mais la volontĂ© de se libĂ©rer de toute tutelle peut se prolonger jusquâĂ lâaffirmation radicale et dĂ©finitive de lâindividualitĂ© irrĂ©ductible du sujet qui reconnait son identitĂ© comme stricte propriĂ©tĂ©, par essence unique et inaliĂ©nable. Prenant en compte la nature essentiellement Ă©gotiste de lâhomme, et donc, par nature, incompatible avec toute idĂ©e de collectivitĂ©, de sociabilitĂ©, la nĂ©gation de lâEtat peut logiquement aboutir Ă la non reconnaissance de tout ce qui fonde la sociĂ©tĂ© et peut mĂȘme prĂ©senter la sociĂ©tĂ© contre-nature. LâEtat, la sociĂ©tĂ©, sont-ils lâaboutissement de la nature rationnelle de lâhomme ou le produit dâune dĂ©naturation de la fondamentale libertĂ© naturelle de celui-ci ? RĂ©alisation ou domestication ? Anarchisme individualiste Stirner Lâunique et sa propriĂ©tĂ© » Ne reconnaitre aucun devoir, câest-Ă -dire ne pas me lier et ne pas me regarder comme liĂ©. Si je nâai pas de devoir, je ne connais pas non plus de loi⊠» Stirner La volontĂ© individuelle et lâEtat sont des puissances ennemies, entre lesquelles aucune paix Ă©ternelle » nâest possible. Tant que lâEtat se maintient, il proclame que la libertĂ© individuelle, son Ă©ternel adversaire, est dĂ©raisonnable, mauvaise⊠Et la volontĂ© individuelle se laisse convaincre, ce qui prouve quâelle lâest en effet elle nâa pas encore pris possession dâelle-mĂȘme, ni pris conscience de sa valeur, aussi est-elle encore incomplĂšte, mallĂ©able ». Lâabolition de lâEtat dans ce qui le fonde procĂšde dâun retour Ă lâindividualitĂ©, au risque du soi. Mais ce risque prĂ©sente aussi une autre lecture de lâhomme, Ă savoir celle qui le comprend comme essentiellement unique et qui doit portĂ©e cette unicitĂ© par-delĂ le Bien et le Mal. Conclusion LâEtat en peut pas ĂȘtre un degrĂ© de civilisation par-delĂ ou grĂące Ă lâabsence de lâEtat, les sociĂ©tĂ©s primitives rĂ©pondent de structures sociales dĂ©veloppĂ©es, hiĂ©rarchisĂ©es, de rites Ă©laborĂ©sâŠParallĂšlement, certains Etats celui dâHitler⊠ont engendrĂ© une rationalisation industrielle » du mal. En ce sens, lâEtat ne peut plus ĂȘtre lu comme lâaboutissement le plus accompli de la Raison. LâEtat apparait comme un instrument politique Ă double tranchant ; il sĂ©curise en mĂȘme temps quâil soumet, il rationalise la pluralitĂ© des identitĂ©s en mĂȘme temps quâil limite la diversitĂ© des individualitĂ©s. Sa difficultĂ© consiste Ă trouver la juste mesure quant Ă lâexercice du pouvoir quâil incarne. Cet Ă©quilibre est prĂ©caire et demande de lâattention de la part du citoyen qui doit demeurer vigilant quant aux dĂ©rives possibles et Ă lâabus de pouvoir. Equilibre prĂ©caire aux mains dâun seul homme ou dâun pouvoir totalitaire, lâEtat peut devenir ce qui dĂ©shumaniseâŠNous partirons de la dĂ©finition classique de lâEtat entendu comme Etat-nation, tel quâil sâest construit depuis le XIXĂšme siĂšcle, câest-Ă -dire lâadĂ©quation dâune nation, dâun territoire, et dâune organisation politique dĂ©terminĂ©e. Les autres conceptions de l'Etat Des souverainistes aux fĂ©dĂ©ralistes, faisons un tour d'horizon des conceptions de l'Etat, et de l'Etat au sein de l'Europe. L'Etat-nation structure politique indĂ©passable de la modernitĂ© politique Approche naturaliste Hegel,La philosophie de l'Histoire lâEtat est lâĂ©tape ultime de lâhistoire, la fin de lâhistoire. Lâincarnation de la raison universelle, le stade dernier de lâĂ©volution des sociĂ©tĂ©s. LâEtat seul peut incarner lâUniversel, le dĂ©passement des intĂ©rĂȘts particuliers. Le vingtiĂšme siĂšcle semble, Ă priori, lui donner raison vu la dĂ©multiplication du nombre dâEtats dans le monde chute du bloc communiste, partition