ï»żLÉtat : un bien nĂ©cessaire C'est un fait qu'historiquement l'histoire de la succession des rĂ©gimes et des gouvernements semble n'ĂȘtre que l'histoire de l'inĂ©galitĂ©, de la servitude 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID SpLxgVGy-WY-67qcq2vC8HDFsU6qhh1Wt5ItYilF7nC_df3iok0iNg== citation1 L' Etat, c' est le mal, mais un mal historiquement nĂ©cessaire, aussi nĂ©cessaire dans le passĂ© que le sera tĂŽt ou tard son extinction complĂšte. La LibertĂ© de MikhaĂŻl
L’État est-il un mal nĂ©cessaire ?", un vaste sujet qui sera le thĂšme du prochain atelier-philo animĂ© par Alban Collin. Dans chaque atelier organisĂ© par Ballade philosophique, Alban Collin permet aux participants d'engager un dialogue ouvert sur le sujet du jour. Cette semaine, c'est le rĂŽle de l'État qui sera examinĂ© Ă  la loupe. Chacun aimerait faire ce qui lui plaĂźt quand il en a envie mais, la plupart du temps il se heurte Ă  la loi qui rĂ©glemente, interdit et parfois punit. En prenant la peine d'y rĂ©flĂ©chir, chacun peut Ă©galement admettre que l'obĂ©issance aux lois est une nĂ©cessitĂ© pour Ă©viter l'anarchie qui ne manquerait pas de s'installer si les uns et les autres suivaient leurs propres impulsions. L'État, bien compris, est-il un bien nĂ©cessaire, dans la mesure oĂč il permet aux hommes de vivre en libertĂ© et de se conduire d'une maniĂšre digne de l'humanitĂ© ? À la Maison du Temps Libre, mercredi 18 janvier de 20 h Ă  21 h 30. Participation, autour d’une boisson chaude, 3 €. Renseignements au 06 08 84 16 99.

Alorsfaut-il en conclure que l'État est un mal en tant qu'il nous empĂȘche d'ĂȘtre libre, mais qu'il est un mal nĂ©cessaire, dont nous ne saurions nous dispenser si nous

ILa sociĂ©tĂ© avant la crĂ©ation de l'État ALa sociĂ©tĂ© et son existence Ă  l'Ă©tat de nature En effet, selon Aristote, la famille est une "sociĂ©tĂ© naturelle" qui existe avant l'État. Plus prĂ©cisĂ©ment, la famille est la forme Ă©lĂ©mentaire de la sociĂ©tĂ©, formĂ©e de l'union d'un homme le chef de famille et d'une femme avec leurs enfants. Ainsi, la sociĂ©tĂ© serait naturelle, puisqu'elle correspond Ă  l'union des sexes en vue de la reproduction de l'espĂšce. L'homme est naturellement un animal Politique, trad. Jules Tricot, Paris, Ă©d. Vrin, coll. "BibliothĂšque des Textes philosophiques" 1995Pour Aristote, il est dans la nature de l'homme de vivre au sein d'une sociĂ©tĂ©. D'ailleurs, selon lui, un homme qui ne vivrait pas en sociĂ©tĂ© ne serait pas pleinement un homme il serait soit un sous-homme, soit un surhomme, c'est-Ă -dire un dieu. La sociĂ©tĂ© est le rĂ©sultat d'un processus naturel d'expansion de la famille. Il existe en effet plusieurs stades dans la socialisation Le premier stade est la famille, qui vise la procrĂ©ation et la vie quotidienne. Le deuxiĂšme stade est le village une communautĂ© formĂ©e de plusieurs familles qui est gouvernĂ© par un chef et qui procĂšde d'une sorte d'extension du lien familial. Le troisiĂšme stade est la citĂ©, ou polis, une communautĂ© achevĂ©e formĂ©e de plusieurs villages, dont le bien visĂ© n'est pas seulement de vivre, mais de bien vivre. L'homme s'insĂ©rerait donc naturellement dans ces diffĂ©rents niveaux de la vie en commun. Il faut toutefois distinguer les notions de communautĂ© et de sociĂ©tĂ© La communautĂ© correspond Ă  une forme d'organisation plus traditionnelle, dans laquelle l'individu est encadrĂ© par la famille ou la corporation. Les membres d'une communautĂ© partagent un mode de vie commun, une mĂȘme vision du monde. La sociĂ©tĂ© rassemble des individus obĂ©issant aux mĂȘmes rĂšgles, sans pour autant partager un mode de vie ni des objectifs communs. Elle repose sur un pacte ou une convention volontairement formĂ©e par ses membres afin de poursuivre leurs objectifs individuels. Historiquement, le clan dĂ©fini par les liens de parentĂ© naturelle et par les rĂšgles de l'alliance a prĂ©cĂ©dĂ© la famille. Celle-ci est issue d'une division du peuple et associĂ©e Ă  l'usage d'un nom particulier. Ce nom est commun Ă  tous les membres de la famille. Il est dĂ©fini par des rĂšgles de transmission prĂ©cises pour chaque type de sociĂ©tĂ© ainsi que l'a montrĂ© LĂ©vi-Strauss dans ses Structures Ă©lĂ©mentaires de la parentĂ©. Les rĂšgles en usage dans le clan, en particulier le mode de transmission du nom transmission par le pĂšre ou par la mĂšre, se maintiennent dans la famille. La seule "sociĂ©tĂ© naturelle", au sens oĂč Aristote l'entend, serait la horde primitive dont parle Darwin, et oĂč aucune rĂšgle n'existe en dehors des nĂ©cessitĂ©s de la vie. Tout y est "nature", mais il n'y a pas encore de famille ni mĂȘme de clan. BL'idĂ©e du contrat social La sociĂ©tĂ© est l'union de diffĂ©rentes familles en vue du bien commun. Le bien commun recouvre ce que l'AntiquitĂ© dĂ©finit comme l'objet mĂȘme de la vie en sociĂ©tĂ©. Selon Aristote, l'homme Ă©tant "l'animal politique", il ne peut que vouloir le bien qui est le mĂȘme pour tous la justice. Le mot latin societas signifie "association". Ainsi se forme l'idĂ©e selon laquelle la sociĂ©tĂ© n'est pas "naturelle" mais rĂ©sulte d'une convention passĂ©e entre des individus isolĂ©s. C'est Du contrat social de Rousseau, Ă©crit en 1762, qui Ă©tend l'idĂ©e de contrat Ă  la sociĂ©tĂ© entiĂšre. On sort de l'Ă©tat de nature et on entre en sociĂ©tĂ© par le contrat social. Contractualisme Le contractualisme est un courant de philosophie politique selon lequel l'origine de la sociĂ©tĂ© est un contrat passĂ© entre les hommes, par lequel ceux-ci acceptent une limitation de leur libertĂ© en Ă©change de lois garantissant la perpĂ©tuation du corps une forme d'association qui dĂ©fende et protĂšge de toute la force commune la personne et les biens de chaque associĂ©, et par laquelle chacun s'unissant Ă  tous n'obĂ©isse pourtant qu'Ă  lui-mĂȘme et reste aussi libre qu'auparavant. Tel est le problĂšme fondamental dont le contrat social donne la contrat social, Paris, Ă©d. GF Flammarion 2011Rousseau prĂ©sente l'idĂ©e du contrat social comme une fiction quelque chose qui est nĂ©cessaire pour penser la sociĂ©tĂ©, mais qui n'a peut-ĂȘtre jamais existĂ© dans les faits. La reprĂ©sentation du contrat social appartient en fait Ă  une Ă©tape de l'histoire oĂč le lien familial a dĂ©jĂ  "Ă©clatĂ©" sous la pression du dĂ©veloppement Ă©conomique les individus vont vivre dans des lieux diffĂ©rents pour exercer leurs activitĂ©s. John Locke gĂ©nĂ©ralise le contrat, fondement de la sociĂ©tĂ©, Ă  la famille elle-mĂȘme. Selon lui, les enfants qui reçoivent de leurs parents Ă©ducation et protection s'engagent en contrepartie, par un contrat tacite consenti sans le savoir, Ă  les soutenir et les nourrir lorsque ceux-ci seront vieux. Pour les "classiques" des XVIIe et XVIIIe siĂšcles, tout est contrat ou devrait l'ĂȘtre. Le contrat assure la mĂȘme transparence dans la sociĂ©tĂ© que le commerce ou l'Ă©change. Il n'y a pas besoin, sauf pour "gendarmer" la sociĂ©tĂ©, d'État pour la superviser ou la rĂ©guler. Le contrat suffit. CLa vie sociale, un paradoxe À la fin du XVIIIe siĂšcle, Emmanuel Kant parle de l'insociable sociabilitĂ© de l'homme malgrĂ© leur individualisme "naturel", les hommes sont poussĂ©s Ă  nouer des relations sociales grĂące Ă  leur esprit de concurrence. Ils ne peuvent pas s'empĂȘcher, par amour-propre, d'entrer en compĂ©tition avec les autres, bien que leur dĂ©sir premier soit d'ignorer les autres. Ils se sentent, comme l'a soulignĂ© Jean-Jacques Rousseau, dĂ©naturĂ©s, c'est-Ă -dire loin de l'"Ă©tat de nature" oĂč ils vivaient seuls, tout en ayant besoin de la sociĂ©tĂ© pour se comparer aux autres. Le moyen dont la Nature se sert pour mener Ă  bien le dĂ©veloppement de toutes les dispositions [des hommes] est leur antagonisme au sein de la SociĂ©tĂ©. J'entends ici par antagonisme l'insociable sociabilitĂ© des hommes, c'est-Ă -dire leur inclination Ă  entrer en sociĂ©tĂ©, inclination qui est cependant doublĂ©e d'une rĂ©pulsion gĂ©nĂ©rale Ă  le d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, trad. Luc Ferry, Paris, Ă©d. Folio 2009Dans la piĂšce Huis clos de Jean-Paul Sartre, trois personnages que leurs fautes ont conduits en enfer tentent d'y trouver au moins la solitude. Mais le dĂ©sir de parler d'eux et l'ennui les poussent Ă  se rapprocher des autres, quitte Ă  souffrir toujours davantage de leur confrontation, et ceci Ă©ternellement. À la fin, l'un d'eux dĂ©clare "L'enfer, c'est les autres". Ainsi, il est Ă  la fois insupportable de vivre avec les autres et impossible de vivre sans eux. Le "contrat social" peut ainsi ĂȘtre vu comme la contrainte paradoxale qui pousse les hommes Ă  vivre en sociĂ©tĂ© contrairement Ă  leur dĂ©sir. S'il est considĂ©rĂ© par Jean-Jacques Rousseau lui-mĂȘme comme une fiction, c'est qu'il demande Ă  ĂȘtre interprĂ©tĂ©. L'homme abandonne, par le contrat, tous ses droits naturels en Ă©change des "droits civils", mais rien ne dit qu'il en soit satisfait, notamment s'il agit en raison de la peur. NĂ©anmoins, ce dernier sentiment est moins dĂ©terminant, chez Rousseau, que celui de la sĂ©curitĂ©, en raison des dangers qui ont suivi l'abandon de l'Ă©tat de nature par l'homme La sociĂ©tĂ© est inĂ©vitable, mĂȘme si l'homme ne s'y sent pas toujours bien. À l'Ă©tat de nature, l'homme est en famille, mais mĂȘme s'il a du mal Ă  vivre avec les autres, il entre dans la sociĂ©tĂ© car il a besoin de se comparer Ă  eux. L'État va s'imposer pour tenter d'attĂ©nuer ce paradoxe et rendre Ă  l'Homme ce qu'il a perdu en vivant en sociĂ©tĂ©. IIL'État garant de la sociĂ©tĂ© État On appelle État le cadre juridique de la sociĂ©tĂ©, dĂ©fini par le droit public, la Constitution. Cette derniĂšre est la source, par le biais des institutions qui la mettent en Ɠuvre gouvernement, Parlement, des lois et rĂšgles de la vie sociale. ALa crĂ©ation de l'État pour protĂ©ger la sociĂ©tĂ© Si pour certains philosophes comme Rousseau, "l'Ă©tat de nature" est un Ă©tat de paix et de solitude, il est plus souvent perçu comme une situation de guerre perpĂ©tuelle. Pour Thomas Hobbes par exemple, l'Ă©tat naturel de l'homme est l'Ă©tat de la guerre de tous contre tous oĂč la loi du plus fort rĂšgne. Il Ă©crit d'ailleurs que "l'homme est un loup pour l'homme". Ainsi, l'Ă©tat naturel est un Ă©tat de peur pour l'homme qui craint pour sa vie et celle de sa famille. Il n'est pas en sĂ©curitĂ©. Il n'y a qu'une maniĂšre de sortir de cet affrontement gĂ©nĂ©ral la crĂ©ation de l'État. Les hommes passent ensemble une convention ou un pacte par lequel ils dĂ©lĂšguent tous ensemble leur force naturelle Ă  l'État. Ils renoncent Ă  leur force et acceptent de laisser l'État se charger de leur protection. Selon Hobbes, la sociĂ©tĂ© a donc Ă©tĂ© instituĂ©e afin de prĂ©server la survie des hommes. Cette vision est aussi celle de Machiavel pour qui le "Prince", le Souverain, gouverne par la peur qu'il inspire, mais aussi par la ruse. En vertu du pouvoir confĂ©rĂ© par chaque individu dans l'État, il dispose de tant de puissance et de force assemblĂ©es en lui que, par la terreur qu'elles inspirent, il peut conformer la volontĂ© de tous en vue de la paix Ă  l'intĂ©rieur et de l'entraide face aux ennemis de l' Paris, Ă©d. Gallimard, GĂ©rard Mairet 2000En considĂ©rant tous les hommes comme des loups, Thomas Hobbes nie l'innocence des agneaux. Il ne croit pas Ă  la puretĂ© naturelle ni au "bon sauvage" de Jean-Jacques Rousseau. Dans le LĂ©viathan, Thomas Hobbes voit dans la crĂ©ation de l'État la moins mauvaise des solutions la transformation du loup en chien soumis qui, reconnaissant le pouvoir absolu de son maĂźtre, renonce Ă  la violence de l'Ă©tat de nature et s'en protĂšge. L'État permet alors de protĂ©ger la sociĂ©tĂ©. BL'État pour apporter la libertĂ© et la justice Ă  la sociĂ©tĂ© L'État est la structure qui permet d'apporter la libertĂ© et la justice Ă  la sociĂ©tĂ©. En 