Hirondelle Francis Etienne Sicard. EtanchĂ© de sa soif, Ă©vidĂ© de racines, Escortant le soleil et son arc rougissant, Lâoiseau palpe le temps dâune palme de vent. Puis griffonne sa chair aux fusains des marines. Son plumage Ă©margĂ© dâun regard sans rĂ©tine, Glisse sa peau de miel et son teint de rĂ©glisse. Entre les plis fardĂ©s dâun
ï»żAccueil âąAjouter une dĂ©finition âąDictionnaire âąCODYCROSS âąContact âąAnagramme On le confond avec l'hirondelle ; petit fouet â Solutions pour Mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s Recherche - Solution Recherche - DĂ©finition © 2018-2019 Politique des cookies.
pourles hirondelles et martinets, Ă©galement. Dans tous les cas, sachez que la Ligue de protection des oiseaux (LPO) est prĂ©sente dans tous les dĂ©partement français et peut vous aider. De mĂȘme il existe des centre de soins. La LPO vous transmettra volontiers l'adresse du centre le plus proche de chez vous.
PERSONNAGES La EsmĂ©ralda Phoebus De Chateaupers Claude Frollo Quasimodo Fleur De Lys Madame Aloise De Gondelaurier Diane BerangĂšre Le Vicomte de Gif M. De Chevreuse M. De Morlaix Clopin Trouille fou Le Crieur public Le Peuple, Truands, Archers, etc ACTE PREMIER. La Cour des miracles. â Il est nuit. Foule de truands. Danses et bruyantes. Mendiant et mendiantes dans leurs diverses attitudes de mĂ©tier. Le roi de Thune sur son tonneau. Feux, torches, flambeaux. Cercle de hideuses maisons dans lâombre. ScĂšne PREMIĂRE. CLAUDE FROLLO, CLOPIN TROUILLEFOU, puis LA ESMERALDA, puis QUASIMODO, â Les truands. ChĆur des truands. Vive Clopin, roi de Thune ! Vivent les gueux de Paris ! Faisons nos coups Ă la brune, Heure oĂč tous les chats sont gris. Dansons ! narguons pape et bulle, Et raillons-nous dans nos peaux, Quâavril mouille ou que juin brĂ»le La plume de nos chapeaux ! Sachons flairer dans lâespace Lâestoc de lâarcher vengeur, Ou le sac dâargent qui passe Sur le dos du voyageur ! Nous irons au clair de lune Danser avec les esprits⊠â Vive Clopin, roi de Thune ! Vivent les gueux de Paris ! CLAUDE FROLLO, Ă part, derriĂšre un pilier, dans un coin du théùtre. Il est enveloppĂ© dâun grand manteau qui cache son habit de prĂȘtre. Au milieu de la ronde infĂąme, Quâimporte le soupir dâune Ăąme ? Je souffre ! oh ! jamais plus de flamme Au sein dâun volcan ne La Esmeralda en dansant. ChĆurLa voilĂ ! la voilĂ ! câest elle ! Esmeralda ! CLAUDE FROLLO, Ă elle ! oh ! oui, câest elle ! Pourquoi, sort rigoureux, Lâas-tu faite si belle, Et moi si malheureux ?Elle arrive au milieu du théùtre. Les truands font cercle avec admiration autour dâelle. Elle danse. LA suis lâorpheline, Fille des douleurs, Qui sur vous sâincline En jetant des fleurs ; Mon joyeux dĂ©lire Bien souvent soupire ; Je montre un sourire, Je cache des pleurs. Je danse, humble fille, Au bord du ruisseau ; Ma chanson babille Comme un jeune oiseau ; Je suis la colombe Quâon blesse et qui tombe. La nuit de la tombe Couvre mon berceau. jeune fille ! Tu nous rends plus doux. Prends-nous pour famille, Et joue avec nous, Comme lâhirondelle Ă la mer se mĂȘle, Agaçant de lâaile Le flot en courroux. Câest la jeune fille, Lâenfant du malheur ! Quand son regard brille, Adieu la douleur ! Son chant nous rassemble ; De loin elle semble Lâabeille qui tremble Au bout dâune fleur. Danse, jeune fille, Tu nous rends plus doux. Prends-nous pour famille, Et joue avec nous ! CLAUDE FROLLO[Ă part.] FrĂ©mis, jeune fille ; Le prĂȘtre est jaloux ! [Claude veut se rapprocher de La Esmerala, qui se dĂ©tourne de lui avec une sorte dâ la procession du pape des fous. Torches, lanternes et musique. On porte au milieu du cortĂšge, sur un brancard couvert de chandelles, Quasimodo, chapĂ© et mitrĂ©] CHĆUR Saluez, clercs de basoche ! Hubins, coquillards, cagoux, Saluez tous ! il approche. Voici le pape des fous ! CLAUDE FROLLO[apercevant Quasimodo sâĂ©lance vers lui avec un geste de colĂšre] Quasimodo ! quel rĂŽle Ă©trange ! 0 profanation ! Ici, Quasimodo ! QUASIMODO Grand Dieu ! quâentends-je ? CLAUDE FROLLO Ici, te dis-je ! QUASIMODO[se jetant en bas de la litiĂšre] Me voici ! CLAUDE FROLLO Sois anathĂšme ! {{PersonnageQUASIM ODOcred}} Dieu ! câest lui-mĂȘme ! CLAUDE FROLLO Audace extrĂȘme ! QUASIMODO Instant dâeffroi ! CLAUDE FROLLO Ă genoux, traĂźtre ! QUASIMODO Pardonnez, maĂźtre ! CLAUDE FROLLO Non, je suis prĂȘtre ! QUASIMODO Pardonnez-moi ! [Claude Frollo arrache les ornements pontificaux de Quasimodo et les foule aux pieds. Les truands, sur lesquels Claude jette des regards irritĂ©s, commencent Ă murmurer et se forment en groupes menaçants autour de lui] LES TRUANDS Il nous menace, Ă compagnons ! Dans