de lâex-Yougoslavie, la dĂ©colonisation, âŠ. Approche contractualiste Hobbes, Le Leviathan lâEtat rĂ©sulte du pacte passĂ© entre les membres dâune sociĂ©tĂ© et le LĂ©viathan en Ă©change de la sĂ©curitĂ©, il accepte dâabandonner leur libertĂ© naturelle. Chez Hobbes, la souverainetĂ© de lâEtat est absolue, indivisible dans cette perspective, le remplacement de lâEtat correspond au retour Ă lâĂ©tat de nature, sauvage et violent. Remplacement comme rĂ©gression rĂ©ponse possible car il sâagit dâun contrat, par nature rĂ©vocable, mais pas nĂ©cessaire. Le Souverainisme seul l'Etat est garant de la cohĂ©sion dâun territoire et de celle de lâidentitĂ© principe hĂ©gĂ©lien pour se poser, il faut sâopposer. Ainsi, les frontiĂšres sont, constituent un critĂšre de reconnaissance. La collectivitĂ©, pour sâaffirmer comme nation, doit se reconnaĂźtre dans une entitĂ© politique qui lui correspond. Tout dĂ©passement de lâEtat entraĂźne une dissolution des identitĂ©s, un vide moral, une perte de repĂšres. Les philosophes et la critique radicale de l'Etat Pour les autres courants de pensĂ©e, l'Etat est, comme Nietzsche l'affirmait, le âplus froid des monstres froidsâ, l'institution Ă abattre Communisme Marx, Engels l'Etat est lâinstrument de la classe bourgeoise, la structure qui masque la domination du capital sur le prolĂ©tariat. Philosophie de lâhistoire historicisme DĂ©pĂ©rissement de lâEtat est liĂ© au destin de lâhistoire. Anarchisme Bakounine autogestion des individus, toute structure transcendante est forcĂ©ment synonyme dâoppression, de violence. Libertarianisme Rothbard Etat est une association de malfaiteurs qui extorquent illĂ©gitimement les propriĂ©tĂ©s individuelles. Seule lâorganisation par les individus, sans autoritĂ© supĂ©rieure, crĂ©ent une sociĂ©tĂ© optimale. RĂšgne de lâĂ©conomie, engloutissement du politique dans lâĂ©conomie. FĂ©dĂ©ralisme ls Etats doivent se dissoudre dans des entitĂ©s plus grandes, voire une seule et mĂȘme entitĂ©. Il s'agit de l'horizon d'un gouvernement mondial tradition instaurĂ©e par lâabbĂ© de Saint-Pierre. David Held dans l'ouvrage Democracy and the global order dĂ©fend la thĂšse dâun Etat mondial, fondĂ© sur une conscience cosmopolite. Chacun est inclut dans la communautĂ© mondiale comme citoyen. Les institutions sont supra-nationales Parlement mondial, cour pĂ©nale internationale permanente, conseil de sĂ©curitĂ© disposant dâun pouvoir exĂ©cutif. Une troisiĂšme voie pour l'Etat Une troisiĂšme voie, entre disparition de l'Etat et son renforcement, a Ă©tĂ© dĂ©fini par Habermas. Cette position mĂ©diane essaie de concilier, dans une approche volontariste, la nĂ©cessitĂ© de lâexistence de lâEtat-nation et son dĂ©passement. Dans AprĂšs lâEtat-nation, Habermas dĂ©fend lâidĂ©e selon laquelle la mondialisation Ă©conomique, câest-Ă -dire la trans-nationalitĂ© des flux Ă©conomiques, rend les frontiĂšres poreuses mais sur la question des frontiĂšres, on peut Ă©galement penser Ă lâinternationalisation des risques Ă©cologiques Tchernobyl, les marĂ©es noires, la grippe aviaire, ⊠rĂ©duit la capacitĂ© dâaction des Etat-nations, remet en cause leur souverainetĂ©, de telle sorte quâils ne peuvent plus assurer les fonctions de protection, de redistribution des ressources, bref les fonctions de rĂ©gulation intĂ©rieure quâils remplissaient autrefois. Autrement dit, lâEtat-nation, comme sociĂ©tĂ© capable dâagir sur elle-mĂȘme, qui sâauto-gĂšre de maniĂšre endogĂšne, nâexiste plus que partiellement. Câest pourquoi, il faut, selon Habermas, rĂ©injecter du politique, ne pas laisser tout le champ social ĂȘtre rĂ©gulĂ© par lâĂ©lĂ©ment Ă©conomique bref, il faut