1821, dans ses Principes de la Philosophie du droit, Hegel prĂ©sente l'État comme la plus haute des institutions. Selon lui, il permet de rĂ©aliser le plus haut degrĂ© de la libertĂ©, il est "Dieu sur terre". Hegel le prĂ©sente comme l'arbitre des rivalitĂ©s entre familles ou des luttes entre classes sociales. Il parle de la "classe universelle", les fonctionnaires, qui poursuivent une entreprise universelle la justice, qui coĂŻncide avec la libertĂ©. L'État est mĂȘme "au-dessus" de la famille et de la sociĂ©tĂ© civile parce que son droit le droit public ou constitutionnel est le plus Ă©levĂ© c'est le droit qui permet aux individus d'acquĂ©rir la libertĂ© et la justice. L'État est la rĂ©alitĂ© effective de la libertĂ© Wilhelm Friedrich HegelPrincipes de la philosophie du droit, Grundlinien der Philosophie des Rechts, trad. Jean-Louis Vieillard-Baron, Paris, Ă©d. GF-Flammarion n° 664 1999Les mots "effective" et "concrĂšte" soulignent, chez Hegel, que l'État est bien plus qu'un concept. Étant dĂ©fini par le droit la Constitution, l'État est, comme toute rĂ©alitĂ© juridique, "libertĂ© rĂ©alisĂ©e". Le droit privĂ©, le droit des personnes, rĂ©alise aussi la libertĂ© c'est le cas dans la propriĂ©tĂ© qui rĂ©alise la libertĂ© individuelle, ou encore celle du commerce et de l'Ă©change dans la sociĂ©tĂ© civile. Il y a Ă©galement un droit familial. Toutefois le droit de l'État est au-dessus de tous les autres, parce qu'il garantit ce que nous appelons les libertĂ©s publiques, communes Ă  tous les citoyens aller et venir, penser et s'exprimer librement, pratiquer une religion.L'État tend Ă  protĂ©ger la sociĂ©tĂ© et Ă  lui apporter la libertĂ©, il est nĂ©cessaire pour dĂ©passer la violence. Toutefois, il peut Ă©galement ĂȘtre facteur d'injustice, suscitant des rĂ©voltes individuelles ou sociales lĂ©gitimes. Si l'État s'impose Ă  la sociĂ©tĂ©, celle-ci peut aussi s'opposer Ă  l'État et entretient avec lui des rapports complexes. IIILes rapports complexes entre sociĂ©tĂ© et État AL'État, une forme d'oppression sur la sociĂ©tĂ© Alors qu'il peut apporter protection et libertĂ©, l'État a souvent Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme une source d'oppression. Au fur et Ă  mesure que les États se sont agrandis - passant de la citĂ© grecque, par exemple, Ă  l'Empire d'Alexandre le Grand, ensuite de CĂ©sar ou de NapolĂ©on - ils sont devenus plus autoritaires, Ă©crasants par rapport aux populations. LĂ  oĂč l'État n'est pas un empire, il cherche Ă  le devenir comme en Allemagne nazie ou en Russie soviĂ©tique et ses chefs deviennent des dictateurs. George Orwell, dans son roman 1984, a mĂȘme imaginĂ© un systĂšme dont on ne connaĂźt pas le chef, "Big Brother", mais auquel tous les individus sont soumis par la est le plus froid des monstres parlait Zarathoustra. Un livre pour tous et pour personne, Also sprach Zarathustra. Ein Buch fĂŒr Alle und Keinen, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, Paris, Ă©d. Le Livre de Poche, coll. "Classiques" 1972Pour lutter contre un État oppressif, l'homme peut toutefois se rebeller. Antigone Dans la tragĂ©die antique Antigone de Sophocle, Antigone est une jeune fille rĂ©voltĂ©e contre la loi de la citĂ© c'est-Ă -dire l'État reprĂ©sentĂ©e par son oncle CrĂ©on ses deux frĂšres s'Ă©tant entretuĂ©s au cours d'une bataille pour le pouvoir, l'un d'eux a Ă©tĂ© privĂ© de sĂ©pulture par CrĂ©on. Antigone veut l'enterrer religieusement. Dans cet exemple, Hegel voit le conflit du droit familial, reprĂ©sentĂ© par Antigone, et du droit de l'État, reprĂ©sentĂ© par CrĂ©on. Non seulement la jeune fille ne reconnaĂźt pas le droit de l'État, mais elle invoque Ă©galement des valeurs sacrĂ©es, lĂ©gitimes pour Hegel parce qu'elles sont au-dessus de l'État sĂ©paration des trois pouvoirs, exĂ©cutif, lĂ©gislatif et judiciaire, vise Ă  attĂ©nuer l'absolutisme de l'État et donc Ă  attĂ©nuer les possibilitĂ©s d'oppression. Selon Montesquieu, qui l'Ă©crit dans De l'esprit des lois 1748, "le pouvoir arrĂȘte le pouvoir" cela sous-entend que le pouvoir doit ĂȘtre divisĂ© car ainsi plusieurs pouvoirs s'affrontent et une balance peut ĂȘtre trouvĂ©e. L'indĂ©pendance de la justice est particuliĂšrement importante afin que l'État reste un "État de droit" oĂč un chef ne puisse plus dire, Ă  l'instar de Louis XIV "L'État, c'est moi" en monopolisant et en concentrant les pouvoirs sur sa dĂ©mocratie, le pouvoir appartient au peuple. Le pouvoir lĂ©gislatif ne peut ĂȘtre exercĂ© par le gouvernement lui-mĂȘme. Il suppose la reprĂ©sentation par un Parlement issu d'Ă©lections libres. Ce systĂšme de sĂ©paration des pouvoirs dĂ©finit la dĂ©mocratie par opposition Ă  la dictature. La souverainetĂ© populaire s'oppose ainsi Ă  la souverainetĂ© nationale, qui peut ĂȘtre reprĂ©sentĂ©e par un seul. La souverainetĂ© le principe du pouvoir n'est pas le gouvernement. BL'État contre la sociĂ©tĂ© le totalitarisme L'oppression de l'État sur la sociĂ©tĂ© peut se transformer en vĂ©ritable totalitarisme. Le pouvoir est alors dans les mains d'un seul dictateur. Tous les exemples d'États totalitaires dans l'histoire supposent l'acceptation d'une partie de la sociĂ©tĂ©. Cela s'explique car la tentation est grande pour les hommes de s'en remettre Ă  la seule autoritĂ© de l'État, dont on a vu qu'elle les protĂšge d'eux-mĂȘmes en tant qu'ĂȘtres potentiellement violents. Les historiens soulignent que si Hitler a lĂ©galement accĂ©dĂ© au pouvoir dans l'Allemagne de 1933, c'est qu'il satisfaisait les dĂ©sirs de revanche d'une "petite-bourgeoisie" ruinĂ©e par la "grande crise" de 1929 et aussi ceux d'un peuple "humiliĂ©" par la dĂ©faite de la PremiĂšre Guerre "totalitaire" est un État maximal qui concentre toute l'autoritĂ© au point de rĂšglementer lui-mĂȘme la sociĂ©tĂ©, l'Ă©conomie et les libertĂ©s publiques. Ces derniĂšres tendent Ă  disparaĂźtre du fait du poids de la censure et de la police. Les juges eux-mĂȘmes ne sont pas indĂ©pendants. Le totalitarisme rejette toute forme de contrat social et de contrĂŽle du gouvernement par le peuple ou ses reprĂ©sentants. CLa "sociĂ©tĂ© ouverte" pour lutter contre le pouvoir de l'État le libĂ©ralisme Le philosophe Karl Popper oppose au totalitarisme le concept de sociĂ©tĂ© ouverte. La sociĂ©tĂ© ouverte est la sociĂ©tĂ© "libĂ©rale" dans laquelle l'État ne joue qu'un rĂŽle minimal, le rĂŽle sĂ©curitaire. Le libĂ©ralisme "anglo-saxon" dont parle John Locke valorise le commerce et le droit privĂ©. Les individus, sujets de droit Ă  part entiĂšre, ne peuvent que s'Ă©panouir dans le "libre-Ă©change" que populariseront par la suite Jeremy Bentham et Stuart Mill. Les nations s'Ă©panouissent par le commerce, qui ne doit connaĂźtre aucune entrave. La sociĂ©tĂ© comme l'Ă©change reposant sur un contrat, le droit privĂ© suffit, l'État est Ă  peine nĂ©cessaire, sauf sur le plan pĂ©nal, afin que les contrats et la sĂ»retĂ© individuelle soient respectĂ©s. Pour les penseurs libĂ©raux, le "contrat social" est la sociĂ©tĂ© elle-mĂȘme. L'État n'est que le produit d'un contrat parmi d'autres un "contrat de gouvernement" et les gouvernants peuvent ĂȘtre rĂ©voquĂ©s par le peuple s'ils ne donnent pas satisfaction. L'État "libĂ©ral" est un État minimal qui assure la sĂ©curitĂ© sans gĂȘner le libre-Ă©change qu'il favorise le plus possible. La justice est supposĂ©e en rĂ©sulter "automatiquement" en vertu du principe de la "main invisible" de Smith. L'État, selon mes idĂ©es, est une sociĂ©tĂ© d'hommes instituĂ©e dans la seule vue de l'Ă©tablissement, de la conservation et de l'avancement de leurs intĂ©rĂȘts sur la tolĂ©rance, trad. John Locke, Paris, Ă©d. PUF, coll. "Quadrige" 2006Comme son nom l'indique, le libĂ©ralisme prĂ©fĂšre la libertĂ© Ă  la justice, ou plutĂŽt il pense qu'elles peuvent coĂŻncider, Ă  condition que l'État remplisse exactement son rĂŽle. La sociĂ©tĂ© ouverte et l'État peuvent, selon John Rawls dans sa ThĂ©orie de la justice, s'accommoder de certaines injustices et inĂ©galitĂ©s. Ainsi, une rĂ©partition inĂ©galitaire des biens entre les individus est acceptable si les individus qui bĂ©nĂ©ficient du moins de biens dans ce modĂšle de sociĂ©tĂ© disposent tout de mĂȘme de plus de biens que s'ils se trouvaient dans un peut intervenir dans le domaine de la propriĂ©tĂ© individuelle expropriation mais seulement si c'est en faveur des individus dĂ©favorisĂ©s intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et sans lĂ©ser les libĂ©ralisme est trĂšs critiquĂ© et remis en question aujourd'hui, avec la crise. On lui reproche notamment de donner tous les pouvoirs au monde de la finance, devant laquelle mĂȘme les États semblent impuissants, la gouvernance semblant s'ĂȘtre dĂ©placĂ©e du politique au financier, et de l'État Ă  l'international. La question de la monnaie, en particulier, gouverne les Ă©changes entre les États eux-mĂȘmes mais est gĂ©rĂ©e au niveau Banque centrale europĂ©enne BCE est indĂ©pendante des États europĂ©ens. Elle fixe librement la crĂ©ation de la monnaie ainsi que les taux d'intĂ©rĂȘt, avantageant ou dĂ©savantageant indirectement tel ou tel État inflation ce qui peut fragiliser la cohĂ©sion europĂ©enne comme on l'a vu au moment de la crise grecque "Grexit". DDes sociĂ©tĂ©s rejetant l'État Dans son livre La SociĂ©tĂ© contre l'État, l'ethnologue Pierre Clastres, ayant observĂ© diffĂ©rentes "sociĂ©tĂ©s premiĂšres" d'Amazonie, affirme que ces sociĂ©tĂ©s n'ignorent pas l'État comme on l'a toujours pensĂ©, mais le rejettent. Ce sont des sociĂ©tĂ©s qui font le choix de se passer d'État. L'histoire des peuples sans histoire [c'est-Ă -dire gĂ©ographiquement indĂ©pendantes et sans interaction] c'est [...] l'histoire de leur lutte contre l' SociĂ©tĂ© contre l'État, Paris, Éditions de Minuit, Collection "Critique"Les "peuples sans histoire" correspondent Ă  ce que Claude LĂ©vi-Strauss appelle les "sociĂ©tĂ©s froides", qui se prĂ©servent de l'interaction avec d'autres, et par consĂ©quent des conflits historiques. Il semblerait alors que les sociĂ©tĂ©s continuant d'Ă©voluer sans avoir d'État ne connaissent pas les mĂȘmes troubles que les autres et sont plus heureuses c'est l'un des sens que l'on peut donner Ă  "sans histoire". Selon Pierre Clastres, les "sociĂ©tĂ©s premiĂšres" n'ont pas besoin de l'État comme juge ou arbitre de leurs conflits. Elles ont des chefs, mais elles les "contrĂŽlent" afin qu'ils ne deviennent pas trop puissants et ne fondent des États. Les guerres elles-mĂȘmes, internes ou extĂ©rieures, ont pour fonction d'Ă©loigner le "spectre" de l'État. En effet, en temps de paix, ces sociĂ©tĂ©s sont une sorte de "dĂ©mocratie directe" oĂč sociĂ©tĂ© et État se confondent elles rĂ©alisent le rĂȘve de Rousseau. Elles ne sont pas, prĂ©cise Clastres, "sans État" ou anarchiques sans ordre, car elles sont suffisamment organisĂ©es. Elles reprĂ©sentent ce que Marcel Mauss appelle le "fait social global", sans diffĂ©renciation de classes ou de mĂ©tiers, ou encore par la propriĂ©tĂ©. Ces sociĂ©tĂ©s sont pacifiques tant que la forme de l'État ne s'impose pas comme une contrainte par rapport Ă  la vie sociale elle-mĂȘme. Elles entrent en guerre les unes contre les autres dans la mesure oĂč elles craignent que l'une d'entre elles leur impose le cadre de l'État et donc les opprime et les domine, en dĂ©truisant leur Ă©quilibre interne. Les sociĂ©tĂ©s luttent contre l'État comme contre une menace, Ă  la maniĂšre de quelqu'un qui se dĂ©bat, se dĂ©fend contre l'angoisse ou contre une maladie dont il pense qu'elle lui sera fatale. Les "sociĂ©tĂ©s sans État" sont aujourd'hui extrĂȘmement minoritaires et ne concernent guĂšre que quelques groupes de "chasseurs-cueilleurs" d'Amazonie ou de Nouvelle-GuinĂ©e, ou encore le peuple Ayoreo du Paraguay, État oĂč Pierre Clastres avait observĂ©, vers 1970, les Indiens Guayaki, exemple de ce qu'il appelle une "sociĂ©tĂ© contre l'État".