cette place OĂč nous rĂ©gnons ! QUASIMODO Que veut lâaudace De ces larrons ? On le menace, Mais nous verrons ! CLAUDE FROLLO Impure race ! Juifs et larrons ! On me menace, Mais nous verrons ! [La colĂšre des truands Ă©clate] {{PersonnageLES TRUANDScred}} ArrĂȘte ! arrĂȘte ! arrĂȘte ! Meure le trouble-fĂȘte ! Il paiera de sa tĂȘte ! En vain il se dĂ©bat ! QUASIMODO Quâon respecte sa tĂȘte ! Et que chacun sâarrĂȘte, Ou je change la fĂȘte En un sanglant combat ! CLAUDE FROLLO Ce nâest point pour sa tĂȘte Que Frollo sâinquiĂšte. [Il met la main sur la poitrine] Câest lĂ quâest la tempĂȘte, Câest lĂ quâest le combat ! [Au moment oĂč la fureur des truands est au comble, Clopin parait au fond du théùtre] CLOPIN Qui donc ose attaquer, dans ce repaire infĂąme, Lâarchidiacre mon seigneur, Et Quasimodo le sonneur De Notre-Dame ? LES TRUANDS[sâarrĂȘtant.] Câest Clopin, notre roi ! CLOPIN Manants, retirez-vous ! LES TRUANDS Il faut obĂ©ir ! CLOPIN Laissez-nous. [Les truands se retirent dans les masures. La Cour des miracles reste dĂ©serte. Clopin sâapproche mystĂ©rieusement de Claude] ScĂšne II CLAUDE â FROLLO â QUASIMODO â CLOPINCLOPIN Quel motif vous avait jetĂ© dans cette orgie ? Avez-vous, monseigneur, quelque ordre Ă me donner ? Vous ĂȘtes mon maĂźtre en magie. Parlez ; je ferai tout. CLAUDE FROLLO[Il saisit vivement Clopin par le bras et lâattire sur le devant du théùtre]. Je viens tout terminer. Ăcoute. CLOPIN Monseigneur ? CLAUDE FROLLO Plus que jamais je lâaime ! Dâamour et de douleur tu me vois palpitant. Il me la faut cette nuit mĂȘme. CLOPIN Vous lâallez voir ici passer dans un instant ; Câest le chemin de sa demeure. CLAUDE FROLLO[Ă part.] Oh ! lâenfer me saisit ! [Haut.] BientĂŽt, dis-tu ? CLOPIN Sur lâheure. CLAUDE FROLLO Seule ? CLOPIN Seule. CLAUDE FROLLO Il suffit. CLOPIN Attendrez-vous ? CLAUDE FROLLO Jâattend. Que je lâobtienne ou que je meure ! CLOPIN Puis-je vous servir ? CLAUDE FROLLO Non. [Il fait signe Ă Clopin de sâĂ©loigner, aprĂšs lui avoir jetĂ© sa bourse. RestĂ© seul avec Quasimodo, il lâamĂšne sur le devant du théùtre] Viens, jâai besoin de toi. QUASIMODO Câest bien. CLAUDE FROLLO Pour une chose impie, affreuse, extrĂȘme. QUASIMODO Vous ĂȘtes mon seigneur. CLAUDE FROLLO Les fers, la mort, la loi, Nous bravons tout. QUASIMODO Comptez sur moi. CLAUDE FROLLO[impĂ©tueusement.] JâenlĂšve la fille bohĂšme ! QUASIMODO MaĂźtre, prenez mon sang-sans me dire pourquoi. [Sur un signe de Claude Frollo, il se retire vers le fond du théùtre et laisse son maĂźtre sur le devant de la scĂšne.] CLAUDE FROLLO 0 ciel ! avoir donnĂ© ma pensĂ©e aux abĂźmes, Avoir de la magie essayĂ© tous les crimes,. Ătre tombĂ© plus bas que lâenfer ne descend, PrĂȘtre, Ă minuit, dans lâombre Ă©pier une femme, Et songer, dans lâĂ©tat oĂč se trouve mon Ăąme, Que Dieu me regarde Ă prĂ©sent ! Eh bien, oui ! quâimporte ! Le destin mâemporte, Sa main est trop forte, Je cĂšde Ă sa loi ! Mon sort recommence ! Le prĂȘtre en dĂ©mence Nâa plus dâespĂ©rance Et nâa plus dâeffroi ! DĂ©mon qui mâenivres, QuâĂ©voquent mes livres, Si tu me la livres, Je me livre Ă toi ! Reçois sous ton aile Le prĂȘtre infidĂšle ! Lâenfer avec elle, Câest mon ciel, Ă moi ! Viens donc, ĂŽ jeune femme ! Câest moi qui te rĂ©clame ! Viens, prends-moi sans retour ! Puisquâun Dieu, puisquâun maĂźtre, Dont le regard pĂ©nĂštre Notre cĆur nuit et jour, Exige en son caprice Que le prĂȘtre choisisse Du ciel ou de lâamour ! QUASIMODO[revenant] MaĂźtre, lâinstant sâapproche. CLAUDE FROLLO Oui, lâheure est solennelle ; Mon sort se dĂ©cide, tais-toi. CLAUDE FROLLO â QUASIMODO La nuit est sombre, Jâentends des pas ; Quelquâun dans lâombre Ne vient-il pas ? [Ils vont Ă©couter au fond du théùtre.] {{Personnage LE GUETcred}} [passant derriĂšre les maisons.] Paix et vigilance ! Ouvrons, loin du bruit, Lâoreille au silence Et lâĆil Ă la nuit. CLAUDE â FROLLO â QUASIMODO Dans lâombre on sâavance ; Quelquâun vient sans bruit. Oui, faisons silence ; Câest le guet de nuit ! [Le chant sâĂ©loigne.] QUASIMODO Le guet sâen va. CLAUDE FROLLO Notre crainte le suit. [Claude Foirolle et Quasimodo regardent avec anxiĂ©tĂ© vers la rue par laquelle doit venir La EsmĂ©ralda] QUASIMODO Lâamour conseille, Lâespoir rend fort Celui qui veille Lorsque tout dort. Je la devine, Je lâentrevoie ; Fille divine, Viens sans effroi ! CLAUDE FROLLO Lâamour conseille, Lâespoir rend fort Celui qui veille Lorsque tout dort. Je la devine, Je lâentrevoie ; Fille divine ! Elle est Ă moi ! [Entre La Esmeralda. Ils se jettent sur elle, et veulent lâentraĂźner. Elle se dĂ©bat.] LA ESMERALDA Au secours ! au secours ! Ă moi ! CLAUDE â FROLLO â QUASIMODO