rĂ©assujettir lâĂ©conomie au politique, domestiquer lâĂ©conomie, renverser le primat de lâargent sur le pouvoir politique ; Mais pour cela, les Etat-nations ne sont pas assez puissants pour rĂ©sister seuls Ă la pression de la mondialisation. Les Etat-nations doivent transfĂ©rer des compĂ©tences Ă un niveau supranational. LâEurope prĂ©figure ainsi cette figure de lâEtat postnational, seul capable dâassurer Ă la fois la justice sociale et lâefficacitĂ© marchande. Cependant, dans lâhorizon postnational, il faut que les institutions politiques se fondent sur une lĂ©gitimitĂ© comment concevoir une lĂ©gitimitĂ© dĂ©mocratique des dĂ©cisions prises au-delĂ de lâorganisation Ă©tatique crĂ©ation dâespaces publics transnationaux. Conclusion Ainsi, paradoxalement, câest le dĂ©passement de lâEtat-nation par la construction dâentitĂ©s politiques plus vastes qui permet la conservation des Etat-nations car dâun cĂŽtĂ©, lâEtat-nation nâest pas assez fort pour se porter Ă la hauteur de lâĂ©conomie mondialisĂ©e et endiguer seul les effets pervers des marchĂ©s, mais dâun autre cĂŽtĂ©, lâEtat-nation est insubstituable dans son rĂŽle de maintien, de catalyseur de lâidentitĂ© collective.
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unmal nĂ©cessaire Le mensonge, câest un fait, nâest pas bien vu par notre sociĂ©tĂ© en quĂȘte de transparence. Dans un monde oĂč la « traçabilitĂ© » (des produits, des idĂ©es et mĂȘme des ĂȘtres) fait loi, il dĂ©tonne et « fait tache ». DĂ©stabilisant, dĂ©rangeant, il parle de masques, Ă©voque ce qui se cache. Qui ose aujourdâhui
Machiavel A la recherche du chef d'Etat idĂ©al La question du rapport entre pouvoir, Etat, politique et morale est au cĆur de la pensĂ©e de Machiavel quâest-ce quâun bon chef dâĂ©tat ? Quelles qualitĂ©s font un bon politique ? Comment doit-il gĂ©rer la vie politique ? Pour ne pas redĂ©couvrir la lune, jetons un coup dâoeil sur le penseur qui a fondĂ© la philosophie politique moderne Machiavel. Dans son cĂ©lĂšbre texte Le Prince, le florentin, qui a passĂ© sa vie au plus prĂšs du pouvoir auprĂšs de CĂ©sar Borgia Ă qui s'adresse Le Prince, tente un portrait-robot du gouvernant. DâemblĂ©e, Machiavel rĂ©fute toute conception morale du pouvoir le chef de lâĂ©tat ne doit pas obĂ©ir Ă une morale fixe, mais sâadapter aux circonstances, ce quâil appelle la fortune âfortunaâ, en latin, signifie la chance, le destin. En dissociant la morale du pouvoir, il ne dit pourtant pas que le chef de lâĂ©tat doive ĂȘtre immoral, mais quâil peut sâaffranchir de la morale si câest nĂ©cessaire. Câest ce quâaujourdâhui on appellerait le pragmatisme, ou le primat de la fin sur les moyens. Autrement dit, le chef de lâĂ©tat doit maĂźtriser et faire foin de toute idĂ©alisme qui le contraindrait Ă moraliser sa politique. La morale de Machiavel n'est donc pas un formalisme Ă©thique comme chez kant par exemple, mais plutĂŽt une invention permanente de celui qui la pratique la morale machiavĂ©lienne est immanente, et non transcendante. Kant s'opposera Ă cette conception du pouvoir, en plaçant les intentions au-dessus des rĂ©sultats. A la diffĂ©rence, pour Machiavel, l'action politique ne peut ĂȘtre jugĂ© que sur sa rĂ©alitĂ© et non sur ses potentialitĂ©s ou les intentions qui la fondent. Machiavel dĂ©finit le champ politique comme le lieu d'affrontement du destin fortuna et de la volontĂ© virtu. Le chef d'Etat doit incarner cette volontĂ© de dĂ©passement de la nĂ©cessitĂ©, le dĂ©passement des contraintes naturelles ou conjoncturelles. Un personnage en vue Avant tout, le chef de lâĂ©tat est un personnage public, il est sans cesse âen vueâd'autant plus dans nos dĂ©mocraties