Etc’est pourquoi nous croyons pouvoir dĂ©celer, sous l’équation mĂ©taphysique qui Ă©gale le Mal Ă  l’Un, une autre Ă©quation plus secrĂšte et d’ordre politique, qui dit que l’Un, c’est l’État. Le prophĂ©tisme tupi-guarani, c’est la tentative hĂ©roĂŻque d’une sociĂ©tĂ© primitive pour abolir le malheur dans le refus radical de l’Un comme essence universelle de l’État.
N'oubliez pas de cliquer sur les liens des diffĂ©rentes problĂ©matiques, afin d'accĂ©der Ă  un choix de textes relatifs Ă  cette problĂ©matique particuliĂšre. Avertissement Les textes proposĂ©s ici Ă©taient, pour beaucoup, susceptibles d'ĂȘtre classĂ©s dans plusieurs problĂ©matiques. Nous avons cependant choisi de ne les faire apparaĂźtre qu'une seule fois, c'est pourquoi il ne faut pas hĂ©siter Ă  explorer toutes les problĂ©matiques, afin de trouver un texte vous intĂ©ressant. I. Qu'est-ce que l'État ? - L'Etat est-il l'objet essentiel de la thĂ©orie politique ? 2. L'essence de l'Etat 3. Etat et gouvernement II. Quelle est la fonction de l'État ? Ă  quoi sert l'État ? - L'État est-il un mal nĂ©cessaire ? - L'Etat est-il plus Ă  craindre que l'absence d'Etat ? - Peut-on se passer de l'État ? - Doit-on tout attendre de l'État ? - Peut-on dire avec Hölderlin que Ce qui fait de l'Etat un enfer, c'est que l'homme a voulu en faire son paradis. » ? 1. Assurer le bien commun et en premier lieu la sĂ©curitĂ© des citoyens... - La recherche du bien commun est-elle le fondement et la limite de la souverainetĂ© de l'Etat ? - L'intĂ©rĂȘt de l'Etat coĂŻncide-t-il avec le bien commun ? - La raison d'ĂȘtre de l'État est-elle de garantir la sĂ©curitĂ© du citoyen ? - Le rĂŽle de l'Etat est-il de faire rĂ©gner la justice ? - Peut-on concevoir la justice sans l'Etat ? - L'Etat a-t-il pour but de maintenir l'ordre ou d'Ă©tablir la justice ? - La justice ne relĂšve-t-elle que de l'Etat ? - L'État doit-il viser le bonheur des individus ? III. L'individu, la sociĂ©tĂ©, le citoyen, dans leur rapport Ă  l'État 1. Le citoyen et l'État Les dangers du despotisme - Faut-il distinguer le citoyen dans l'Etat et l'individu dans la sociĂ©tĂ© ? - L'État doit-il Ă©duquer les citoyens ? - L'Etat a-t-il besoin de la mĂ©moire des citoyens - L'Etat est-il l'ami ou l'ennemi de l'individu ? - Est-il dans la nature de l'Etat de refuser les diffĂ©rences ? - L'Etat a-t-il, selon vous, un rĂŽle Ă  jouer dans la vie privĂ©e ? - L'Etat peut-il assurer Ă  la fois la libertĂ© et la sĂ©curitĂ© des individus ? - Peut-on reconnaĂźtre un droit de rĂ©volte contre l'Etat ? - L'État est-il l'ami de tous en mĂȘme temps que l'ennemi de chacun ? 3. La sociĂ©tĂ© et l'État - Une sociĂ©tĂ© peut-elle se passer d'État ? - Peut-on se passer de l'État ? - Peut-on penser une sociĂ©tĂ© sans État ? - Peut-il y avoir une sociĂ©tĂ© sans Etat ? IV. Le pouvoir de l'État et ses limites - Par quelles voies un Etat peut-il exercer sa souverainetĂ© ? - À quelles conditions le pouvoir de l'Etat est-il lĂ©gitime ? a. Nos devoirs envers l'Etat - Que devons-nous Ă  l'État ? 2. Les limites du pouvoir de l'Etat - Faut-il accorder le moins possible Ă  l'Etat ? - Pour limiter le pouvoir de l'Etat, peut-on s'en remettre Ă  l'Etat ? - Le pouvoir de l'Etat est-il facteur de libertĂ© ou d'oppression ? - Pourquoi l'État devrait-il limiter son pouvoir ? - L'État doit-il ĂȘtre sans pitiĂ© ? - Pourquoi l'union du droit et de la force dans l'État est-elle un problĂšme ? - La violence exercĂ©e au nom de l'État est-elle fondamentalement diffĂ©rente de toutes les autres formes de violence ? - La morale relĂšve-t-elle de la compĂ©tence de l'État ? a. L'État est-il au-dessus des lois ? - L'État est-il au-dessus des lois ? - Un gouvernement peut-il lĂ©gitimement, dans certaines circonstances, agir Ă  l'encontre des lois ? - L'État a-t-il tous les droits ? b. La conception libĂ©rale de l'État 3. La critique de l'État 4. La "raison d'État" - L'emploi du mot raison » est-il lĂ©gitime dans l'expression la raison d'Etat » ? - Y a-t-il vraiment une Raison d'Etat » ? - Peut-on subordonner les Droits de l'homme Ă  la raison d'État ? - La Raison d'État » peut-on tout justifier en son nom ? - Un gouvernement peut-il lĂ©gitimement, dans certaines circonstances, agir Ă  l'encontre des lois ? 5. État et violence - La violence exercĂ©e au nom de l'État est-elle fondamentalement diffĂ©rente de toutes les autres formes de violence ? a. L'Etat naĂźt de la violence - Pourquoi respecter l'autoritĂ© de l'État ? - L'État n'impose-t-il l'obĂ©issance que par la force matĂ©rielle ? - Est-il lĂ©gitime de faire prĂ©valoir les exigences de la conscience sur celles de l'État ? - L'obĂ©issance Ă  l'État est-elle toujours une obligation ? - L'État peut-il exiger de chacun qu'il travaille ? VI. État et libertĂ© - Peut-on affirmer que la force de l'État fait la libertĂ© des citoyens ? - Le pouvoir de l'Etat est-il facteur de libertĂ© ou d'oppression ? - Qu'est-ce qu'un Etat libre ? - L'Etat restreint-il la libertĂ© individuelle ? - L'autoritĂ© de l' État est-elle compatible avec la libertĂ© des individus ? - La fin de l'Etat est-elle la libertĂ© ? - L'Etat est-il l'ennemi de la libertĂ© ? - La libertĂ© est-elle possible sans un État pour la dĂ©fendre ? - Serions-nous plus libres sans État ? - Serions-nous libres sans État ? 1. La philosophie anarchiste 2. Le despotisme 3. L'Etat et la libertĂ© d'opinion - Un État dĂ©mocratique doit-il tolĂ©rer toutes les opinions ? - Une religion d'Etat est-elle possible ? Date de crĂ©ation 03/05/2006 1739 DerniĂšre modification 22/12/2020 1537 CatĂ©gorie Page lue 18822 fois FrançoisSaint-Bonnet, lui, estime que l'Ă©tat d'urgence n'est pas adaptĂ© par sa nature mĂȘme : un Ă©tat d'exception, et donc temporaire. « Or, la situation actuelle s'inscrit hĂ©las dans la Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la libertĂ©, la propriĂ©tĂ©, la sĂ»retĂ© et la rĂ©sistance Ă  l'oppression. » L'article deux de la DĂ©claration universelle des droits de l'homme assigne ainsi Ă  l'État comme association politique un rĂŽle plus fondamental que celui de la prĂ©servation de la vie et de la sĂ©curitĂ©. Il s'agit alors de conserver protĂ©ger et fournir les conditions propices Ă  leur dĂ©veloppement les droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Par droits naturels, il faut entendre les droits qui nous sont essentiels, ceux qui nous appartiennent naturellement, du seul fait que nous participons du genre humain sans distinction de culture, de pays ou de religion. Ces droits sont imprescriptibles, ce qui signifie qu'ils sont absolus et non conditionnels on ne saurait lĂ©gitimement les contester ou les refuser, les rendre hypothĂ©tiques ou propres Ă  une catĂ©gorie seulement. L'article de la dĂ©claration les identifie ainsi libertĂ©, sĂ»retĂ©, propriĂ©tĂ© et rĂ©sistance Ă  l'oppression. Tous les hommes sont libres et doivent pouvoir jouir du droit Ă  penser par eux-mĂȘmes, il faut que l'État les protĂšge; ils doivent pouvoir conserver leurs biens sans craindre la spoliation arbitraire et, enfin, ils ne peuvent ĂȘtre empĂȘchĂ©s de lutter contre tout ce qui menace ces trois exigences fondamentales. Les droits de l'homme instituent alors une norme politique, un modĂšle idĂ©al conforme Ă  l'essence de l'homme. En outre, l'État dĂ©signe la sociĂ©tĂ© en tant qu'elle possĂšde des organes politiques administratifs et juridiques autonomes, et, qu'elle est conçue comme une personne morale vis-Ă -vis des autres sociĂ©tĂ©s. L'Etat doit ĂȘtre distinguĂ© de la patrie, qui dĂ©signe le pays des ancĂȘtres et de la communautĂ© nationale. Il doit ĂȘtre Ă©galement distinguĂ© de la nation, qui est une notion spirituelle c'est l'unitĂ© spirituelle d'une communautĂ©, fondĂ©e sur des mƓurs et une histoire communes. L'État est l'incarnation d'une volontĂ© gĂ©nĂ©rale placĂ©e au-dessus de toutes les volontĂ©s particuliĂšres,. il vise l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. C'est pourquoi le conflit principal oppose l'individu Ă  l'État. L'individu a tendance Ă  considĂ©rer que l'État est une administration Ă  son service. L'État, de son cĂŽtĂ©, vise l'universalitĂ© et exige des sacrifices pour l'individu. Ainsi, la citoyennetĂ©, l'appartenance de l'individu Ă  l'État serait une limitation de sa libertĂ© et aussi une limitation de toute sa personne, puisque l'Etat oblige l'individu Ă  prendre en compte l'existence des autres et de la collectivitĂ© tout entiĂšre. Par exemple, le fait de devoir obĂ©ir aux lois ne se pense que par rapport Ă  la bonne marche et Ă  la paix de l'espace social. DĂšs lors l'individu, s'il veut vraiment se rĂ©aliser, devrait Ă©chapper Ă  cette logique citoyenne et politique, en prĂ©fĂ©rant, par exemple, sa vie privĂ©e Ă  sa vie sociale, chacun oeuvrant alors pour son bonheur particulier, loin des prĂ©occupations politiques. Pourtant si l'État limite ma libertĂ© individuelle, il la garantit et la fait coexister avec la libertĂ© des autres, ce qui est un signe de raison et de sagesse. De plus la citoyennetĂ© me permet de prendre une part active dans la vie de la citĂ© et m'invite donc Ă  davantage de responsabilitĂ©. De mĂȘme la dimension privĂ©e de mon existence ne peut ĂȘtre garantie que par l'existence d'un État fort et solide. De ces considĂ©rations Ă©merge la trame de rĂ©flexion suivante Dans quelle mesure y a-t-il antinomie entre l’État et la libertĂ© de l’homme ? L’étude portera dans un premier temps sur l’incompatibilitĂ© entre le cadre Ă©tatique et la libertĂ© individuelle. D’un autre cĂŽtĂ©, nous Ă©voquerons un État en tant que garant des libertĂ©s individuelles et collectives pour enfin expliquer les limites de l’absence d’une part et de la prĂ©sence d’autre part de l’État. En premier lieu, en instituant la citoyennetĂ©, l'État semble accĂ©der Ă  l'universel. Hegel Ă©crit en ce sens qu'il est la rĂ©alitĂ© de l'idĂ©e morale », la rationalitĂ© accomplie, rĂ©alisant la morale et le droit qui, au niveau individuel, ne sont que des abstractions. Et le citoyen peut prĂ©tendre ĂȘtre l'homme vĂ©ritablement humain, Ă©levĂ© au sens du bien public, plus raisonnable que l'individu particulier. Mais ce discours n'est-il pas une illusion? La rĂ©alitĂ© de l'État n'est-elle pas essentiellement rĂ©pressive? Telle fut la position d'un anti-Ă©tatisme radical reprĂ©sentĂ© surtout, au XIXĂšme siĂšcle, par l'anarchisme dont le projet est de dĂ©truire l'État en tant que tel ni Dieu, ni maĂźtre » et par le marxisme, qui voit dans l'État non le garant de l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, mais des institutions et des appareils au service des intĂ©rĂȘts particuliers de la classe dominante. L'anarchisme et le marxisme semblent donc se rejoindre dans leur critique de l'État et la sociĂ©tĂ© sans classe qu'ils souhaitent tous deux est aussi une sociĂ©tĂ© sans État. Il y a pourtant entre eux des diffĂ©rences importantes. La premiĂšre est que Marx rattache l'analyse de l'État Ă  l'Ă©volution de l'histoire. Moyen pour assurer politiquement la domination de la classe Ă©conomiquement possĂ©dante, l'État a une fonction et une nĂ©cessitĂ© que ne lui reconnaĂźt pas l'anarchisme. D'ailleurs, dans la rĂ©volution prolĂ©tarienne, le marxisme voit moins la suppression de l'État comme tel que le remplacement de l'État bourgeois par un État prolĂ©tarien qui est censĂ© s'Ă©teindre progressivement. La seconde diffĂ©rence est que si marxisme et anarchisme sont tous deux des critiques radicales de l'État, cette critique n'obĂ©it pas aux mĂȘmes raisons. L'anti-Ă©tatisme de l'anarchisme se fonde sur un individualisme foncier. C'est parce qu'il est par nature contre l'individu que l'État est un mal en soi il est un universel dĂ©vorant. Marx lui reproche au contraire d'ĂȘtre un universel fictif qui prĂ©tend rĂ©aliser l'homme abstraitement dans le citoyen, au lieu de le rĂ©aliser effectivement dans la sociĂ©tĂ©. En outre, l’existence de l'État lorsque celui est rĂ©pressif ou totalitaire revient Ă  une limitation des libertĂ©s individuelles. Totalitarisme » dĂ©signe en premier lieu la thĂ©orie de l'État total » dĂ©veloppĂ©e par le fascisme mussolinien d'abord, hitlĂ©rien ensuite, selon laquelle l'État est un absolu devant lequel les individus ne sont que des relatifs ». L'État devient alors l'objet d'un vĂ©ritable culte. Pris en ce sens, totalitarisme» ne s'applique en toute rigueur qu'aux doctrines fascistes de l'État et Ă  leurs rĂ©alisations politiques en Italie et en Allemagne. Par extension, des philosophes et sociologues comme Hannah Arendt ou Raymond Aron ont repris la catĂ©gorie de totalitarisme » pour penser de façon critique les invariants de certains rĂ©gimes antidĂ©mocratiques contemporains nazisme, mais aussi stalinisme, maoĂŻsme de la RĂ©volution culturelle... Les constantes relevĂ©es de tout État totalitaire sont alors la mystique du chef, l'exercice d'un monopole idĂ©ologique Ă©tendu dans le domaine privĂ© encadrement de la jeunesse, contrĂŽle des relations familiales, professionnelles..., la militarisation de la vie politique, l'absence de sĂ©paration entre l'État et la sociĂ©tĂ© civile, la mise en place d'un appareil de terreur visant Ă  la domination totale des individus. Dans 1984, George Orwell rassemble toutes ses caractĂ©ristiques pour dĂ©noncer l’omnipotence de l'État la libertĂ© d'expression en tant que telle n’existe plus. Toutes les pensĂ©es sont minutieusement surveillĂ©es, et d’immenses affiches trĂŽnent dans les rues, indiquant Ă  tous que Big Brother vous regarde ». Ainsi, l’État et la libertĂ© de l’individu sont incompatibles lorsque celui-ci est rĂ©pressif, totalitaire et n’a que pour seul objectif de prendre le contrĂŽle totale de la population qu’il gouverne. En second lieu, l’absence d’État est sans doute bien plus dommageable encore, puisqu’elle rend impossible l’existence et l’application de la loi, la protection de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et, plus simplement, la vie en communautĂ©. DĂšs lors, comment rĂ©soudre cette tension entre la nĂ©cessitĂ© de l’État et les dĂ©rives qu’il peut produire ? Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun » disait Hobbes dans Le LĂ©viathan. Imaginons un instant la vie sociale sans l'existence de l' État. Qui aurait alors le pouvoir d'organiser la citĂ© si tant est qu'elle soit concevable sans lui ? Comment les lois pourraient-elles ĂȘtre protĂ©gĂ©es ? Quelle instance aurait la lĂ©gitimitĂ© de rĂ©gler les diffĂ©rends entre les hommes ? Sans un pouvoir commun », tout porte Ă  croire que la force se substituerait au droit et qu'il n'y aurait tout simplement plus de sociĂ©tĂ© possible. Avec cette citation, Hobbes nous aide Ă  prendre conscience de la nĂ©cessitĂ© de l'État. Tant que l'État n'est pas fondĂ© c'est ici ce qu'il appelle le pouvoir commun », les hommes ne peuvent pas vivre ensemble. Leur condition est alors la guerre, une guerre permanente, brutale et indĂ©passable dans la nature, qui rend leur existence misĂ©rable et courte. Le salut se trouve dans l'institution de la loi, laquelle passe par une sortie de l'Ă©tat de nature et l'abandon par l’homme de son pouvoir et de sa libertĂ© de faire tout ce qu'il veut libertĂ© infiniment restreinte puisque proportionnelle Ă  la force dont on est capable et limitĂ©e par la force de l’autre. Le rĂ©sultat de ce passage est la crĂ©ation de l' État et la conquĂȘte de la sĂ©curitĂ©, puisque autrui ne reprĂ©sente plus un danger immĂ©diat et n’a plus de pouvoir sur moi. De surcroĂźt, Rousseau disait 
 chacun s'unissant Ă  tous n'obĂ©it pourtant qu'Ă  lui-mĂȘme et reste aussi libre qu'auparavant. Tel est le problĂšme fondamental dont le contrat social donne la solution ». L'État doit ĂȘtre l'Ă©manation concrĂšte de l'union des hommes qui deviennent Ă  travers lui des citoyens, et pas seulement des sujets. NĂ©anmoins, l'association politique est vue comme un problĂšme », parce qu'elle ne va pas de soi sous sa forme la plus Ă©galitaire et que les hommes n'ont pas d'emblĂ©e les moyens d'instaurer le systĂšme le plus juste qui soit. C'est aussi un problĂšme parce que le siĂšcle de Rousseau ne le rĂ©sout pas les inĂ©galitĂ©s sociales sont flagrantes L'homme est nĂ© libre et partout il est dans les fers » Ă©crit-il. Il faut donc rĂ©aliser ce que l'histoire n'a jusqu'alors jamais permis de constituer un État dans lequel l'union aux autres ne soit pas la condition de notre aliĂ©nation, ou bien le rĂšgne de l'injustice dans lequel il n'y a que les puissants qui trouvent leur place. Pour cela, il faut plus qu'un consensus, il faut un contrat. Le consensus n'est qu'une apparence d'accord, il en est l'expression nĂ©gative en tant que solution de compromis. On tente alors d'harmoniser des intĂ©rĂȘts divergents en les conjuguant par dĂ©faut. Le contrat social au contraire pose une finalitĂ© objective ayant une valeur universelle et il ne peut reposer sur la simple addition des intĂ©rĂȘts particuliers qui par dĂ©finition ne s'accordent pas entre eux autrement que momentanĂ©ment ou faute de mieux. Dans la perspective du contrat, c'est l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral qui est Ă©rigĂ© en principe de l'association et ce n'est qu'Ă  cette condition que tout le monde s'y retrouve », comme on pourrait le dire de maniĂšre triviale. Une contradiction apparente est alors levĂ©e en obĂ©issant Ă  l' État qui respecte le contrat, je n'obĂ©is qu'Ă  moi puisque je suis un contractant. A ce titre, l' État m'oblige et ne me contraint pas, sauf quand je ne respecte plus la loi que j’ai moi-mĂȘme dĂ©cidĂ©e en commun avec les autres On me forcera Ă  ĂȘtre libre » - dit Rousseau. Je suis obligĂ© de respecter ses lois parce qu'elles me protĂšgent autant que tout autre et parce qu'elles n'ont ni prĂ©fĂ©rences ni dĂ©sirs. L'obligation repose aussi sur un rapport bilatĂ©ral je dois quelque chose Ă  la loi, mais la loi me doit aussi quelque chose et nul ne saurait lĂ©gitimement se placer au-dessus d'elle. A contrario, ce qui relĂšve d'une contrainte ne repose que sur la force, l'arbitraire et l'intĂ©rĂȘt particulier. On comprend alors que le contrat social permet de penser sans contradiction le fait qu'on puisse obĂ©ir tout en Ă©tant libre et tout en obĂ©issant finalement Ă  nul autre que soi-mĂȘme. NĂ©anmoins, le point de vue de Hobbes, par exemple, peut ĂȘtre mal compris car la distinction entre l'origine et le fondement n'est pas assez marquĂ©e, tout en lĂ©gitimant un pouvoir politique autoritaire et absolutiste. Si l'on peut admettre que la quĂȘte de la sĂ©curitĂ© et la conservation de la vie constitue une origine vraisemblable Ă  la crĂ©ation d'une institution comme l'État, dont les premiĂšres formes sont Ă©videmment archaĂŻques et simples, il est dangereux d'en conclure que c'est lĂ  aussi son fondement, autrement dit, son principe. L'État n'a pas pour seule mission de nous assurer la sĂ©curitĂ©, il doit aussi nous permettre de faire de nous des ĂȘtres libres. Qu'avons-nous Ă  gagner si nous quittons les dangers de la nature pour les Ă©changer avec ceux d'un État susceptible de se transformer en pouvoir absolu ? D’un autre cĂŽtĂ©, on peut reprocher aux personnes prĂŽnant l'anti-Ă©tatisme en gĂ©nĂ©ral de ne pas faire de diffĂ©rence entre les États. Certes, comme le dit Montesquieu, tout pouvoir tend Ă  abuser du pouvoir. Comment rĂ©soudre le problĂšme que pose ce constat ? Deux solutions sont possibles. L'anti-Ă©tatisme est la premiĂšre d'entre elles voir dans la disparition de l'État une condition nĂ©cessaire de l'Ă©mancipation des hommes. La seconde solution rĂ©sulte en revanche d'une critique de l'État... par lui-mĂȘme seule une forme dĂ©terminĂ©e d'État pourra lever le risque despotique que tout État porte en lui. Il suffit pour cela que l'État sache imposer des limites Ă  son pouvoir. C'est le propre des dĂ©mocraties modernes d'avoir essayĂ© de dĂ©finir de telles limites. En dĂ©clarant les droits de l'homme, l'État rĂ©volutionnaire français de 1789, et avant lui dĂ©jĂ  le jeune État amĂ©ricain en 1776, ont accompli un geste dont la signification philosophique est importante pour la premiĂšre fois, des États ont reconnu qu'il existait des droits naturels de l'homme antĂ©rieurs et supĂ©rieurs Ă  toute autoritĂ© politique et que le but principal de l'État est de les prĂ©server. Marx objectait aux droits de l'homme de n'ĂȘtre que des droits abstraits » laissant jouer les inĂ©galitĂ©s sociales. Mais l'erreur de l'anti-Ă©tatisme est sans doute de ne pas avoir bien perçu l'originalitĂ© des États dĂ©mocratiques. Le fait qu'on y trouve des polices et des prisons ne signifie pas qu'ils sont de mĂȘme nature que les dictatures. Quelles que soient les critiques qu'on peut faire Ă  la citoyennetĂ©, ne vaut-il pas mieux vivre dans un État oĂč ses droits sont reconnus ? Pour conclure, l’État, et plus particuliĂšrement l’État dĂ©mocratique, est le dĂ©fenseur de la libertĂ© de l’individu. Il n’y a donc pas en gĂ©nĂ©ral antinomie entre le cadre Ă©tatique et l’épanouissement de l’individu dans un environnement de libertĂ© si l’on distingue État dĂ©mocratique et État totalitaire. De surcroĂźt, il n’est mĂȘme pas nĂ©cessaire de se placer sur le terrain de la philosophie politique pour se poser la question de savoir si oui ou non l’Etat doit ĂȘtre maintenu pour permettre cet Ă©panouissement. La transformation de la sociĂ©tĂ© postmoderne fait dĂ©jĂ  Ă©clater les contradictions de fait de l’existence de l’Etat. Le retour du nationalisme sur la scĂšne des conflits internationaux nous montre Ă  quel point les enjeux du pouvoir enveloppe aussi une crise d’identitĂ© culturelle. La nation est un mythe, mais qui, comme tous les mythes, a un sens capable de mobiliser les volontĂ©s individuelles. L’Etat moderne est en crise et son existence a cessĂ© d’aller de soi, de valoir pour un idĂ©al. Il est Ă©touffĂ© sous son propre poids, il est confrontĂ© Ă  des exigences contradictoires. Quelque soit le rĂ©gime sous lequel il est placĂ©, de toute maniĂšre l’Etat aura sa rigiditĂ©. Quelque soit le rĂ©gime politique qui le gouverne, l’Etat est aujourd’hui confrontĂ© au dĂ©fit de la globalisation de l’économie et de l’information, confrontĂ© Ă  une volontĂ© locale de gestion, contre la hiĂ©rarchie qu’il impose d’en haut. Ces contradictions cependant n’éliminent pas le sens de l’action politique dont l’envergure devient aujourd’hui mondiale, Ă  la mesure de la responsabilitĂ© que tout homme a devant l’humanitĂ©, Ă  la mesure de la responsabilitĂ© que tout homme a devant la vie. LEtat est-il un mal nĂ©cessaire ? Comme en tĂ©moigne son Ă©tymologie, l’Etat (du latin status : « se tenir debout ») est le pilier de. 15 Pages ‱ 6086 Vues. L'État est­il un mal nĂ©cessaire. L'État est­il un mal nĂ©cessaire ? CORRIGÉ Introduction Sans aucun doute, chacun d'entre nous aimerait pouvoir faire ce qui lui plaĂźt quand cela lui chante. 