Tais-toi, jeune fille ! tais-toi ! ScĂšne III LA ESMERALDA â QUASIMODO â PHĆBUS DE CHATEAUPERS â LES ARCHERS DU GUETPHĆBUS DE CHATEAUPERS,[entrant Ă la tĂȘte dâun gros dâarchers.] De par le roi ! [Dans le tumulte, Claude sâĂ©chappe. Les archers saisissent Quasimodo] PHĆBUS DE CHATEAUPERS[aux archers, montrant Quasimodo] ArrĂȘtez-le ! serrez ferme ! Quâil soit seigneur ou valet ! Nous allons, pour quâon lâenferme, Le conduire au ChĂątelet ! [Les archers emmĂšnent Quasimodo au fond. La Esmeralda, remise de sa frayeur, sâapproche de Phoebus De Chateaupers avec une curiositĂ© mĂȘlĂ©e dâadmiration, et lâattire doucement sur le devant de la scĂšne.] LA ESMERALDA[Ă Phoebus De Chateaupers] Daignez me dire Votre nom, sire ! Je le requiers ! PHEOBUS DE CHATEAUPERS, Phoebus De Chateaupers, ma fille, De la famille De ChĂąteaupers. LA ESMERALDA, Capitaine ? PHEOBUS DE CHATEAUPERS, Oui, ma reine. {{PersonnageLA ESMERA LDAcred}} Reine ? oh ! non. PHEOBUS DE CHATEAUPERS GrĂące extrĂȘme ! LA ESMERALDA Phoebus De Chateaupers, jâaime Votre nom ! PHEOBUS DE CHATEAUPERS Sur mon Ăąme, Jâai, madame, Une lame De renom ! LA ESMERALDA[Ă Phoebus De Chateaupers] Un beau capitaine, Un bel officier, Ă mine hautaine, Ă corset dâacier, Souvent, mon beau sire, Prend nos pauvres cĆurs, Et ne fait que rire De nos yeux en pleurs. PHEOBUS DE CHATEAUPERS[Ă part] Pour un capitaine, Pour un officier, Lâamour peut Ă peine Vivre un jour entier. Tout soldat dĂ©sire Cueillir toute fleur, Plaisir sans martyre, Amour sans douleur ! [A La Esmeralda] Un esprit Radieux Me sourit Dans tes yeux. {{PersonnageLA ESMERALDA cred}} Un beau capitaine, Un bel officier, Ă mine hautaine, Ă corset dâacier, Quand aux yeux il brille, Fait longtemps penser Toute pauvre fille Qui lâa vu passer ! PHEOBUS DE CHATEAUPERS[Ă part] Pour un capitaine, Pour un officier, Lâamour peut Ă peine Vivre un jour entier. Câest lâĂ©clair qui brille, Il faut courtiser Toute belle fille Que lâon voit passer. LA ESMERALDA[Elle se pose devant le capitaine et lâadmire] Seigneur Phoebus De Chateaupers, que je vous voie Et que je vous admire encore ! Oh ! la belle Ă©charpe de soie, La belle Ă©charpe Ă franges dâor ! [Phoebus De Chateaupers dĂ©tache son Ă©charpe et la lui offre] PHEOBUS DE CHATEAUPERS Vous plaĂźt-elle ? [La Esmeralda prend lâĂ©charpe et sâen pare] LA ESMERALDA Quâelle est belle ! PHEOBUS DE CHATEAUPERS Un moment ! [Il sâapproche dâelle et cherche Ă lâembrasser.] LA ESMERALDA[reculant]. Non ! de grĂące ! PHEOBUS DE CHATEAUPERS[ qui insiste] Quâon mâembrasse ! LA ESMERALDA[reculant toujours] Non, vraiment ! PHEOBUS DE CHATEAUPERS[riant] Une belle Si rebelle. Si cruelle ! Câest charmant. LA ESMERALDA Non, beau capitaine, Je dois refuser. Sais-je oĂč lâon mâentraĂźne Avec un baiser ? PHEOBUS DE CHATEAUPERS Je suis capitaine, Je veux un baiser. Ma belle africaine, Pourquoi refuser ? Donne un baiser, donne, ou je vais le prendre. LA ESMERALDA, Non, laissez-moi ; je ne veux rien entendre. PHEOBUS DE CHATEAUPERS, Un seul baiser ! ce nâest rien, sur ma foi ! LA ESMERALDA Rien pour vous, sire, hĂ©las ! et tout pour moi ! PHEOBUS DE CHATEAUPERS Regarde-moi ; tu verras si je tâaime ! LA ESMERALDA Je ne veux pas regarder en moi-mĂȘme. PHEOBUS DE CHATEAUPERS Lâamour, ce soir, veut entrer dans ton cĆur. LA ESMERALDA Lâamour ce soir, et demain le malheur ! [Elle glisse de ses bras et sâenfuit. Phoebus De Chateaupers, dĂ©sappointĂ©, se retourne vers Quasimodo, que les gardes tiennent liĂ© au fond du théùtre] PHEOBUS DE CHATEAUPERS Elle mâĂ©chappe, elle rĂ©siste. Belle aventure en vĂ©ritĂ© ! Des deux oiseaux de nuit je garde le plus triste ; Le rossignol sâen va, le hibou mâest restĂ©. [Il se remet Ă la tĂȘte de sa troupe, et sort emmenant Quasimodo] CHĆUR DE LA RONDE DU GUET Paix et vigilance ! Ouvrons, loin du bruit, Lâoreille au silence Et lâĆil Ă la nuit ! [Ils sâĂ©loignent peu Ă peu et disparaissent.] ACTE II ScĂšne I [La place de GrĂšve. Le pilori. Quasimodo au pilori. Le Peuple sur la place] CHĆUR -Il enlevait une fille ! -Comment ! vraiment ? -Vous voyez comme on lâĂ©trille En ce moment ! -Entendez-vous, mes commĂšres ? QUASIMODO Sâen vient chasser sur les terres De Cupido ! UNE FEMME DU PEUPLE Il passera dans ma rue Au retour du pilori, Et câest Pierrat Torterue Qui va nous faire le cri. LE CRIEUR De par le roi, que Dieu garde ! Lâhomme quâici lâon regarde Sera mis, sous bonne garde, Pour une heure au pilori ! CHĆUR Ă bas ! Ă bas ! Le bossu ! le sourd ! le borgne ! Ce Barabbas ! Je crois, mortdieu ! quâil nous lorgne. Ă bas le sorcier ! Il grimace, il rue ! Il fait aboyer Les chiens dans la rue. -Corrigez bien ce bandit ! -Doublez le fouet et lâamende ! QUASIMODO CHĆUR Quâon le pende ! QUASIMODO Ă boire ! CHĆUR Sois maudit ! [Depuis quelques instants La Esmeralda sâest mĂȘlĂ©e Ă la foule. Elle a observĂ© Quasimodo avec surprise dâabord, puis avec pitiĂ©. Tout Ă coup, au milieu des cris du peuple, elle monte au pilori, dĂ©tache une petite gourde de sa ceinture, et donne Ă boire Ă Quasimodo] CHĆUR Que fais-tu, belle fille ? Laisse Quasimodo ! Ă BelzĂ©buth qui grille On ne donne pas dâeau ! [Elle descend du pilori. Les archers dĂ©tachent et emmĂšnent Quasimodo] CHĆUR -Il enlevait une femme ! -Qui ? ce butor ? -Mais câest affreux ! câest infĂąme ! -Câest un peu fort ! -Entendez-vous, mes commĂšres ? QUASIMODO Osait chasser sur les terres De Cupido ! ScĂšne II [Une salle magnifique oĂč se font des prĂ©paratifs de fĂȘte.] PHEOBUS DE CHATEAUPERS â FLEUR DE LYS â MADAME ALOISE DE GONDELAURIER MADAME ALOISE Phoebus, mon futur gendre, Ă©coutez, je vous aime ; Soyez maĂźtre cĂ©ans comme un autre moi-mĂȘme ; Ayez soin que ce soir chacun sâĂ©gaye ici. Et vous, ma fille, allons, tenez-vous prĂȘte. Vous serez la plus belle encore dans cette fĂȘte, Soyez la plus joyeuse aussi ! [Elle va au fond, et donne des ordres aux valets qui disposent la fĂȘte.] FLEUR DE LYS Monsieur, depuis lâautre semaine On vous a vu deux fois Ă peine. Cette fĂȘte enfin vous ramĂšne. Enfin ! câest bien heureux vraiment ! PHĆBUS DE CHATEAUPERS Ne grondez pas, je vous supplie ! FLEUR DE LYS Ah ! je le vois, Phoebus De Chateaupers mâoublie ! PHĆBUS DE CHATEAUPERS Je vous jure⊠FLEUR DE LYS Pas de serment ! On ne jure que lorsquâon ment. PHĆBUS DE CHATEAUPERS Vous oublier ! quelle folie ! NâĂȘtes-vous pas la plus jolie ? Ne suis-je pas le mieux aimant ? PHĆBUS DE CHATEAUPERS[Ă part.] Comme ma belle fiancĂ©e Gronde aujourdâhui ! Le soupçon est dans sa pensĂ©e. Ah ! quel ennui ! Belles, les amants quâon rudoie Sâen vont ailleurs. On en prend plus avec la joie Quâavec les pleurs. FLEUR DE LYS[ Ă part] Me trahir, moi, sa fiancĂ©e, Qui suis Ă lui ! Moi qui nâai que lui pour pensĂ©e Et pour ennui ! Ah ! quâil sâabsente ou quâil me voie, Que de douleurs ! PrĂ©sent, il dĂ©daigne ma joie, Absent, mes pleurs ! FLEUR DE LYS LâĂ©charpe, que pour vous, Phoebus De Chateaupers, jâai festonnĂ©e, Quâen avez-vous donc fait ? je ne vous la vois pas. PHĆBUS DE CHATEAUPERS[troublĂ©.] LâĂ©charpe ? Je ne sais⊠[A part.] Mortdieu ! le mauvais pas ! FLEUR DE LYS Vous lâavez oubliĂ©e ! [A part.] Ă qui lâa-t-il donnĂ©e ? Et pour qui suis-je abandonnĂ©e ? MADAME ALOISE[remontant vers eux et tĂąchant de les accorder.] Mon Dieu ! mariez-vous ; vous bouderez aprĂšs. PHĆBUS DE CHATEAUPERS[Ă Fleur-de-Lys] Non, je ne lâai pas oubliĂ©e. Je lâai, je mâen souviens, soigneusement pliĂ©e Dans un coffret dâĂ©mail que jâai fait faire exprĂšs. [Avec passion, Ă Fleur-de-Lys, qui boude encore.] Je vous jure que je vous aime Plus quâon nâaimerait VĂ©nus mĂȘme. FLEUR DE LYS Pas de serment ! pas de serment ! On ne jure que lorsquâon ment. MADAME ALOISE Enfants ! pas de querelle ; aujourdâhui tout est joie. Viens, ma fille, il faut quâon nous voie. Voici quâon va venir. Chaque chose a son tour. [Aux valets] Allumez les flambeaux, et que le bal sâapprĂȘte. Je veux que tout soit beau, quâon sây croie en plein jour PHĆBUS DE CHATEAUPERS Puisquâon a Fleur-de-Lys, rien ne manque Ă la fĂȘte. FLEUR DE LYS Phoebus De Chateaupers, il y manque lâamour ! [Elles sortent] PHĆBUS DE CHATEAUPERS[regardant sortir Fleur-de-Lys] Elle dit vrai, prĂšs dâelle encore Mon cĆur est rempli de souci. Celle que jâaime, Ă qui je pense dĂšs lâaurore, HĂ©las ! elle nâest pas ici ! Fille ravissante, Ă toi mes amours ! Belle ombre dansante, Qui remplis mes jours, Et, toujours absente, Mâapparais toujours ! Elle est rayonnante et douce Comme un nid dans les rameaux, Comme une fleur dans la mousse, Comme un bien parmi des maux ! Humble fille et vierge fiĂšre, Ăme chaste en libertĂ©, La pudeur sous sa paupiĂšre Ămousse la voluptĂ© ! Câest, dans la nuit sombre, Un ange des cieux, Au front voilĂ© dâombre, Ă lâĆil plein de feux ! Toujours je vois son image, Brillante ou sombre parfois ; Mais toujours, astre ou nuage, Câest au ciel que je la vois ! Fille ravissante, Ă toi mes amours ! Belle ombre dansante Qui remplis mes jours, Et, toujours absente, Mâapparais toujours ! [Entrent plusieurs seigneurs et dames en habits de fĂȘte] ScĂšne III LES PRECEDENTS â LE VICOMTE DE GIF â M. DE MORLAIX â M. DE CHEVREUSE â MADAME DE GONDELAURIER â FLEUR DE LYS â DIANE â BERANGERE â DAMES â SEIGNEURSLE VICOMTE DE GIF Salut, nobles chĂątelaines ! MADAME ALOISE â PHĆBUS DE CHATEAUPERS â FLEUR DE