mĂ©diatiques, ou âmĂ©diacratieâ. Câest pour cette raison quâil doit maĂźtriser son image il doit donc paraĂźtre possĂ©der des qualitĂ©s quâil ne dĂ©tient pas forcĂ©ment. Ses dĂ©fauts seront cachĂ©s au public pour ne pas le dĂ©stabiliser. On voit Ă quel point ceci est moderne. Aujourdâhui, ce sont les conseillers en communication âspin doctorsâ qui gĂšrent lâimage des hommes politiques via des mĂ©thodes telles que l'analyse des sondages ou le media training, en tentant de les faire apparaĂźtre sous leur meilleur jour. Parce qu'il est en permanence sous le regard des autres, le politique de Machiavel doit dissimiler ses dĂ©fauts et feindre des qualitĂ©s qu'il ne dĂ©tient pas. Machiavel et la maĂźtrise de la vie politique Le chef de lâĂ©tat doit Ă©galement mettre sous contrĂŽle ses opposants. Machiavel prĂŽne Ă leur Ă©gard une politique de fermetĂ©. La dissidence doit ĂȘtre endiguĂ©e car elle est la racine de la rĂ©volte. Or, selon Machiavel, cela va de soi, le chef de lâĂ©tat nâa quâun seul but la conservation du pouvoir. En un mot la fin, lĂ aussi, justifie les moyens. Si le politique est menacĂ© par ses opposants, il ne doit pas s'empĂȘcher de les emprisonner. Ainsi, le trait dominant du âbonâ chef de lâĂ©tat, câest la âVIRTUâ, c'est-Ă -dire le contrĂŽle, la maĂźtrise de soi lâimage, de lâavenir le destin, de ses opposants la vie politique. Cette politique de contrĂŽle est, de nos jours, appelĂ©e RealPolitik. C'est loin du cynisme auquel Machiavel est souvent rĂ©duit âŠ
Bakounine Anarchisme, libertĂ©, L'Etat c'est le mal mais un mal historiquement nĂ©cessaire aussi nĂ©cessaire dans le passĂ© que le sera tĂŽt ou tard son extinction complĂšte, Pour comprendre le monde, descendre les marches, ne mords pas la main qui te nourrit, vous ĂȘtes plus libres que vous le pensez, dayofdoom, day of doom
Doit-on abolir LâEtat Lâhistoire a Ă©tĂ© marquĂ©e par des interrogations sur la place de lâEtat, sur son rĂŽle politique et social. LâEtat se dĂ©finit par un ensemble dâadministration, dâinstitutions censĂ©es rĂ©gler la vie en sociĂ©tĂ© par lâinstauration de lois pour Ă©viter que les hommes ne se nuisent entre eux. LâEtat est donc certes un bienfait pour lâhomme mais il constitue Ă©galement unecontraint. Est-ce Ă dire que lâEtat est un mal nĂ©cessaire ? Il sâagit donc ici dâarticuler les notions de moralitĂ©, que lâon peut dĂ©finir comme science du bien, et de la politique qui est lâart de gouverner la citĂ© antique ou lâEtat moderne aujourdâhui. LâEtat est-il nĂ©cessaire ? En quoi peut-il constituer un mal pour lâhomme ? De lĂ , peut-on en dĂ©duire que câest cette part » mauvaise » de lâEtat qui estnĂ©cessaire, ou nâest-ce pas plutĂŽt un autre de ses aspects qui lâest ? Nous sommes donc amenĂ©s Ă nous interroger sur la » lĂ©gitimitĂ© » de lâaccomplissement du mal par lâEtat. Ne peut-on pas concevoir un type dâEtat qui rĂ©pondrait Ă cette nĂ©cessitĂ© tout en Ă©vitant le mal ? Il faudra donc, dans un premier temps, sâinterroger sur ce qui peut rendre la mise en place dâun Etat nĂ©cessaire ; puis, dansun second temps, nous verrons dans quelle mesure lâEtat peut ĂȘtre jugĂ© bon ou mauvais et quelle est alors sa lĂ©gitimitĂ©. Enfin, nous nous pencherons sur les conditions de possibilitĂ© dâun Etat sans mal, ou du moins dâun Etat qui sâĂ©loignerait du mal. Lâanalyse de la nature humaine permet de justifier ou non la mise en place dâun Etat. Toutefois, les caractĂ©ristiques de lâhomme Ă lâĂ©tat denature diffĂšrent selon les philosophes qui les Ă©tudient. Cela aboutit-il pour autant Ă des conceptions diffĂ©rentes quant Ă la mise en place dâun Etat ou quant Ă la forme prise par celui-ci ? Pour