2 Pages ‱ Introduction qu'est-ce que l'Etat ?Table des MatiĂšres1 Introduction qu'est-ce que l'Etat ?2 La question de l’origine de l’Etat3 L’Etat l’organisation et la rĂ©partition des pouvoirs4 L’Etat l’instrument des classes dominantes5 La question de l’Etat et ses dĂ©rives totalitaristes6 Ni Dieu ni maĂźtre »7 Les autres conceptions de l'Etat8 Conclusion La sociĂ©tĂ© ne va pas de soi. Elle se doit, pour maintenir une cohĂ©sion sociale, d’ĂȘtre rĂ©glementĂ©e par des lois, organisĂ©e autour d’un pouvoir rĂ©gulateur, un pouvoir politique. Or, qui dit rĂ©glementation dit nĂ©cessairement contraintes, obligations, devoirs. S’il existe des sociĂ©tĂ©s rĂ©glĂ©es sans le pouvoir d’un Etat ex les sociĂ©tĂ©s primitives, elles demeurent nĂ©anmoins fondĂ©es sur des rĂšgles, des rites et tabous qui organisent la vie en communautĂ©. Pour les sociĂ©tĂ©s organisĂ©es autour d’un pouvoir politique, c’est l’Etat qui incarne ce pouvoir. La question de l’origine de l’Etat L’Etat le pouvoir politique une pluralitĂ© de formes possibles de ce pouvoir. Texte d’Aristote Ethique Ă  Nicomaque Selon Aristote, il existe trois types de constitutions 1 la royautĂ©, 2 l’aristocratie, 3 la timocratie politeia. La meilleure est la premiĂšre, la pire est la troisiĂšme. Selon Aristote, l’opposĂ© du meilleur est toujours le pire » et la dĂ©rive du rĂ©gime considĂ©rĂ© comme le plus adĂ©quat est la tyrannie royautĂ© et tyrannie sont toutes les deux des monarchies mais la relation que le roi et le tyran entretiennent avec le pouvoir politique exercĂ© diffĂšre quant Ă  lorientation de l’intĂ©rĂȘt alors que le roi exerce le pouvoir dans l’intĂ©rĂȘt de ses sujets, le tyran ne vise que son intĂ©rĂȘt personnel. Un mauvais roi devient un tyran on peut donc admettre la concentration des pouvoirs en une seule main comme le risque d’un dĂ©tournement de la fonction mĂȘme du politique qui ne sert plus la CitĂ© pour rĂ©aliser sa fonction dans la collectivitĂ© mais qui, au contraire, se sert de la CitĂ© pour rĂ©pondre Ă  ses ambitions individualistes. Aristote conclue que la timocratie et la dĂ©mocratie sont voisines car se fondant et cherchant le pouvoir de la masse La dĂ©mocratie est la moins mauvaise des constitutions corrompues car ce n’est qu’une faible dĂ©viation constitutionnelle ». Transition Pour que le pouvoir politique puisse se rĂ©aliser dans sa fonction premiĂšre, il semble nĂ©cessaire qu’au sein du pouvoir, qu’au sein de l’Etat, les pouvoirs soient sĂ©parĂ©s les uns des autres. L’Etat doit donc s’organiser Ă  partir d’une organisation des pouvoirs. L’Etat l’organisation et la rĂ©partition des pouvoirs Aristote Politique LII Les termes constitutions et gouvernement ont la mĂȘme signification ». Aristote Politique LIV Toutes les constitutions comportent trois parties » Quand ces parties sont en bon Ă©tat, la constitution est nĂ©cessairement elle-mĂȘme en bon Ă©tat » Les trois parties selon Aristote Le pouvoir dĂ©libĂ©ratif dĂ©libĂšre quant Ă  la guerre, la paix, les alliances c’est le pouvoir dĂ©cisionnel. Le pouvoir exĂ©cutif la magistrature elle applique les dĂ©cisions prises. Le pouvoir judiciaire celui qui rend la justice les membres qui le constituent sont des citoyens tirĂ©s au sort ou Ă©lus et constituent un tribunal. Transition L’Etat repose ainsi sur la participation active du citoyen Ă  la vie publique, Ă  l’interaction entre le pouvoir Ă©tatique et l’engagement du citoyen dans la vie politique de la CitĂ©. Mais cette interaction ne repose-t-elle pas sur l’idĂ©e mĂȘme de communautĂ© », d’une histoire commune de l’humanitĂ© ? Engels l’Etat une production de la production Ce sont les hommes qui font leur histoire mais dans un milieu qui les conditionne » Il y a un lien entre ce qui a Ă©tĂ©, ce qui est et ce qui sera enchainement des causes et des effets interaction entre les conditions Ă©conomiques, sociales, politiques. Ce n’est pas la conscience qui dĂ©termine la condition sociale mais la condition sociale qui dĂ©termine la conscience Marx. Toute sociĂ©tĂ© est fondĂ©e sur la production et les Ă©changes que celle-ci gĂ©nĂšre. De la rĂ©partition de la production dĂ©coule la rĂ©partition des classes sociales. DĂšs lors, pour expliquer ce qu’est l’homme, les analyses mĂ©taphysiques, philosophiques ne font pas sens. C’est par l’analyse de la modification des moyens de production, de la production elle-mĂȘme et des Ă©changes que l’on peut comprendre le fonctionnement social et politique d’une sociĂ©tĂ©. Quand la production d’une sociĂ©tĂ© devient trĂšs Ă©levĂ©e et donc que le degrĂ© de dĂ©veloppement Ă©conomique d’une sociĂ©tĂ© augmente, la crĂ©ation d’un Etat apparait comme une nĂ©cessitĂ©. L’Etat est donc le produit de la sociĂ©tĂ© ». La fonction de celui-ci consiste alors Ă  estomper les diffĂ©rences sociales. L’Etat a pour fonction de rĂ©guler et la production et les richesses qui dĂ©coulent de la production. Engels L’Etat n’existe donc pas de toute Ă©ternitĂ©. Il y a eu des sociĂ©tĂ©s qui se sont tirĂ©es d’affaire sans lui, qui n’avaient aucune idĂ©e de l’Etat et du pourvoir d’Etat. A un certain stade de dĂ©veloppement Ă©conomique qui Ă©tait nĂ©cessairement liĂ© Ă  la division de la sociĂ©tĂ© en classes, cette division fit de l’Etat une nĂ©cessitĂ© ». Transition Cependant, une question se pose si l’Etat apparait comme la consĂ©quence logique » d’un certain degrĂ© quant au dĂ©veloppement Ă©conomique d’une sociĂ©tĂ©, il se signale comme ce qui vient rationaliser les Ă©changes. Mais l’Etat remplit-il cette fonction ? Etabli pour limiter les diffĂ©rences sociales, l’Etat limite-t-il les inĂ©galitĂ©s ou les renforce-t-il ? L’Etat l’instrument des classes dominantes Texte de Engels L’origine de la famille, de la propriĂ©tĂ© privĂ©e et de l’Etat » Selon Engels, l’Etat est au service des classes dominantes qui, par l’Etat, justifient la division de la sociĂ©tĂ© en classes sociales mues par des intĂ©rĂȘts contradictoires. L’Etat serait un instrument politique qui masque le conflit rĂ©el qui s’est Ă©tabli dans la sociĂ©tĂ© la lutte des classes entre la classe bourgeoise et la classe prolĂ©tarienne. A l’origine, l’Etat est nĂ© du besoin de limiter cette lutte. Mais parce qu’il a Ă©tĂ© créé par la classe dominante, l’Etat est devenu un pouvoir Ă©conomique qui s’est octroyĂ© le pouvoir politique pour se maintenir dans son pouvoir dirigeant. L’Etat serait l’incarnation du pouvoir des plus puissants pour se maintenir comme puissants et opprimer encore davantage les classes opprimĂ©es sous son pouvoir. Tenons pour exemples l’AntiquitĂ© le pouvoir politique appartenait aux maĂźtres face aux esclaves, puis dans la pĂ©riode fĂ©odale ce pouvoir fut aux mains des seigneurs face aux serfs, et maintenant ce pouvoir est dĂ©tenu par la classe bourgeoise face au prolĂ©tariat. L’Etat n’est donc pas le garant de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral mais l’instrument de l’intĂ©rĂȘt particulier de la classe dominante. L’Etat n’est pas sĂ©parĂ© de la sociĂ©tĂ©, il est plutĂŽt partie prenante des conflits sociaux et il est au service de l’oppresseur pour maintenir son pouvoir sur l’oppressĂ©. Transition Un problĂšme apparait alors si l’Etat est un instrument politique au service d’une minoritĂ© dominante, il peut rapidement devenir le pouvoir d’un seul homme. Si la dĂ©mocratie repose sur l’idĂ©e d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et si cet intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral se retrouve dans les mains d’un seul homme qui prĂŽne son intĂ©rĂȘt particulier, l’Etat peut devenir totalitariste. Cependant le totalitarisme n’est pas le seul apanage d’un despote, un Etat providence peut devenir un Etat totalitaire. DĂšs lors, pour Ă©viter cette dĂ©rive ne peut-on pas penser la sociĂ©tĂ© sans pouvoir Ă©tatique ? La question de l’Etat et ses dĂ©rives totalitaristes Texte de Clastres La sociĂ©tĂ© contre l’Etat » L’Etat est-il vraiment nĂ©cessaire, peut-on penser une sociĂ©tĂ© sans Etat ? Selon Clastres Les sociĂ©tĂ©s primitives sont des sociĂ©tĂ©s sans Etat. On pense que ce manque signifie une incomplĂ©tude, qu’une sociĂ©tĂ© sans Etat est une sociĂ©tĂ© inaboutie et que ces sociĂ©tĂ©s ne seraient pas totalement civilisĂ©es. Or, cette pensĂ©e fait preuve d’ethnocentrisme qui signifie lire une sociĂ©tĂ© Ă  partir des valeurs qui rĂ©gissent celle Ă  laquelle j’appartiens et qui en diffĂšrent. C’est considĂ©rer une culture particuliĂšre comme Ă©tant la rĂ©fĂ©rence universelle. Inconsciemment je pense ces sociĂ©tĂ©s Ă  l’aune de mes valeurs et je pose l’Etat comme la finalitĂ© de toutes les sociĂ©tĂ©s. Je pense alors les sociĂ©tĂ©s primitives comme Ă©tant anachroniques ». Autre erreur de l’ethnocentrisme penser que l’histoire suit un sens unique, qu’elle ne peut suivre une multitude de directions et de choix diffĂ©rents. C’est penser qu’il n’y a qu’une seule direction et qu’un sens Ă  l’histoire. Ce qui est une erreur, un prĂ©jugĂ©. L’état d’une civilisation n’est pas nouĂ© Ă  la crĂ©ation de l’Etat une sociĂ©tĂ© peut ĂȘtre civilisĂ©e » sans Etat et une sociĂ©tĂ© avec Etat peut ĂȘtre barbare ». Transition L’Etat n’est pas une fin en soi, il n’est pas nĂ©cessairement le but et la finalitĂ© d’une sociĂ©tĂ©. Certaines sociĂ©tĂ©s se rĂ©gulent sans l’autoritĂ© d’un pouvoir Ă©tatique. Or, si l’Etat n’est pas une fin en soi, alors c’est qu’il n’est qu’un moyen, un instrument. Et s’il est un instrument, il peut aussi ĂȘtre instrumentalisĂ©, utilisĂ© pour le bien ou pour le mal. Ainsi, mĂȘme un Etat qui se veut juste » parce qu’à la recherche du bonheur et du bien de tous peut s’avĂ©rer dangereux, crĂ©ant un despotisme de l’égalitarisme. Texte de Tocqueville De la dĂ©mocratie en AmĂ©rique » La dĂ©mocratie et son souci Ă©galitaire peuvent conduire paradoxalement au totalitarisme et Ă  la limitation de la libertĂ© individuelle par la destruction du libre arbitre. La trop grande uniformitĂ© nĂ©e de la volontĂ© gĂ©nĂ©rale peut engendrer un endormissement de l’individualitĂ© du sujet et le transformer en bĂȘte de troupeau. Cet Etat providence il ne brise pas les volontĂ©s, il les ramollit ». Il rĂ©duit enfin chaque nation Ă  n’ĂȘtre plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux dont le gouvernement est le berger ». Une prise en charge totale de l’homme par l’Etat implique un abĂȘtissement, une dĂ©responsabilisation. Sous couvert de faire le bonheur de tous, cet Etat providence engendre une uniformisation des hommes qui se rĂ©duisent en une masse anonyme, indistincte et qui tue l’originalitĂ©, la particularitĂ© de chacun. Cet Etat providence peut ainsi engendrer le malheur de chacun sous couvert de vouloir faire le bonheur de tous et finalement crĂ©e une sociĂ©tĂ© amorphe, homogĂšne, incapable de penser et de crĂ©er de maniĂšre autonome et inventive. Ce que l’Etat providence peut engendrer un despotisme d’un genre nouveau, la volontĂ© d’une sociĂ©tĂ© Ă©galitaire, une nouvelle forme d’oppression qui conduit Ă  une sociĂ©tĂ© Ă©galitariste, massifiĂ©e, lĂ©thargique, uniformisĂ©e. Transition La dĂ©mocratie, lorsqu’elle se fait Etat providence peut ainsi aboutir Ă  ce contre quoi elle a toujours prĂ©tendu lutter le despotisme par l’égalitarisme. L’usage de la propagande, de l’endoctrinement au profit d’un Etat viciĂ© qui instrumentalise le peuple et qui finit par user de la terreur pour le soumettre le mal collectif sous couvert du bien gĂ©nĂ©ral. Texte de H. Arendt Des origines du totalitarisme » Seuls les sujets incultes ou les Ă©lites sont attirĂ©s par le totalitarisme l’élite parce qu’elle veut ĂȘtre Ă  sa tĂȘte, le peuple parce qu’il est vu comme une masse indiffĂ©renciĂ©e. DĂ©finition du totalitarisme Etat qui rassemble la totalitĂ© des pouvoirs dans les mains d’un seul parti qui n’accepte aucune opposition, aucune rĂ©sistance, aucun autre pouvoir et qui tend Ă  confisquer la totalitĂ© des activitĂ©s de la sociĂ©tĂ© qu’il domine. Dans la dĂ©mocratie, le pouvoir totalitaire est limitĂ© par la loi, la libertĂ© de paroles et d’opinions ce pouvoir contre balance celui effectuĂ© par la propagande mise en place par un pouvoir totalitaire naissant. DĂ©finition de dĂ©mocratie » doctrine dans laquelle la souverainetĂ© doit appartenir Ă  l’ensemble des citoyens il s’agit souvent d’une RĂ©publique. Le totalitarisme en place remplace la propagande par l’endoctrinement. La propagande permettait de propager des idĂ©es, l’endoctrinement cherche Ă  convaincre le peuple pour qu’il adhĂšre aux idĂ©es propagĂ©es. Le totalitarisme est insidieux il utilise ce qui Ă©tait tu Ă  l’opinion donc ce que le peuple ignorait en lui faisant croire que ce qui Ă©tait tu l’était par la volontĂ© de dissimuler la corruption. Le totalitarisme fabrique des contre-vĂ©ritĂ©s qu’il prĂ©sente comme des rĂ©vĂ©lations au peuple. Cf le film Le dictateur » de C. Chaplin. Transition Les rĂšgles de l’art de gouverner dĂ©coulent toujours du phĂ©nomĂšne suivant tout pouvoir s’efforce de se maintenir, l’Etat ne cherche que sa propre conservation contre tout danger extĂ©rieur. La politique doit rester en prise directe avec les rĂ©alitĂ©s du monde qu’elle gouverne. La question relative Ă  l’art de gouverner se pose avec Machiavel. Il ne se pose pas la question de la lĂ©gitimitĂ© du pouvoir politique mais celle du comment maintenir une stabilitĂ© politique. Machiavel Le Prince ou l’art de gouverner La question de Machiavel celle de l’art de gouverner pour se maintenir au pouvoir, le Prince doit-il se faire aimer ou se faire craindre ? Le but du Prince se conserver. Selon Machiavel, les hommes sont Ă©goĂŻstes, il en va de mĂȘme pour le Prince. En premier, il promet, puis il fait face aux rĂ©alitĂ©s. Le but du Prince la sĂ©curitĂ©, la stabilitĂ© pour se maintenir au pouvoir. Et pour cela, il doit se faire craindre. L’art de gouverner se faire aimer ou se faire craindre ? Pour ĂȘtre aimĂ©, il faut non pas ĂȘtre liĂ© par de l’affect mais par