LYS[saluant] Bonjour, noble chevalier ! Oubliez soucis et peines Sous ce toit hospitalier ! M. DE MORLAIX Mesdames, Dieu vous envoie SantĂ©, plaisir et bonheur ! MADAME ALOISE â PHĆBUS DE CHATEAUPERS â FLEUR DE LYS Que le ciel vous rende en joie Vos bons souhaits, beau seigneur ! M. DECHEVREUSE Mesdames, du fond de lâĂąme Je suis Ă vous comme Ă Dieu. {{Personnage MADAME ALOISE â PHĆBUS DE CHATEAUPERS â FLEUR DE LYScred}} Beau sire, que Notre-Dame Vous soit en aide en tout lieu ! [Entrent tous les conviĂ©s.] CHĆUR Venez tous Ă la fĂȘte ! Page, dame et seigneur ! Venez tous Ă la fĂȘte, Des fleurs sur votre tĂȘte, La joie au fond du cĆur. [Les conviĂ©s sâaccostent et se saluent. Des valets circulent dans la foule, portant des plateaux chargĂ©s de fleurs et de fruits. Cependant un groupe de jeunes filles sâest formĂ© prĂšs dâune fenĂȘtre, Ă droite. Tout Ă coup lâune dâelles appelle les autres et leur fait signe de se pencher hors de la fenĂȘtre] DIANE[regardant au dehors.] Oh ! viens donc voir, viens donc voir, BĂ©rengĂšre ! BERANGERE[regardant dans la rue] Quâelle est vive ! quâelle est lĂ©gĂšre ! DIANE Câest une fĂ©e ou câest lâAmour ! LE VICOMTE DE GIF[riant.] Qui danse dans le carrefour ! M. DE CHEVREUSE[aprĂšs avoir regardĂ©.] Eh mais, câest la magicienne ! Phoebus De Chateaupers, câest ton Ă©gyptienne, Que lâautre nuit, avec valeur, Tu sauvas des mains dâun voleur. LE VICOMTE DE GIF Eh ! oui, câest la bohĂ©mienne ! M. DE MORLAIX Elle est belle comme le jour ! DIANE [Ă Phoebus De Chateaupers] Si vous la connaissez, dites-lui quâelle vienne Nous Ă©gayer de quelque tour. PHĆBUS DE CHATEAUPERS[ regardant Ă son tour dâun air distrait] Il se peut bien que ce soit elle. [A. Vicomte de Gif] Mais crois-tu quâelle se rappelle ?⊠FLEUR DE LYS[qui observe et qui Ă©coute] De vous toujours on se souvient. Voyons, appelez-la, dites-lui quâelle monte. [A part.] Je verrai sâil faut croire Ă ce que lâon raconte. PHĆBUS DE CHATEAUPERS[Ă Fleur-de-Lys] Vous le voulez ? Eh bien, essayons. [Il fait signe Ă la danseuse de monter] LES JEUNES FILLES Elle vient ! M. DE CHEVREUSE Sous le porche elle est disparue. DIANE Comme elle a laissĂ© lĂ ce bon peuple Ă©bahi ! LE VICOMTE DE GIF Dames, vous allez voir la nymphe de la rue. FLEUR DE LYS[Ă part.] Quâau signe de Phoebus De Chateaupers elle a vite obĂ©i ! ScĂšne IV LES PRECEDENTS â LA ESMERALDA [Entre la bohĂ©mienne, timide, confuse, et radieuse. Mouvement dâadmiration. La foule sâĂ©carte devant elle] CHĆUR Regardez ! son beau front brille entre les plus beaux, Comme ferait un astre entourĂ© de flambeaux ! PHĆBUS DE CHATEAUPERS Oh ! la divine crĂ©ature ! Amis, de ce bal enchantĂ© Elle est la reine, je vous jure. Sa couronne câest sa beautĂ© ! [Il se tourne vers Le Vicomte de Gif et de M. De Chevreuse] Amis, jâen ai lâĂąme Ă©chauffĂ©e ! Je braverais guerre et malheur, Si je pouvais, charmante fĂ©e, Cueillir ton amour dans sa fleur ! M. DE CHEVREUSE Câest une cĂ©leste figure ! Un de ces rĂȘves enchantĂ©s Qui flottent dans la nuit obscure Et sĂšment lâombre de clartĂ©s ! Dans le carrefour elle est nĂ©e. Ă jeux aveugles du malheur ! Quoi ! dans lâeau du ruisseau traĂźnĂ©e, HĂ©las ! une si belle fleur ! LA ESMERALDA[lâĆil fixĂ© sur Phoebus De Chateaupers dans la foule] Câest mon Phoebus De Chateaupers, jâen Ă©tais sĂ»re, Tel quâen mon cĆur il est restĂ© ! Ah ! sous la soie ou sous lâarmure, Câest toujours lui, grĂące et beautĂ© ! Phoebus De Chateaupers, ma tĂȘte est embrasĂ©e ! Tout me brĂ»le, joie et douleurs. La terre a besoin de rosĂ©e, Et mon Ăąme a besoin de pleurs ! FLEUR DE LYS Quâelle est belle ! jâen Ă©tais sĂ»re. Oui, je dois ĂȘtre, en vĂ©ritĂ©, Bien jalouse, si je mesure Ma jalousie Ă sa beautĂ© ! Mais peut-ĂȘtre, prĂ©destinĂ©es, Sous la rude main du malheur, Elle et moi, nous serons fanĂ©es Toutes les deux dans notre fleur ! {{Personnage MADAME ALOISEcred}} Câest une belle crĂ©ature ! Il est Ă©trange, en vĂ©ritĂ©, Quâune bohĂ©mienne impure Ait tant de charme et de beautĂ© ! Mais qui connaĂźt la destinĂ©e ? Souvent le serpent oiseleur Cache sa tĂȘte empoisonnĂ©e Sous le buisson le plus en fleur. TOUS Elle a le calme et la beautĂ© Du ciel dans les beaux soirs dâĂ©tĂ© ! MADAME ALOISE[Ă La Esmeralda] Allons, enfant, allons, la belle, Venez, et dansez-nous quelque danse nouvelle. [La Esmeralda se prĂ©pare a danser et tire de son sein lâĂ©charpe que lui a donnĂ©e Phoebus De Chateaupers] FLEUR DE LYS Mon Ă©charpe !⊠Phoebus De Chateaupers, je suis trompĂ©e ici, Et ma rivale, la voici ! [Fleur-de-Lys arrache lâĂ©charpe Ă La Esmeralda, et tombe Ă©vanouie. Tout le bal sâameute en dĂ©sordre contre lâĂ©gyptienne, qui se rĂ©fugie prĂšs de Phoebus De Chateaupers] TOUS Est-il vrai ? Phoebus De Chateaupers lâaime ! InfĂąme ! sors dâici. Ton audace est extrĂȘme De nous braver ainsi ! 