Aristote, Lâhomme est un animal politique, autrement dit, lâhomme ne peut se concevoir que dans le cadre de la sociĂ©tĂ©. Pour les Anciens, le monde suit une hiĂ©rarchie, un ordre naturel. Lâessence prĂ©cĂšdelâexistence et chacun a une place dans le monde qui lui revient selon sa nature. Le mal, la violence procĂšde par consĂ©quent dâune atteinte Ă cet ordre. LâEtat apparaĂźt alors nĂ©cessaire pour faire respecter cet ordre naturel qui garantit la paix. Bossuet, un peu plus tard, propose une vision analogue de lâEtat Ă ceci prĂšs que cet ordre naturel est dâorigine divine. Dans les deux cas, lâEtat estlĂ©gitimĂ© par une transcendance la nature ou Dieu, ce qui sâoppose aux thĂ©oriciens du » contrat social » selon lesquels lâEtat tire sa lĂ©gitimitĂ© de la sociĂ©tĂ© elle-mĂȘme, de la nature de lâhomme. Il relĂšve donc dâune dĂ©cision des hommes, il est instituĂ©. En effet, Rousseau explique dans son Discours sur lâorigine et les fondements de lâinĂ©galitĂ© parmi les hommes 1755 que lâhomme est Ă lâĂ©tat de natureun ĂȘtre amoral qui vit seul. La non-satisfaction de ses besoins par la nature lâamĂšne alors Ă constituer une sociĂ©tĂ©. Ainsi, la sociĂ©tĂ© serait une provocation et non une vocation comme le sous-entend Aristote. Avec cette sociĂ©tĂ© apparaissent les passions, les rivalitĂ©s et les conflits entre les hommes. Lâinstauration dâun Etat lĂ©gislateur devient alors nĂ©cessaire. Pour Hobbes Le LĂ©viathan,lâhomme est un loup pour lâhomme. En effet, lâhomme a selon lui une propension naturelle Ă faire le mal et lâĂ©tat de nature est un Ă©tat de guerre permanente. LâEta apparaĂźt alors comme autoritĂ© pour rĂ©gler cette sociĂ©tĂ©, corriger lâhomme et lâempĂȘcher dâaccomplir la violence. Enfin, Locke, pour sa part, considĂšre la libertĂ© et lâĂ©galitĂ© comme des attributs, prĂ©-politiques de lâhomme. LâEtat est alorslĂ pour les prĂ©server. Lâinstauration dâun Etat semble donc ĂȘtre une Ă©tape indispensable Ă lâĂ©volution de toute sociĂ©tĂ©, ce qui est confirmĂ© par les utopies que constituent les sociĂ©tĂ©s sans Etat. En effet, les apologistes de lâanarchie que sont Proudhon et Bakounine considĂšrent lâEtat comme un mal en lui-mĂȘme qui nâest pas nĂ©cessaires. De mĂȘme la » dictature du prolĂ©tariat » prĂŽnĂ©e parâŠ
Enfait ce nâest pas lâĂ©tat qui est un mal nĂ©cessaire, câest particuliĂšrement lâabsence ou la dĂ©faillance de lâĂ©tat qui est une vraie malĂ©diction pour certains pays dans
Texte de Rousseau Ce quâil y a de plus nĂ©cessaire, et peut-ĂȘtre de plus difficile dans le gouvernement, câest une intĂ©gritĂ© sĂ©vĂšre Ă rendre justice Ă tous, et surtout Ă protĂ©ger le pauvre contre la tyrannie du riche. Le plus grand mal est dĂ©jĂ fait, quand on a des pauvres Ă dĂ©fendre et des riches Ă contenir. Câest sur la mĂ©diocritĂ© seule que sâexerce toute la force des lois ; elles sont Ă©galement impuissantes contre les trĂ©sors du riche et contre la misĂšre du pauvre ; le premier les Ă©lude, le second leur Ă©chappe ; lâun brise la toile, et lâautre passe au travers. Câest donc une des plus importantes affaires du gouvernement, de prĂ©venir lâextrĂȘme inĂ©galitĂ© des fortunes, non en enlevant les trĂ©sors Ă leurs possesseurs, mais en ĂŽtant Ă tous les moyens dâen accumuler, ni en bĂątissant des hĂŽpitaux pour les pauvres, mais en garantissant les citoyens de le devenir. Les hommes inĂ©galement distribuĂ©s sur le territoire, et entassĂ©s dans un lieu tandis que les autres se dĂ©peuplent ; les arts dâagrĂ©ment et de pure industrie favorisĂ©s aux dĂ©pens des mĂ©tiers utiles et pĂ©nibles ; lâagriculture sacrifiĂ©e au commerce ; le publicain rendu nĂ©cessaire par la mauvaise administration