des intĂ©rĂȘts communs avec ses sujets. Mais un risque menace une relation fondĂ©e sur l’intĂ©rĂȘt est par dĂ©finition instable car les intĂ©rĂȘts peuvent changer et alors le lien entre le Prince et ses sujets se fragilise et peut se dĂ©truire. Dans une telle relation, le Prince est dĂ©pendant et donc fragilisĂ©. Il faut donc davantage se faire craindre car ainsi le prince crĂ©e une situation dans laquelle il est le seul maĂźtre du dĂ©but Ă  la fin. Ne se fondant que sur lui, son autoconservation est assurĂ©e. Mais cette crainte ne doit pas aller jusqu’à la terreur et la haine sinon il y a risque d’alliance subversives, risque de rassemblement des sujets qui voudraient Ă©liminer le prince. La crainte est donc nĂ©cessaire dans l’art de gouverner et le pouvoir n’est sĂ»r que s’il est reconnu par les sujets et que le prince incarne l’image du pouvoir Pour bien connaitre la nature des peuples il faut ĂȘtre prince, et pour celle des princes, ĂȘtre populaire ». Le prince doit donc ĂȘtre modĂ©rĂ©, il doit rassembler, unifier et s’il utilise parfois des moyens cruels, l’usage qu’il fait de la cruautĂ© doit toujours ĂȘtre inscrit dans une finalitĂ© qui vient la justifier comme un mal nĂ©cessaire pour un bien politique. Transition L’art de gouverner implique le sens de la stratĂ©gie et cette stratĂ©gie reste au service de la volontĂ© de l’Etat de se maintenir comme pouvoir l’Etat ne chercherait-il pas que sa propre autoconservation ? L’abus de pouvoir de l’Etat, la mise sous tutelle de l’individu par le pouvoir Ă©tatique peut permettre une interrogation quant Ă  la lĂ©gitimitĂ© mĂȘme de l’Etat. L’autoritĂ© politique peut en effet ĂȘtre lue comme paternaliste, tendant Ă  infantiliser l’individu qui voit son individualitĂ© castrĂ©e. Cette remise en question du pouvoir Ă©tatique quant Ă  sa lĂ©gitimitĂ© se trouve interrogĂ©e par la pensĂ©e anarchiste. On note deux branches de la pensĂ©e anarchiste celle collectiviste, avec Bakounine, celle individualiste avec Stirner. Ni Dieu ni maĂźtre » L’anarchisme individualiste. Anarchisme » absence d’ordre ne signifie pas le dĂ©sordre mais ce qui ne rĂ©pond Ă  aucun ordre ce qui ne rĂ©pond que de soi par soi et pour soi et qui se sait ĂȘtre responsable de ses actes. De fait, la pensĂ©e anarchiste ne peut reconnaitre la lĂ©gitimitĂ© du pouvoir Ă©tatique car l’Etat signifie une prise en charge autoritaire et instrumentalisĂ©e de la libertĂ© du sujet un assujettissement pour le profit de quelques-uns qui s’octroient des droits sur tous. Bakounine Etat veut dire domination, et toute domination suppose l’assujettissement des masses et par consĂ©quent leur exploitation au profit d’une minoritĂ© gouvernante quelconque ». Voyons maintenant si cette thĂ©ologie politique, de mĂȘme que la thĂ©ologie religieuse, ne cachent pas sous de trĂšs belles et poĂ©tiques apparences, des rĂ©alitĂ©s trĂšs communes et trĂšs sales ». Toute thĂ©orie consĂ©quente et sincĂšre de l’Etat est essentiellement fondĂ©e sur le principe de l’autoritĂ©, c’est-Ă -dire sur cette idĂ©e Ă©minemment thĂ©ologique, mĂ©taphysique, politique, que les masses, toujours incapables de se gouverner, devront subir en tout temps le joug bienfaisant d’une sagesse et d’une justice qui, d’une maniĂšre ou d’une autre, leur seront imposĂ©es d’en haut ». Selon la pensĂ©e anarchiste collectiviste, l’homme a une tendance naturelle Ă  se rapprocher des autres hommes. Il est un ĂȘtre rationnel qui s’unit aux autres hommes suivant les affects et les centres d’intĂ©rĂȘt. Et il est suffisamment adulte et responsable pour savoir ce qu’il a Ă  faire sans qu’une autoritĂ© ne vienne le lui dire. Il n’a donc pas besoin de l’Etat. L’Etat ne fait que se servir lui-mĂȘme
 Transition Mais la volontĂ© de se libĂ©rer de toute tutelle peut se prolonger jusqu’à l’affirmation radicale et dĂ©finitive de l’individualitĂ© irrĂ©ductible du sujet qui reconnait son identitĂ© comme stricte propriĂ©tĂ©, par essence unique et inaliĂ©nable. Prenant en compte la nature essentiellement Ă©gotiste de l’homme, et donc, par nature, incompatible avec toute idĂ©e de collectivitĂ©, de sociabilitĂ©, la nĂ©gation de l’Etat peut logiquement aboutir Ă  la non reconnaissance de tout ce qui fonde la sociĂ©tĂ© et peut mĂȘme prĂ©senter la sociĂ©tĂ© contre-nature. L’Etat, la sociĂ©tĂ©, sont-ils l’aboutissement de la nature rationnelle de l’homme ou le produit d’une dĂ©naturation de la fondamentale libertĂ© naturelle de celui-ci ? RĂ©alisation ou domestication ? Anarchisme individualiste Stirner L’unique et sa propriĂ©tĂ© » Ne reconnaitre aucun devoir, c’est-Ă -dire ne pas me lier et ne pas me regarder comme liĂ©. Si je n’ai pas de devoir, je ne connais pas non plus de loi
 » Stirner La volontĂ© individuelle et l’Etat sont des puissances ennemies, entre lesquelles aucune paix Ă©ternelle » n’est possible. Tant que l’Etat se maintient, il proclame que la libertĂ© individuelle, son Ă©ternel adversaire, est dĂ©raisonnable, mauvaise
 Et la volontĂ© individuelle se laisse convaincre, ce qui prouve qu’elle l’est en effet elle n’a pas encore pris possession d’elle-mĂȘme, ni pris conscience de sa valeur, aussi est-elle encore incomplĂšte, mallĂ©able ». L’abolition de l’Etat dans ce qui le fonde procĂšde d’un retour Ă  l’individualitĂ©, au risque du soi. Mais ce risque prĂ©sente aussi une autre lecture de l’homme, Ă  savoir celle qui le comprend comme essentiellement unique et qui doit portĂ©e cette unicitĂ© par-delĂ  le Bien et le Mal. Conclusion L’Etat en peut pas ĂȘtre un degrĂ© de civilisation par-delĂ  ou grĂące Ă  l’absence de l’Etat, les sociĂ©tĂ©s primitives rĂ©pondent de structures sociales dĂ©veloppĂ©es, hiĂ©rarchisĂ©es, de rites Ă©laborĂ©s
ParallĂšlement, certains Etats celui d’Hitler
 ont engendrĂ© une rationalisation industrielle » du mal. En ce sens, l’Etat ne peut plus ĂȘtre lu comme l’aboutissement le plus accompli de la Raison. L’Etat apparait comme un instrument politique Ă  double tranchant ; il sĂ©curise en mĂȘme temps qu’il soumet, il rationalise la pluralitĂ© des identitĂ©s en mĂȘme temps qu’il limite la diversitĂ© des individualitĂ©s. Sa difficultĂ© consiste Ă  trouver la juste mesure quant Ă  l’exercice du pouvoir qu’il incarne. Cet Ă©quilibre est prĂ©caire et demande de l’attention de la part du citoyen qui doit demeurer vigilant quant aux dĂ©rives possibles et Ă  l’abus de pouvoir. Equilibre prĂ©caire aux mains d’un seul homme ou d’un pouvoir totalitaire, l’Etat peut devenir ce qui dĂ©shumanise
Nous partirons de la dĂ©finition classique de l’Etat entendu comme Etat-nation, tel qu’il s’est construit depuis le XIXĂšme siĂšcle, c’est-Ă -dire l’adĂ©quation d’une nation, d’un territoire, et d’une organisation politique dĂ©terminĂ©e. Les autres conceptions de l'Etat Des souverainistes aux fĂ©dĂ©ralistes, faisons un tour d'horizon des conceptions de l'Etat, et de l'Etat au sein de l'Europe. L'Etat-nation structure politique indĂ©passable de la modernitĂ© politique Approche naturaliste Hegel,La philosophie de l'Histoire l’Etat est l’étape ultime de l’histoire, la fin de l’histoire. L’incarnation de la raison universelle, le stade dernier de l’évolution des sociĂ©tĂ©s. L’Etat seul peut incarner l’Universel, le dĂ©passement des intĂ©rĂȘts particuliers. Le vingtiĂšme siĂšcle semble, Ă  priori, lui donner raison vu la dĂ©multiplication du nombre d’Etats dans le monde chute du bloc communiste, partition de l’ex-Yougoslavie, la dĂ©colonisation, 
. Approche contractualiste Hobbes, Le Leviathan l’Etat rĂ©sulte du pacte passĂ© entre les membres d’une sociĂ©tĂ© et le LĂ©viathan en Ă©change de la sĂ©curitĂ©, il accepte d’abandonner leur libertĂ© naturelle. Chez Hobbes, la souverainetĂ© de l’Etat est absolue, indivisible dans cette perspective, le remplacement de l’Etat correspond au retour Ă  l’état de nature, sauvage et violent. Remplacement comme rĂ©gression rĂ©ponse possible car il s’agit d’un contrat, par nature rĂ©vocable, mais pas nĂ©cessaire. Le Souverainisme seul l'Etat est garant de la cohĂ©sion d’un territoire et de celle de l’identitĂ© principe hĂ©gĂ©lien pour se poser, il faut s’opposer. Ainsi, les frontiĂšres sont, constituent un critĂšre de reconnaissance. La collectivitĂ©, pour s’affirmer comme nation, doit se reconnaĂźtre dans une entitĂ© politique qui lui correspond. Tout dĂ©passement de l’Etat entraĂźne une dissolution des identitĂ©s, un vide moral, une perte de repĂšres. Les philosophes et la critique radicale de l'Etat Pour les autres courants de pensĂ©e, l'Etat est, comme Nietzsche l'affirmait, le “plus froid des monstres froids”, l'institution Ă  abattre Communisme Marx, Engels l'Etat est l’instrument de la classe bourgeoise, la structure qui masque la domination du capital sur le prolĂ©tariat. Philosophie de l’histoire historicisme DĂ©pĂ©rissement de l’Etat est liĂ© au destin de l’histoire. Anarchisme Bakounine autogestion des individus, toute structure transcendante est forcĂ©ment synonyme d’oppression, de violence. Libertarianisme Rothbard Etat est une association de malfaiteurs qui extorquent illĂ©gitimement les propriĂ©tĂ©s individuelles. Seule l’organisation par les individus, sans autoritĂ© supĂ©rieure, crĂ©ent une sociĂ©tĂ© optimale. RĂšgne de l’économie, engloutissement du politique dans l’économie. FĂ©dĂ©ralisme ls Etats doivent se dissoudre dans des entitĂ©s plus grandes, voire une seule et mĂȘme entitĂ©. Il s'agit de l'horizon d'un gouvernement mondial tradition instaurĂ©e par l’abbĂ© de Saint-Pierre. David Held dans l'ouvrage Democracy and the global order dĂ©fend la thĂšse d’un Etat mondial, fondĂ© sur une conscience cosmopolite. Chacun est inclut dans la communautĂ© mondiale comme citoyen. Les institutions sont supra-nationales Parlement mondial, cour pĂ©nale internationale permanente, conseil de sĂ©curitĂ© disposant d’un pouvoir exĂ©cutif. Une troisiĂšme voie pour l'Etat Une troisiĂšme voie, entre disparition de l'Etat et son renforcement, a Ă©tĂ© dĂ©fini par Habermas. Cette position mĂ©diane essaie de concilier, dans une approche volontariste, la nĂ©cessitĂ© de l’existence de l’Etat-nation et son dĂ©passement. Dans AprĂšs l’Etat-nation, Habermas dĂ©fend l’idĂ©e selon laquelle la mondialisation Ă©conomique, c’est-Ă -dire la trans-nationalitĂ© des flux Ă©conomiques, rend les frontiĂšres poreuses mais sur la question des frontiĂšres, on peut Ă©galement penser Ă  l’internationalisation des risques Ă©cologiques Tchernobyl, les marĂ©es noires, la grippe aviaire, 
 rĂ©duit la capacitĂ© d’action des Etat-nations, remet en cause leur souverainetĂ©, de telle sorte qu’ils ne peuvent plus assurer les fonctions de protection, de redistribution des ressources, bref les fonctions de rĂ©gulation intĂ©rieure qu’ils remplissaient autrefois. Autrement dit, l’Etat-nation, comme sociĂ©tĂ© capable d’agir sur elle-mĂȘme, qui s’auto-gĂšre de maniĂšre endogĂšne, n’existe plus que partiellement. C’est pourquoi, il faut, selon Habermas, rĂ©injecter du politique, ne pas laisser tout le champ social ĂȘtre rĂ©gulĂ© par l’élĂ©ment Ă©conomique bref, il faut rĂ©assujettir l’économie au politique, domestiquer l’économie, renverser le primat de l’argent sur le pouvoir politique ; Mais pour cela, les Etat-nations ne sont pas assez puissants pour rĂ©sister seuls Ă  la pression de la mondialisation. Les Etat-nations doivent transfĂ©rer des compĂ©tences Ă  un niveau supranational. L’Europe prĂ©figure ainsi cette figure de l’Etat postnational, seul capable d’assurer Ă  la fois la justice sociale et l’efficacitĂ© marchande. Cependant, dans l’horizon postnational, il faut que les institutions politiques se fondent sur une lĂ©gitimitĂ© comment concevoir une lĂ©gitimitĂ© dĂ©mocratique des dĂ©cisions prises au-delĂ  de l’organisation Ă©tatique crĂ©ation d’espaces publics transnationaux. Conclusion Ainsi, paradoxalement, c’est le dĂ©passement de l’Etat-nation par la construction d’entitĂ©s politiques plus vastes qui permet la conservation des Etat-nations car d’un cĂŽtĂ©, l’Etat-nation n’est pas assez fort pour se porter Ă  la hauteur de l’économie mondialisĂ©e et endiguer seul les effets pervers des marchĂ©s, mais d’un autre cĂŽtĂ©, l’Etat-nation est insubstituable dans son rĂŽle de maintien, de catalyseur de l’identitĂ© collective.