0 comble dâimpudence ! Retourne aux carrefours Faire admirer ta danse Aux marchands des faubourgs ! Que sur lâheure on la chasse ! Ă la porte ! il le faut. Une fille si basse Ălever lâĆil si haut ! LA ESMERALDA Oh ! dĂ©fends-moi toi-mĂȘme, Mon Phoebus De Chateaupers, dĂ©fends-moi ! Lâhumble fille bohĂšme NâespĂšre ici quâen toi. {{Personnage PhĆbus. Je lâaime, et nâaime quâelle ! Je suis son dĂ©fenseur. Je combattrai pour elle. Mon bras est Ă mon cĆur. Sâil faut quâon la soutienne, Eh bien, je la soutien ! Son injure est la mienne, Et son honneur le mien ! Tous. Quoi ! voilĂ ce quâil aime ! Hors dâici ! hors dâici ! Quoi ! câest une bohĂšme Quâil nous prĂ©fĂšre ainsi ! Ah ! tous les deux, silence Sur une telle ardeur !Ă Phoebus. Vous, câest trop dâinsolence !Ă la Esmeralda. Toi, câest trop dâimpudeur !PhĆbus et ses amis protĂšgent la bohĂ©mienne entourĂ©e des menaces de tous les conviĂ©s de Madame de Gondelaurier. La Esmeralda se dirige en chancelant vers la porte. La toile tombe. ACTE TROISIĂME ScĂšne PREMIĂRE. Le prĂ©au extĂ©rieur dâun cabaret. Ă droite la taverne. Ă gauche des arbres. Au fond une porte et un petit mur trĂšs bas qui clĂŽt le prĂ©au. Au loin la croupe de Notre-Dame, avec ses deux tours et sa flĂšche, et une silhouette sombre du vieux Paris qui se dĂ©tache sur le ciel rouge du couchant. La Seine au bas du tableau. PHĆBUS â Le Vicompte DE GIF â M. DE MORLAIX â M. DE CHEVREUSE et plusieurs autres amis de PhĆbus, assis Ă des tables, buvant et chantant ; puis DOM CLAUDE FROLLO. CĆurs. Sois propice et salutaire, Notre-Dame de Saint-LĂŽ, Au soudard qui sur la terre Nâa de haine que pour lâeau ! PhĆbus. Donne au brave, En tous lieux, Bonne cave Et beaux yeux ! Lâheureux drille ! Fais quâil pille Jeune fille Et vin vieux ! Quâune belle Au cĆur froid Soit rebelle, â On en voit, â Il plaisante La mĂ©chante, Puis il chante, Puis il boit ! Le jour passe ; Ivre ou non, Il embrasse Sa Toinon, Et, farouche, Il se couche Sur la bouche Dâun canon. Et son Ăąme, Qui souvent Dâune femme Va rĂȘvant, Est contente Quand la tente Palpitante Tremble au vent. CHĆUR Sois propice et salutaire, Notre-Dame de Saint-LĂŽ, Au soudard qui sur la terre Nâa de haine que pour lâeau ! [Entre Claude Frollo, qui va sâasseoir Ă une table Ă©loignĂ©e de celle oĂč est Phoebus De Chateaupers, et paraĂźt dâabord Ă©tranger Ă ce qui se passe autour de lui] LE VICOMTE DE GIF[Ă Phoebus De Chateaupers] Cette Ă©gyptienne si belle, Quâen fais-tu donc, dĂ©cidĂ©ment ? [Mouvement dâattention de Claude Frollo] PHĆBUS DE CHATEAUPERS Ce soir, dans une heure, avec elle, Jâai rendez-vous. TOUS Vraiment ? PHĆBUS DE CHATEAUPERS Vraiment ! [Lâagitation deClaude Frollo redouble] VICOMTE DE GIF Dans une heure ? {{PersonnagePHĆBUS DE CHATEAUP ERScred}} Dans un moment ! LA ESMERALDA Oh ! lâamour, voluptĂ© suprĂȘme ! Se sentir deux dans un seul cĆur ! PossĂ©der la femme quâon aime ! Ătre lâesclave et le vainqueur ! Avoir son Ăąme, avoir ses charmes ! Son chant qui sait vous apaiser ! Et ses beaux yeux remplis de larmes Quâon essuie avec un baiser ! [Pendant quâil chante, les autres boivent et choquent leurs verres] CHĆUR Câest le bonheur suprĂȘme, En quelque temps quâon soit, De boire Ă ce quâon aime Et dâaimer ce quâon boit ! PHĆBUS DE CHATEAUPERS Amis, la plus jolie, Une grĂące accomplie ! 0 dĂ©lire ! ĂŽ folie ! Amis, elle est Ă moi ! CLAUDE FROLLO[Ă part] Ă lâenfer je mâallie. Malheur sur elle et toi ! PHĆBUS DE CHATEAUPERS Le plaisir nous convie ! Ăpuisons sans retour Le meilleur de la vie Dans un instant dâamour ! Quâimporte aprĂšs que lâon meure ! Donnons cent ans pour une heure, LâĂ©ternitĂ© pour un jour ! [Le couvre-feu sonne. Les amis de Phoebus De Chateaupers se lĂšvent de table, remettent leurs Ă©pĂ©es, leurs chapeaux, leurs manteaux, et sâapprĂȘtent Ă partir] CHĆUR Phoebus de Chateaupers, lâheure tâappelle Oui, câest le couvre-feu. Va retrouver ta belle. Ă la garde de Dieu ! PHĆBUS DE CHATEAUPERS Vraiment ! lâheure mâappelle ; Oui, câest le couvre-feu. Je vais trouver ma belle. Ă la garde de Dieu ! [Les amis de Phoebus de Chateaupers sortent] ScĂšne II CLAUDE FROLLO â PHĆBUS DE CHATEAUPERS [arrĂȘtant Phoebus De Chateaupers au moment oĂč il se dispose Ă sortir] Capitaine ! PHĆBUS DE CHATEAUPERS Quel est cet homme ? CLAUDE FROLLO Ăcoutez-moi. PHĆBUS DE CHATEAUPERS DĂ©pĂȘchons-nous ! CLAUDE FROLLO Savez-vous bien comment se nomme Celle qui vous attend ce soir au rendez-vous ? PHĆBUS DE CHATEAUPERS Eh, pardieu ! câest mon amoureuse, Celle