des deniers de lâĂtat ; enfin la vĂ©nalitĂ© poussĂ©e Ă tel excĂšs, que la considĂ©ration se compte avec les pistoles, et que les vertus mĂȘmes se vendent Ă prix dâargent ; telles sont les causes les plus sensibles de lâopulence et de la misĂšre, de lâintĂ©rĂȘt particulier substituĂ© Ă lâintĂ©rĂȘt public, de la haine mutuelle des citoyens, de leur indiffĂ©rence pour la cause commune, de la corruption du peuple, et de lâaffaiblissement de tous les ressorts du gouvernement » Rousseau, Discours sur lâĂconomie politique, 1755 Analyse du texte avec en italique les Ă©lĂ©ments critiques avec en surlignĂ© bleu les 4 Ă©lĂ©ments dâune introduction dâexplication de texte ; ces parenthĂšses ne doivent bien sĂ»r ne pas apparaĂźtre dans une introduction Si les hommes ont acceptĂ© de se soumettre Ă lâĂtat, câest parce quâil y avait avantage soit la protection, soit la libertĂ©. Le rĂŽle de lâĂtat est de faire en sorte que les libertĂ©s puissent coexister et que lâinĂ©galitĂ© naturelle des hommes sont compensĂ©e par une Ă©galitĂ© en droits et devant la loi. Pour certains penseurs libĂ©raux, lâĂtat doit sâarrĂȘter lĂ , nâassurer que lâordre et la justice, mais pour dâautres penseurs politiques, comme Marx , une Ă©galitĂ© formelle, en droits, nâest quâune façade sâil nây a pas Ă©galitĂ© matĂ©rielle, dâoĂč sa politique Ă©conomique dâabolition de la propriĂ©tĂ© privĂ©e. Aussi on peut se demander quelles doivent ĂȘtre les fonctions de lâĂtat et jusquâoĂč il se doit de corriger les inĂ©galitĂ©s? Câest le problĂšme dont traite ce texte Rousseau, dans cet extrait du Discours de lâĂ©conomie politique de 1755, objet de notre explication, soutient que lâĂtat ne doit pas se contenter de veiller Ă lâĂ©galitĂ© des droits et devant la loi, il doit aussi se prĂ©occuper des inĂ©galitĂ©s socio-Ă©conomiques. Câest la rĂ©ponse de lâauteur sur cette question Câest sur cette thĂšse que sâouvre aux lignes 1 et 2 sa rĂ©flexion, thĂšse justifiĂ©e par le lien Ă©troit entre Ă©galitĂ© en droits et Ă©galitĂ© de fait, soulignĂ© aux lignes 2 Ă 4. Excluant un certain type de politique aux lignes 4 Ă 7, il va proposer des mesures Ă la fois Ă©conomiques, politiques et morales pour prĂ©venir ses inĂ©galitĂ©s menaçant les droits et devoirs de chacun. Câest le plan du texte qui sera le plan de lâexplication du texte Tout en explicitant sa position, nous pourrons nous demander si elle est justifiĂ©e et suffisante. ce sera lâaxe critique de lâexplication â Lâextrait sâouvre donc aux lignes 1 et 2 sur une dĂ©finition des missions de lâĂtat. Elles ont prĂ©sentĂ© comme difficiles Ă remplir et comme ce quâil y a de plus nĂ©cessaire ». Le nĂ©cessaire, câest ce qui ne peut pas ne pas ĂȘtre , ce qui sâoppose au contingent. On peut donc penser que pour Rousseau quâelles dĂ©coulent de la nature mĂȘme de lâĂtat. Câest ce quâon comprend bien pour la premiĂšre des missions. Si les hommes ont acceptĂ© de se soumettre Ă lâautoritĂ© de lâĂtat , câest parce quâil le jugeait nĂ©cessaire, pour mettre un terme aux rapports de force fondĂ©s sur lâinĂ©galitĂ© câĂ©tait lâhypothĂšse de Hobbes ou pour que chacun soit protĂ©gĂ© par la force commune ce sera lâhypothĂšse de Rousseau en 1762 dans son Contrat. Dans les deux cas, il faut quâil y ait Ă©galitĂ© devant la loi, pour que personne ne soit lĂ©sĂ© et chacun Ă©galement protĂ©gĂ©. Par contre concernant la seconde mission, protĂ©ger le pauvre contre la tyrannie du riche », on peut penser que cette mission nâest pas directement Ă la charge de lâĂtat. Si le riche est Ă©gal devant la loi et en droits avec le pauvre, alors la lâĂ©galitĂ© et par lĂ la justice associĂ©e naturellement au droit et Ă