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unmal nĂ©cessaire Le mensonge, c’est un fait, n’est pas bien vu par notre sociĂ©tĂ© en quĂȘte de transparence. Dans un monde oĂč la « traçabilitĂ© » (des produits, des idĂ©es et mĂȘme des ĂȘtres) fait loi, il dĂ©tonne et « fait tache ». DĂ©stabilisant, dĂ©rangeant, il parle de masques, Ă©voque ce qui se cache. Qui ose aujourd’hui

Machiavel A la recherche du chef d'Etat idĂ©al La question du rapport entre pouvoir, Etat, politique et morale est au cƓur de la pensĂ©e de Machiavel qu’est-ce qu’un bon chef d’état ? Quelles qualitĂ©s font un bon politique ? Comment doit-il gĂ©rer la vie politique ? Pour ne pas redĂ©couvrir la lune, jetons un coup d’oeil sur le penseur qui a fondĂ© la philosophie politique moderne Machiavel. Dans son cĂ©lĂšbre texte Le Prince, le florentin, qui a passĂ© sa vie au plus prĂšs du pouvoir auprĂšs de CĂ©sar Borgia Ă  qui s'adresse Le Prince, tente un portrait-robot du gouvernant. D’emblĂ©e, Machiavel rĂ©fute toute conception morale du pouvoir le chef de l’état ne doit pas obĂ©ir Ă  une morale fixe, mais s’adapter aux circonstances, ce qu’il appelle la fortune ”fortuna”, en latin, signifie la chance, le destin. En dissociant la morale du pouvoir, il ne dit pourtant pas que le chef de l’état doive ĂȘtre immoral, mais qu’il peut s’affranchir de la morale si c’est nĂ©cessaire. C’est ce qu’aujourd’hui on appellerait le pragmatisme, ou le primat de la fin sur les moyens. Autrement dit, le chef de l’état doit maĂźtriser et faire foin de toute idĂ©alisme qui le contraindrait Ă  moraliser sa politique. La morale de Machiavel n'est donc pas un formalisme Ă©thique comme chez kant par exemple, mais plutĂŽt une invention permanente de celui qui la pratique la morale machiavĂ©lienne est immanente, et non transcendante. Kant s'opposera Ă  cette conception du pouvoir, en plaçant les intentions au-dessus des rĂ©sultats. A la diffĂ©rence, pour Machiavel, l'action politique ne peut ĂȘtre jugĂ© que sur sa rĂ©alitĂ© et non sur ses potentialitĂ©s ou les intentions qui la fondent. Machiavel dĂ©finit le champ politique comme le lieu d'affrontement du destin fortuna et de la volontĂ© virtu. Le chef d'Etat doit incarner cette volontĂ© de dĂ©passement de la nĂ©cessitĂ©, le dĂ©passement des contraintes naturelles ou conjoncturelles. Un personnage en vue Avant tout, le chef de l’état est un personnage public, il est sans cesse “en vue“d'autant plus dans nos dĂ©mocraties mĂ©diatiques, ou “mĂ©diacratie”. C’est pour cette raison qu’il doit maĂźtriser son image il doit donc paraĂźtre possĂ©der des qualitĂ©s qu’il ne dĂ©tient pas forcĂ©ment. Ses dĂ©fauts seront cachĂ©s au public pour ne pas le dĂ©stabiliser. On voit Ă  quel point ceci est moderne. Aujourd’hui, ce sont les conseillers en communication “spin doctors” qui gĂšrent l’image des hommes politiques via des mĂ©thodes telles que l'analyse des sondages ou le media training, en tentant de les faire apparaĂźtre sous leur meilleur jour. Parce qu'il est en permanence sous le regard des autres, le politique de Machiavel doit dissimiler ses dĂ©fauts et feindre des qualitĂ©s qu'il ne dĂ©tient pas. Machiavel et la maĂźtrise de la vie politique Le chef de l’état doit Ă©galement mettre sous contrĂŽle ses opposants. Machiavel prĂŽne Ă  leur Ă©gard une politique de fermetĂ©. La dissidence doit ĂȘtre endiguĂ©e car elle est la racine de la rĂ©volte. Or, selon Machiavel, cela va de soi, le chef de l’état n’a qu’un seul but la conservation du pouvoir. En un mot la fin, lĂ  aussi, justifie les moyens. Si le politique est menacĂ© par ses opposants, il ne doit pas s'empĂȘcher de les emprisonner. Ainsi, le trait dominant du “bon” chef de l’état, c’est la “VIRTU”, c'est-Ă -dire le contrĂŽle, la maĂźtrise de soi l’image, de l’avenir le destin, de ses opposants la vie politique. Cette politique de contrĂŽle est, de nos jours, appelĂ©e RealPolitik. C'est loin du cynisme auquel Machiavel est souvent rĂ©duit 
 Bakounine Anarchisme, libertĂ©, L'Etat c'est le mal mais un mal historiquement nĂ©cessaire aussi nĂ©cessaire dans le passĂ© que le sera tĂŽt ou tard son extinction complĂšte, Pour comprendre le monde, descendre les marches, ne mords pas la main qui te nourrit, vous ĂȘtes plus libres que vous le pensez, dayofdoom, day of doom

Doit-on abolir L’Etat L’histoire a Ă©tĂ© marquĂ©e par des interrogations sur la place de l’Etat, sur son rĂŽle politique et social. L’Etat se dĂ©finit par un ensemble d’administration, d’institutions censĂ©es rĂ©gler la vie en sociĂ©tĂ© par l’instauration de lois pour Ă©viter que les hommes ne se nuisent entre eux. L’Etat est donc certes un bienfait pour l’homme mais il constitue Ă©galement unecontraint. Est-ce Ă  dire que l’Etat est un mal nĂ©cessaire ? Il s’agit donc ici d’articuler les notions de moralitĂ©, que l’on peut dĂ©finir comme science du bien, et de la politique qui est l’art de gouverner la citĂ© antique ou l’Etat moderne aujourd’hui. L’Etat est-il nĂ©cessaire ? En quoi peut-il constituer un mal pour l’homme ? De lĂ , peut-on en dĂ©duire que c’est cette part » mauvaise » de l’Etat qui estnĂ©cessaire, ou n’est-ce pas plutĂŽt un autre de ses aspects qui l’est ? Nous sommes donc amenĂ©s Ă  nous interroger sur la » lĂ©gitimitĂ© » de l’accomplissement du mal par l’Etat. Ne peut-on pas concevoir un type d’Etat qui rĂ©pondrait Ă  cette nĂ©cessitĂ© tout en Ă©vitant le mal ? Il faudra donc, dans un premier temps, s’interroger sur ce qui peut rendre la mise en place d’un Etat nĂ©cessaire ; puis, dansun second temps, nous verrons dans quelle mesure l’Etat peut ĂȘtre jugĂ© bon ou mauvais et quelle est alors sa lĂ©gitimitĂ©. Enfin, nous nous pencherons sur les conditions de possibilitĂ© d’un Etat sans mal, ou du moins d’un Etat qui s’éloignerait du mal. L’analyse de la nature humaine permet de justifier ou non la mise en place d’un Etat. Toutefois, les caractĂ©ristiques de l’homme Ă  l’état denature diffĂšrent selon les philosophes qui les Ă©tudient. Cela aboutit-il pour autant Ă  des conceptions diffĂ©rentes quant Ă  la mise en place d’un Etat ou quant Ă  la forme prise par celui-ci ? Pour Aristote, L’homme est un animal politique, autrement dit, l’homme ne peut se concevoir que dans le cadre de la sociĂ©tĂ©. Pour les Anciens, le monde suit une hiĂ©rarchie, un ordre naturel. L’essence prĂ©cĂšdel’existence et chacun a une place dans le monde qui lui revient selon sa nature. Le mal, la violence procĂšde par consĂ©quent d’une atteinte Ă  cet ordre. L’Etat apparaĂźt alors nĂ©cessaire pour faire respecter cet ordre naturel qui garantit la paix. Bossuet, un peu plus tard, propose une vision analogue de l’Etat Ă  ceci prĂšs que cet ordre naturel est d’origine divine. Dans les deux cas, l’Etat estlĂ©gitimĂ© par une transcendance la nature ou Dieu, ce qui s’oppose aux thĂ©oriciens du » contrat social » selon lesquels l’Etat tire sa lĂ©gitimitĂ© de la sociĂ©tĂ© elle-mĂȘme, de la nature de l’homme. Il relĂšve donc d’une dĂ©cision des hommes, il est instituĂ©. En effet, Rousseau explique dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inĂ©galitĂ© parmi les hommes 1755 que l’homme est Ă  l’état de natureun ĂȘtre amoral qui vit seul. La non-satisfaction de ses besoins par la nature l’amĂšne alors Ă  constituer une sociĂ©tĂ©. Ainsi, la sociĂ©tĂ© serait une provocation et non une vocation comme le sous-entend Aristote. Avec cette sociĂ©tĂ© apparaissent les passions, les rivalitĂ©s et les conflits entre les hommes. L’instauration d’un Etat lĂ©gislateur devient alors nĂ©cessaire. Pour Hobbes Le LĂ©viathan,l’homme est un loup pour l’homme. En effet, l’homme a selon lui une propension naturelle Ă  faire le mal et l’état de nature est un Ă©tat de guerre permanente. L’Eta apparaĂźt alors comme autoritĂ© pour rĂ©gler cette sociĂ©tĂ©, corriger l’homme et l’empĂȘcher d’accomplir la violence. Enfin, Locke, pour sa part, considĂšre la libertĂ© et l’égalitĂ© comme des attributs, prĂ©-politiques de l’homme. L’Etat est alorslĂ  pour les prĂ©server. L’instauration d’un Etat semble donc ĂȘtre une Ă©tape indispensable Ă  l’évolution de toute sociĂ©tĂ©, ce qui est confirmĂ© par les utopies que constituent les sociĂ©tĂ©s sans Etat. En effet, les apologistes de l’anarchie que sont Proudhon et Bakounine considĂšrent l’Etat comme un mal en lui-mĂȘme qui n’est pas nĂ©cessaires. De mĂȘme la » dictature du prolĂ©tariat » prĂŽnĂ©e par


Enfait ce n’est pas l’état qui est un mal nĂ©cessaire, c’est particuliĂšrement l’absence ou la dĂ©faillance de l’état qui est une vraie malĂ©diction pour certains pays dans
Texte de Rousseau Ce qu’il y a de plus nĂ©cessaire, et peut-ĂȘtre de plus difficile dans le gouvernement, c’est une intĂ©gritĂ© sĂ©vĂšre Ă  rendre justice Ă  tous, et surtout Ă  protĂ©ger le pauvre contre la tyrannie du riche. Le plus grand mal est dĂ©jĂ  fait, quand on a des pauvres Ă  dĂ©fendre et des riches Ă  contenir. C’est sur la mĂ©diocritĂ© seule que s’exerce toute la force des lois ; elles sont Ă©galement impuissantes contre les trĂ©sors du riche et contre la misĂšre du pauvre ; le premier les Ă©lude, le second leur Ă©chappe ; l’un brise la toile, et l’autre passe au travers. C’est donc une des plus importantes affaires du gouvernement, de prĂ©venir l’extrĂȘme inĂ©galitĂ© des fortunes, non en enlevant les trĂ©sors Ă  leurs possesseurs, mais en ĂŽtant Ă  tous les moyens d’en accumuler, ni en bĂątissant des hĂŽpitaux pour les pauvres, mais en garantissant les citoyens de le devenir. Les hommes inĂ©galement distribuĂ©s sur le territoire, et entassĂ©s dans un lieu tandis que les autres se dĂ©peuplent ; les arts d’agrĂ©ment et de pure industrie favorisĂ©s aux dĂ©pens des mĂ©tiers utiles et pĂ©nibles ; l’agriculture sacrifiĂ©e au commerce ; le publicain rendu nĂ©cessaire par la mauvaise administration des deniers de l’État ; enfin la vĂ©nalitĂ© poussĂ©e Ă  tel excĂšs, que la considĂ©ration se compte avec les pistoles, et que les vertus mĂȘmes se vendent Ă  prix d’argent ; telles sont les causes les plus sensibles de l’opulence et de la misĂšre, de l’intĂ©rĂȘt particulier substituĂ© Ă  l’intĂ©rĂȘt public, de la haine mutuelle des citoyens, de leur indiffĂ©rence pour la cause commune, de la corruption du peuple, et de l’affaiblissement de tous les ressorts du gouvernement » Rousseau, Discours sur l’Économie politique, 1755 Analyse du texte avec en italique les