qui mâaime et me plaĂźt fort ; Câest ma chanteuse, ma danseuse, Câest Esmeralda. CLAUDE FROLLO Câest la mort. PHĆBUS DE CHATEAUPERS Lâami, vous ĂȘtes fou, dâabord ; Ensuite, allez au diable ! CLAUDE FROLLO Ăcoutez ! {{PersonnagePHĆBUS DE CHATEAUP ERScred}} Que mâimporte ? CLAUDE FROLLO Phoebus De Chateaupers, si vous passez le seuil de cette porteâŠ. PHĆBUS DE CHATEAUPERS Vous ĂȘtes fou ! CLAUDE FROLLO Vous ĂȘtes mort ! Tremble ! câest une Ă©gyptienne ! Elles nâont ni loi, ni remord. Leur amour dĂ©guise leur haine, Et leur couche est un lit de mort ! PHĆBUS DE CHATEAUPERS[riant] Mon cher, rajustez votre cape. Rentrez Ă lâhĂŽpital des fous ; Il me paraĂźt quâon sâen Ă©chappe. Que Jupiter, saint Esculape, Et le diable soient avec vous ! CLAUDE FROLLO Ce sont des femmes infidĂšles. Crois-en les publiques rumeurs. Tout est tĂ©nĂšbres autour dâelles. Phoebus De Chateaupers nây va pas, ou tu meurs ! [Lâinsistance de Claude Frollo paraĂźt troubler Phoebus De Chateaupers, qui considĂšre son interlocuteur avec anxiĂ©tĂ©] PHĆBUS DE CHATEAUPERS Il mâĂ©tonne, Il me donne MalgrĂ© moi quelques soupçons. Cette ville, Peu tranquille, Est pleine de trahisons. CLAUDE FROLLO Je lâĂ©tonne, Je lui donne MalgrĂ© lui quelques soupçons. LâimbĂ©cile, Dans la ville, Ne voit plus que trahisons. Croyez-moi, monseigneur, Ă©vitez la sirĂšne Dont le piĂ©ge vous attend. Plus dâune bohĂ©mienne Ă poignardĂ© dans sa haine Un cĆur dâamour palpitant. [Phoebus De Chateaupers, quâil veut entraĂźner, se ravise et le repousse] PHĆBUS DE CHATEAUPERS Mais suis-je fou moi-mĂȘme ? Maure, juive ou bohĂšme, Quâimporte quand on aime ? Lâamour doit tout couvrir. Laisse-nous ! il mâappelle ! Ah ! si la mort, câest elle, Quand la mort est si belle, Il est doux de mourir ! CLAUDE FROLLO[le retenant.] ArrĂȘte ! Une bohĂšme ! Ta folie est extrĂȘme ! Oses-tu donc toi-mĂȘme Ă ta perte courir ? Crains la femme infidĂšle Qui dans lâombre tâappelle. Mais quoi ! tu cours prĂšs dâelle ? Va, si tu veux mourir ! [Phoebus De Chateaupers sort vivement, malgrĂ© Claude Frollo reste un moment sombre et comme indĂ©cis ; puis il suit Phoebus De Chateaupers] ScĂšne III [Une chambre. Au fond, une fenĂȘtre qui donne sur la riviĂšre] CLOPIN[entre, un flambeau Ă la main ; il est accompagnĂ© de quelques hommes auxquels il fait un geste dâintelligence, et quâil place dans un coin obscur oĂč ils disparaissent ; puis il retourne vers la porte et semble faire signe Ă quelquâun de monter. Claude paraĂźt] CLOPIN[Ă Claude] Dâici vous pourrez voir, sans ĂȘtre vu vous-mĂȘme, Le capitaine et la bohĂšme. [Il lui montre un enfoncement derriĂšre une tapisserie] CLAUDE FROLLO Les hommes apostĂ©s sont-ils prĂȘts ? CLOPIN Ils sont prĂȘts. CLAUDE FROLLO Que jamais de ceci lâon ne trouve la source. Silence ! prenez cette bourse. Vous en aurez autant aprĂšs. [Claude Frollo se place dans la cachette. Clopin sort avec prĂ©caution. Entrent La EsmĂ©ralda et Phoebus De Chateaupers] CLAUDE FROLLO[Ă part] Ă fille adorĂ©e, Au destin livrĂ©e ! Elle entre parĂ©e Pour sortir en deuil ! LA ESMERALDA[Ă Phoebus De Chateaupers] Monseigneur le comte, Mon cĆur que je dompte Est rempli de honte Et rempli dâorgueil ! PHĆBUS DE CHATEAUPERS[Ă La Esmeralda] Oh ! comme elle est rose ! Quand la porte est close, Ma belle, on dĂ©pose Toute crainte au seuil. [Phoebus De Chateaupers fait asseoir La EsmĂ©ralda sur le banc prĂšs de lui] PHEOBUS DE CHATEAUPERS Mâaimes-tu ? LA ESMERALDA Je tâaime ! CLAUDE FROLLO PHĆBUS DE CHATEAUPERS Ă lâadorable crĂ©ature ! Vous ĂȘtes divine, en honneur ! LA ESMERALDA Votre bouche est une flatteuse ! Tenez, je suis toute honteuse ! Nâapprochez pas tant, monseigneur ! CLAUDE FROLLO Ils sâaiment ! que je les envie ! LA ESMERALDAMon Phoebus De Chateaupers, je vous dois la vie ! PHĆBUS DE CHATEAUPERS Et moi, je te dois le bonheur ! LA ESMERALDA Oh ! sois sage ! Encourage Dâun visage Gracieux La petite Qui palpite Interdite Sous tes yeux ! PHĆBUS DE CHATEAUPERS Ă ma reine, Ma sirĂšne, Souveraine D e beautĂ© ! Douce fille, Dont lâĆil brille Et pĂ©tille De fiertĂ© ! CLAUDE FROLLO Les attendre ! Les entendre ! Quâelle est tendre ! Quâil est beau ! Sois joyeuse ! Sois heureuse ! Moi, je creuse Le tombeau ! PHĆBUS DE CHATEAUPERS FĂ©e ou femme, Sois ma dame ! Car mon Ăąme, Nuit et jour, Te dĂ©sire, Te respire, Et tâadmire, Mon amour ! LA ESMERALDA Je suis femme, Et mon Ăąme, Toute flamme, Tout amour, Est, beau sire, Une lyre Qui soupire Nuit et jour ! CLAUDE FROLLO Attends, femme, Que ma flamme Et ma lame Aient leur tour ! Oui, jâadmire Leur sourire, Leur dĂ©lire, Leur amour ! PHĆBUS DE CHATEAUPERS Sois toujours rose et vermeille ! Rions