lâĂ©galitĂ© rĂšgne. LâĂ©galitĂ© devant la loi prĂ©vient, justement de cette tyrannie » du riche. Un tyran est celui qui exerce de maniĂšre abusive son pouvoir et qui surtout est au dessus des lois quâil impose aux autres. Sous un Ătat juste, il nây a pas de tyran, tout le monde obĂ©it Ă la loi et personne nâest au-dessus des lois. Donc corriger lâinĂ©galitĂ© Ă©conomique ne semble pas nĂ©cessaire, lâĂ©galitĂ© devant la loi annule en quelque sorte le jeu des forces entre le fort et le faible. On peut cependant noter que sur ce point Marx sera au XIXĂšme siĂšcle moins affirmatif, les dominants Ă©conomiquement Ă©tant aussi ceux qui dĂ©tiennent le pouvoir et la justice nâest alors que la dĂ©fense de leur intĂ©rĂȘt Ă©rigĂ© en intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Mais mĂȘme si Rousseau ne va pas jusquâĂ cette analyse marxiste, il souligne que la seconde mission est tout aussi nĂ©cessaire que la premiĂšre et mĂȘme que la premiĂšre ne peut ĂȘtre remplie sans la seconde. â En effet, aux lignes 2 Ă 4, il explicite cette tyrannie. Quand il y a inĂ©galitĂ©, câest seulement sur la mĂ©diocritĂ© » que les lois ont force de lois. La mĂ©diocritĂ©, câest ici lâĂ©tat de ce qui se situe dans la moyenne, câest lâĂ©tat de fortune moyen. Cette classe moyenne, dirait-on aujourdâhui, nâĂ©chappe pas aux lois, par contre les classes riches et pauvres y Ă©chappent. Les riches avec leur trĂ©sor » ,ils sont capables de passer au travers des filets de la loi brise la toile » soit parce quâils peuvent sâautoriser Ă la transgresser en payant les amendes si nĂ©cessaires ou Ă les Ă©viter en achetant des passe-droits, en trouvant bien conseillĂ©s des vides juridiques ou des moyens de la contourner ou dâattĂ©nuer son effet. Les pauvres eux, vivants en marge de la sociĂ©tĂ© , sans logis, sans biens, sont difficiles Ă contrĂŽler, arrĂȘter ou il est difficile de leur donner ce que la loi leur octroie. Donc les uns et les autres Ă©chappent aux lois, ce qui crĂ©e une inĂ©galitĂ© devant la loi vis-Ă -vis des autres citoyens et entre eux. Donc sâil y a inĂ©galitĂ©s socio-Ă©conomiques; lâĂtat ne peut rendre justice Ă tous et il revient donc Ă lâĂtat de prendre en main ses inĂ©galitĂ©s et dâĂ©laborer une politique en ce sens. Mais laquelle? â Rousseau exclut aux lignes 4 Ă 7 , 2 types de mesures qui se recoupent et qui pourraient se rĂ©sumer ainsi prendre aux riches pour donner aux pauvres, ce que soutiennent certaines politiques modernes dâinspiration communiste ou anti-capitaliste. Pour Rousseau, câest exclu. En ce qui concerne les pauvres, câest parce quâil rejette lâidĂ©e dâun simple assistanat pansant les plaies Ă lâhĂŽpital ou Ă lâhospice qui accueillait malades et pauvres de la misĂšre, sans la corriger pour autant. Il semble plutĂŽt en appeler Ă une politique prĂ©ventive qui empĂȘchent les inĂ©galitĂ©s de naĂźtre ou de se creuser, dâoĂč le refus de lâaccumulation de richesse, si sâenrichir nâest pas empĂȘchĂ©. En ce qui concerne les riches, on peut imaginer diffĂ©rentes raisons Ă son refus de les dĂ©possĂ©der respect de la libertĂ© dâentreprendre et de sâenrichir, principe dâĂ©galitĂ© on ne peut dĂ©savantager les uns au dĂ©triment des autres, influence de la thĂ©orie de la main invisible dâAdam Smith selon laquelle lâenrichissement des riches bien quâĂ©goĂŻste travaille malgrĂ© eux Ă hausser le niveau, lâidĂ©e que la richesse peut ĂȘtre le fruit lĂ©gitime du travail, etcâŠEn tout cas, lâĂtat ne se doit pas pour autant de se retirer de lâĂ©conomie et de laisser ses lois rĂ©tablir lâĂ©quilibre, il doit intervenir mais pas Ă la maniĂšre dâun Ătat providence, comme il est apparu dans la pĂ©riode moderne. â