Ă©lĂ©ments critiques avec en surlignĂ© bleu les 4 Ă©lĂ©ments d’une introduction d’explication de texte ; ces parenthĂšses ne doivent bien sĂ»r ne pas apparaĂźtre dans une introduction Si les hommes ont acceptĂ© de se soumettre Ă  l’État, c’est parce qu’il y avait avantage soit la protection, soit la libertĂ©. Le rĂŽle de l’État est de faire en sorte que les libertĂ©s puissent coexister et que l’inĂ©galitĂ© naturelle des hommes sont compensĂ©e par une Ă©galitĂ© en droits et devant la loi. Pour certains penseurs libĂ©raux, l’État doit s’arrĂȘter lĂ , n’assurer que l’ordre et la justice, mais pour d’autres penseurs politiques, comme Marx , une Ă©galitĂ© formelle, en droits, n’est qu’une façade s’il n’y a pas Ă©galitĂ© matĂ©rielle, d’oĂč sa politique Ă©conomique d’abolition de la propriĂ©tĂ© privĂ©e. Aussi on peut se demander quelles doivent ĂȘtre les fonctions de l’État et jusqu’oĂč il se doit de corriger les inĂ©galitĂ©s? C’est le problĂšme dont traite ce texte Rousseau, dans cet extrait du Discours de l’économie politique de 1755, objet de notre explication, soutient que l’État ne doit pas se contenter de veiller Ă  l’égalitĂ© des droits et devant la loi, il doit aussi se prĂ©occuper des inĂ©galitĂ©s socio-Ă©conomiques. C’est la rĂ©ponse de l’auteur sur cette question C’est sur cette thĂšse que s’ouvre aux lignes 1 et 2 sa rĂ©flexion, thĂšse justifiĂ©e par le lien Ă©troit entre Ă©galitĂ© en droits et Ă©galitĂ© de fait, soulignĂ© aux lignes 2 Ă  4. Excluant un certain type de politique aux lignes 4 Ă  7, il va proposer des mesures Ă  la fois Ă©conomiques, politiques et morales pour prĂ©venir ses inĂ©galitĂ©s menaçant les droits et devoirs de chacun. C’est le plan du texte qui sera le plan de l’explication du texte Tout en explicitant sa position, nous pourrons nous demander si elle est justifiĂ©e et suffisante. ce sera l’axe critique de l’explication – L’extrait s’ouvre donc aux lignes 1 et 2 sur une dĂ©finition des missions de l’État. Elles ont prĂ©sentĂ© comme difficiles Ă  remplir et comme ce qu’il y a de plus nĂ©cessaire ». Le nĂ©cessaire, c’est ce qui ne peut pas ne pas ĂȘtre , ce qui s’oppose au contingent. On peut donc penser que pour Rousseau qu’elles dĂ©coulent de la nature mĂȘme de l’État. C’est ce qu’on comprend bien pour la premiĂšre des missions. Si les hommes ont acceptĂ© de se soumettre Ă  l’autoritĂ© de l’État , c’est parce qu’il le jugeait nĂ©cessaire, pour mettre un terme aux rapports de force fondĂ©s sur l’inĂ©galitĂ© c’était l’hypothĂšse de Hobbes ou pour que chacun soit protĂ©gĂ© par la force commune ce sera l’hypothĂšse de Rousseau en 1762 dans son Contrat. Dans les deux cas, il faut qu’il y ait Ă©galitĂ© devant la loi, pour que personne ne soit lĂ©sĂ© et chacun Ă©galement protĂ©gĂ©. Par contre concernant la seconde mission, protĂ©ger le pauvre contre la tyrannie du riche », on peut penser que cette mission n’est pas directement Ă  la charge de l’État. Si le riche est Ă©gal devant la loi et en droits avec le pauvre, alors la l’égalitĂ© et par lĂ  la justice associĂ©e naturellement au droit et Ă  l’égalitĂ© rĂšgne. L’égalitĂ© devant la loi prĂ©vient, justement de cette tyrannie » du riche. Un tyran est celui qui exerce de maniĂšre abusive son pouvoir et qui surtout est au dessus des lois qu’il impose aux autres. Sous un État juste, il n’y a pas de tyran, tout le monde obĂ©it Ă  la loi et personne n’est au-dessus des lois. Donc corriger l’inĂ©galitĂ© Ă©conomique ne semble pas nĂ©cessaire, l’égalitĂ© devant la loi annule en quelque sorte le jeu des forces entre le fort et le faible. On peut cependant noter que sur ce point Marx sera au XIXĂšme siĂšcle moins affirmatif, les dominants Ă©conomiquement Ă©tant aussi ceux qui dĂ©tiennent le pouvoir et la justice n’est alors que la dĂ©fense de leur intĂ©rĂȘt Ă©rigĂ© en intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Mais mĂȘme si Rousseau ne va pas jusqu’à cette analyse marxiste, il souligne que la seconde mission est tout aussi nĂ©cessaire que la premiĂšre et mĂȘme que la premiĂšre ne peut ĂȘtre remplie sans la seconde. – En effet, aux lignes 2 Ă  4, il explicite cette tyrannie. Quand il y a inĂ©galitĂ©, c’est seulement sur la mĂ©diocritĂ© » que les lois ont force de lois. La mĂ©diocritĂ©, c’est ici l’état de ce qui se situe dans la moyenne, c’est l’état de fortune moyen. Cette classe moyenne, dirait-on aujourd’hui, n’échappe pas aux lois, par contre les classes riches et pauvres y Ă©chappent. Les riches avec leur trĂ©sor » ,ils sont capables de passer au travers des filets de la loi brise la toile » soit parce qu’ils peuvent s’autoriser Ă  la transgresser en payant les amendes si nĂ©cessaires ou Ă  les Ă©viter en achetant des passe-droits, en trouvant bien conseillĂ©s des vides juridiques ou des moyens de la contourner ou d’attĂ©nuer son effet. Les pauvres eux, vivants en marge de la sociĂ©tĂ© , sans logis, sans biens, sont difficiles Ă  contrĂŽler, arrĂȘter ou il est difficile de leur donner ce que la loi leur octroie. Donc les uns et les autres Ă©chappent aux lois, ce qui crĂ©e une inĂ©galitĂ© devant la loi vis-Ă -vis des autres citoyens et entre eux. Donc s’il y a inĂ©galitĂ©s socio-Ă©conomiques; l’État ne peut rendre justice Ă  tous et il revient donc Ă  l’État de prendre en main ses inĂ©galitĂ©s et d’élaborer une politique en ce sens. Mais laquelle? – Rousseau exclut aux lignes 4 Ă  7 , 2 types de mesures qui se recoupent et qui pourraient se rĂ©sumer ainsi prendre aux riches pour donner aux pauvres, ce que soutiennent certaines politiques modernes d’inspiration communiste ou anti-capitaliste. Pour Rousseau, c’est exclu. En ce qui concerne les pauvres, c’est parce qu’il rejette l’idĂ©e d’un simple assistanat pansant les plaies Ă  l’hĂŽpital ou Ă  l’hospice qui accueillait malades et pauvres de la misĂšre, sans la corriger pour autant. Il semble plutĂŽt en appeler Ă  une politique prĂ©ventive qui empĂȘchent les inĂ©galitĂ©s de naĂźtre ou de se creuser, d’oĂč le refus de l’accumulation de richesse, si s’enrichir n’est pas empĂȘchĂ©. En ce qui concerne les riches, on peut imaginer diffĂ©rentes raisons Ă  son refus de les dĂ©possĂ©der respect de la libertĂ© d’entreprendre et de s’enrichir, principe d’égalitĂ© on ne peut dĂ©savantager les uns au dĂ©triment des autres, influence de la thĂ©orie de la main invisible d’Adam Smith selon laquelle l’enrichissement des riches bien qu’égoĂŻste travaille malgrĂ© eux Ă  hausser le niveau, l’idĂ©e que la richesse peut ĂȘtre le fruit lĂ©gitime du travail, etc
En tout cas, l’État ne se doit pas pour autant de se retirer de l’économie et de laisser ses lois rĂ©tablir l’équilibre, il doit intervenir mais pas Ă  la maniĂšre d’un État providence, comme il est apparu dans la pĂ©riode moderne. – Aux lignes 7 Ă  12 en exposant les causes de ces inĂ©galitĂ©s, Rousseau indique implicitement la politique qui lui semblerait adĂ©quate. Il s’agit d’une vĂ©ritable politique gĂ©nĂ©rale, touchant aussi bien au plan de l’organisation du territoire pour Ă©viter la surpopulation et l’exode et donc la raretĂ© du travail ou la non-exploitation de certaines richesse, qu’au plan politique avec une meilleure gestion de l’argent publique et Ă©viter les prĂ©lĂšvements le publicain Ă©tant celui qui relĂšve l’impĂŽt, qu’au plan de la politique Ă©conomique en veillant Ă  l’équilibre entre les diffĂ©rents secteurs primaire agriculture et artisanat et secondaire industrie et en contrĂŽlant le commerce et mĂȘme au plan des mƓurs, que l’argent et les arts d’agrĂ©ment pervertissent en dĂ©tournant de la vertu. On retrouve ici une idĂ©e dĂ©jĂ  prĂ©sente chez Aristote du danger de la volontĂ© d’accumuler l’argent pour l’argent, qui d’un moyen de l’échange, en devient le but; ou chez Saint-Thomas d’Aquin qui voit dans l’épargne un mauvais mĂ©susage de l’argent. Quant Ă  la dissolution des mƓurs par les arts, Rousseau y a consacrĂ© un discours en 1750 pour dĂ©noncer leur effets amollissants et pervers. L’état se doit donc de faire en sorte que les inĂ©galitĂ©s n’apparaissent pas ou sont rĂ©duites et que le profit ne soit pas le seul moteur de la sociĂ©tĂ© qu’il administre. Les derniĂšres lignes du texte souligne Ă  quel point il est nĂ©cessaire aussi bien qu’en un sens un devoir de l’État que d’avoir cette politique gĂ©nĂ©rale sans laquelle non seulement les lois ne peuvent s’appliquer Ă  tous, mais mĂȘme sans lesquelles elles ne peuvent ĂȘtre ce qu’elles doivent Ă  savoir l’expression de la volontĂ© gĂ©nĂ©rale au nom de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, comme le soulignera Du contrat social. Les inĂ©galitĂ©s socio-Ă©conomiques crĂ©ent des intĂ©rĂȘts divergents, contradictoire qui ne peuvent ĂȘtre concilier dans une volontĂ© commune, elles font que les hommes ne pensent qu’à leur intĂ©rĂȘt privĂ© on peut ici au matĂ©rialisme mĂ©diocre des hommes dans les dĂ©mocraties modernes dĂ©noncĂ© par Tocqueville qui laisse au nom de l’égalitĂ© et de la sĂ©curitĂ© des corps et des pieds s’installer une nouvelle forme de despotisme paternelet dĂ©daignent l’intĂ©rĂȘt commun, au nom duquel ils devraient ĂȘtre capables de sacrifier leur intĂ©rĂȘts personnels et elles font enfin que mĂȘme les gouvernants ne sont plus intĂšgres, eux-mĂȘmes corrompus ou expression de cette domination de l’argent et de la richesse , comme le dĂ©noncera Marx. Nous avons donc vu que Rousseau attendait de l’Etat une Ă©galitĂ© en droit mais aussi une rĂ©duction des inĂ©galitĂ©s de fait par une vĂ©ritable politique socio-Ă©conomico-politico-morale. On peut juger qu’ici l’État outrepasse sa mission, et porte atteinte aux libertĂ©s individuelles, ou qu’il se contente de rĂ©duire, ce qui devrait ĂȘtre Ă©liminĂ©; en tout cas, la position de Rousseau dessine une politique Ă  la fois soucieuse d’une Ă©conomie florissante mais encadrĂ©e par l’État et l’idĂ©e qu’une dĂ©mocratie, c’est d’abord une sociĂ©tĂ© qu’il faut s’efforcer de dĂ©river vers le luxe, le superflu et le triomphe de l’argent est intĂ©ressante, mĂȘme si, lĂ  encore, on peut juger que ce n’est pas Ă  l’État d’éduquer les hommes, et que Rousseau confond 2 domaines Ă  distinguer la politique et la morale, pour permettre au politique de ne pas ĂȘtre angĂ©lique et inefficace comme le soulignait Machiavel et aux hommes d’ĂȘtre libre dans leur vie privĂ©e. BOUDON, BOURDIEU par seko-eco
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