Aux lignes 7 Ă 12 en exposant les causes de ces inĂ©galitĂ©s, Rousseau indique implicitement la politique qui lui semblerait adĂ©quate. Il sâagit dâune vĂ©ritable politique gĂ©nĂ©rale, touchant aussi bien au plan de lâorganisation du territoire pour Ă©viter la surpopulation et lâexode et donc la raretĂ© du travail ou la non-exploitation de certaines richesse, quâau plan politique avec une meilleure gestion de lâargent publique et Ă©viter les prĂ©lĂšvements le publicain Ă©tant celui qui relĂšve lâimpĂŽt, quâau plan de la politique Ă©conomique en veillant Ă lâĂ©quilibre entre les diffĂ©rents secteurs primaire agriculture et artisanat et secondaire industrie et en contrĂŽlant le commerce et mĂȘme au plan des mĆurs, que lâargent et les arts dâagrĂ©ment pervertissent en dĂ©tournant de la vertu. On retrouve ici une idĂ©e dĂ©jĂ prĂ©sente chez Aristote du danger de la volontĂ© dâaccumuler lâargent pour lâargent, qui dâun moyen de lâĂ©change, en devient le but; ou chez Saint-Thomas dâAquin qui voit dans lâĂ©pargne un mauvais mĂ©susage de lâargent. Quant Ă la dissolution des mĆurs par les arts, Rousseau y a consacrĂ© un discours en 1750 pour dĂ©noncer leur effets amollissants et pervers. LâĂ©tat se doit donc de faire en sorte que les inĂ©galitĂ©s nâapparaissent pas ou sont rĂ©duites et que le profit ne soit pas le seul moteur de la sociĂ©tĂ© quâil administre. Les derniĂšres lignes du texte souligne Ă quel point il est nĂ©cessaire aussi bien quâen un sens un devoir de lâĂtat que dâavoir cette politique gĂ©nĂ©rale sans laquelle non seulement les lois ne peuvent sâappliquer Ă tous, mais mĂȘme sans lesquelles elles ne peuvent ĂȘtre ce quâelles doivent Ă savoir lâexpression de la volontĂ© gĂ©nĂ©rale au nom de lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, comme le soulignera Du contrat social. Les inĂ©galitĂ©s socio-Ă©conomiques crĂ©ent des intĂ©rĂȘts divergents, contradictoire qui ne peuvent ĂȘtre concilier dans une volontĂ© commune, elles font que les hommes ne pensent quâĂ leur intĂ©rĂȘt privĂ© on peut ici au matĂ©rialisme mĂ©diocre des hommes dans les dĂ©mocraties modernes dĂ©noncĂ© par Tocqueville qui laisse au nom de lâĂ©galitĂ© et de la sĂ©curitĂ© des corps et des pieds sâinstaller une nouvelle forme de despotisme paternelet dĂ©daignent lâintĂ©rĂȘt commun, au nom duquel ils devraient ĂȘtre capables de sacrifier leur intĂ©rĂȘts personnels et elles font enfin que mĂȘme les gouvernants ne sont plus intĂšgres, eux-mĂȘmes corrompus ou expression de cette domination de lâargent et de la richesse , comme le dĂ©noncera Marx. Nous avons donc vu que Rousseau attendait de lâEtat une Ă©galitĂ© en droit mais aussi une rĂ©duction des inĂ©galitĂ©s de fait par une vĂ©ritable politique socio-Ă©conomico-politico-morale. On peut juger quâici lâĂtat outrepasse sa mission, et porte atteinte aux libertĂ©s individuelles, ou quâil se contente de rĂ©duire, ce qui devrait ĂȘtre Ă©liminĂ©; en tout cas, la position de Rousseau dessine une politique Ă la fois soucieuse dâune Ă©conomie florissante mais encadrĂ©e par lâĂtat et lâidĂ©e quâune dĂ©mocratie, câest dâabord une sociĂ©tĂ© quâil faut sâefforcer de dĂ©river vers le luxe, le superflu et le triomphe de lâargent est intĂ©ressante, mĂȘme si, lĂ encore, on peut juger que ce nâest pas Ă lâĂtat dâĂ©duquer les hommes, et que Rousseau confond 2 domaines Ă distinguer la politique et la morale, pour permettre au politique de ne pas ĂȘtre angĂ©lique et inefficace comme le soulignait Machiavel et aux hommes dâĂȘtre libre dans leur vie privĂ©e. BOUDON, BOURDIEU par seko-eco
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l etat est il un mal nécessaire