Ă notre heureux sort, Ă lâamour qui se rĂ©veille, Ă la pudeur qui sâendort ! Ta bouche, câest le ciel mĂȘme ! Mon Ăąme veut sây poser. Puisse mon souffle suprĂȘme Sâen aller dans ce baiser ! LA ESMERALDA Ta voix plaĂźt Ă mon oreille ; Ton sourire est doux et fort ; Lâinsouciance vermeille Rit dans tes yeux et mâendort. Tes vĆux sont ma loi suprĂȘme, Mais je dois mây refuser. Ma vertu, mon bonheur mĂȘme, Sâen iraient dans ce baiser ! CLAUDE FROLLO Ne frappez point leur oreille, Pas rapprochĂ©s de la mort ! Ma haine jalouse veille Sur leur amour qui sâendort ! La mort dĂ©charnĂ©e et blĂȘme Entre eux deux va se poser ! Phoebus De Chateaupers, ton souffle suprĂȘme Sâen ira dans ce baiser ! [Claude Frollo se jette sur Phoebus De Chateaupers et le poignarde, puis il ouvre la fenĂȘtre du fond, par laquelle il disparaĂźt. La EsmĂ©ralda tombe avec un grand cri sur le corps de Phoebus De Chateaupers entrent en tumulte les hommes apostĂ©s, qui la saisissent et semblent lâaccuser. La toile tombe] ACTE IV ScĂšne I [Une prison. Au fond, une porte.] LA ESMERALDA[seule, enchaĂźnĂ©e, couchĂ©e sur la paille.] Quoi ! lui dans le sĂ©pulcre, et moi dans cet abĂźme ! Moi prisonniĂšre et lui victime ! Oui, je lâai vu tomber. Il est mort en effet ! Et ce crime, ĂŽ ciel ! un tel crime, On dit que câest moi qui lâai fait ! La tige de nos jours est brisĂ©e encore verte ! Phoebus De Chateaupers en sâen allant me montre le chemin ! Hier sa fosse sâest ouverte, La mienne sâouvrira demain ! [Romance] Phoebus De Chateaupers, nâest-il sur la terre Aucun pouvoir salutaire Ă ceux qui se sont aimĂ©s ? Nâest-il ni philtres ni charmes Pour sĂ©cher des yeux en larmes, Pour rouvrir des yeux fermĂ©s ? Dieu bon, que je supplie Et la nuit et le jour, Daignez mâĂŽter ma vie Ou mâĂŽter mon amour ! Mon Phoebus De Chateaupers, ouvrons nos ailes Vers les sphĂšres Ă©ternelles, OĂč lâamour est immortel ! Retournons oĂč tout retombe ! Nos corps ensemble Ă la tombe, Nos Ăąmes ensemble au ciel ! Dieu bon, que je supplie Et la nuit et le jour, Daignez mâĂŽter ma vie Ou mâĂŽter mon amour ! [La porte sâouvre. Entre Claude Frollo, une lampe Ă la main, le capuchon rabattu sur le visage. Il vient se placer, immobile, en face de La Esmeralda] LA ESMERALDA[ se levant en sursaut.] Quel est cet homme ? CLAUDE FROLLO[voilĂ© par son capuchon.] Un prĂȘtre. LA ESMERALDA Un prĂȘtre ! Quel mystĂšre ! CLAUDE FROLLO Ătes-vous prĂȘte ? LA ESMERALDA Ă quoi ? CLAUDE FROLLO PrĂȘte Ă mourir. LA ESMERALDA Oui. CLAUDE FROLLO Bien. LA ESMERALDA Sera-ce bientĂŽt ? RĂ©pondez-moi, mon pĂšre. CLAUDE FROLLO Demain. LA ESMERALDA Pourquoi pas aujourdâhui ? CLAUDE FROLLO Quoi ! vous souffrez donc bien ? LA ESMERALDA Oui, je souffre ! CLAUDE FROLLO Peut-ĂȘtre, Moi qui vivrai demain, je souffre plus que vous. LA ESMERALDA Vous ? qui donc ĂȘtes-vous ? {{PersonnageCLAUDE FROLLO cred}} La tombe est entre nous ! LA ESMERALDA Votre nom ? CLAUDE FROLLO Vous voulez le savoir ? LA ESMERALDA Oui. [Il lĂšve son capuchon] LA ESMERALDA Le prĂȘtre ! Câest le prĂȘtre ! ĂŽ ciel ! ĂŽ mon Dieu ! Câest bien son front de glace et son regard de feu ! Câest bien le prĂȘtre ! câest lui-mĂȘme ! Câest lui qui me poursuit sans trĂȘve nuit et jour ! Câest lui qui lâa tuĂ©, mon Phoebus De Chateaupers, mon amour ! Monstre, je vous maudis Ă mon heure suprĂȘme ! Que vous ai-je donc fait ? quel est votre dessein ? Que voulez-vous de moi, misĂ©rable assassin ? Vous me haĂŻssez donc ? CLAUDE FROLLO Je tâaime ! - Je tâaime, câest infĂąme ! Je tâaime en frĂ©missant ! Mon amour, câest mon Ăąme ; Mon amour, câest mon sang. Oui, sous tes pieds je tombe, Et, je le dis, Je prĂ©fĂšre ta tombe Au paradis. Plains-moi ! Quoi ! je succombe. ; Et tu maudis ! LA ESMERALDA Il mâaime ! ĂŽ comble dâĂ©pouvante ! Il me tient, lâhorrible oiseleur ! CLAUDE FROLLO La seule chose en moi vivante, Câest mon amour et ma douleur ! DĂ©tresse extrĂȘme ! Quelle rigueur ! HĂ©las ! je tâaime ! Nuit de douleur ! LA ESMERALDA Moment suprĂȘme ! Tremble, ĂŽ mon cĆur ! Ă ciel ! il mâaime ! Nuit de terreur ! CLAUDE FROLLO[Ă part.] Dans mes mains elle palpite ! Enfin le prĂȘtre a son tour ! Dans la nuit je lâai conduite, Je vais la conduire au jour. La mort, qui vient Ă ma suite, Ne la rendra quâĂ lâamour ! LA ESMERALDA Par pitiĂ© laissez-moi vite ! Phoebus De Chateaupers est mort, câest mon tour ! HĂ©las ! je suis interdite Devant votre affreux amour, Comme lâoiseau qui palpite Sous le regard du vautour ! CLAUDE FROLLO Accepte-moi ! je tâaime ! oh ! viens, je tâen conjure ! PitiĂ© pour moi ! pitiĂ© pour toi ! fuyons ! tout dort ! LA ESMERALDA Votre priĂšre est une injure ! CLAUDE FROLLO Aimes-tu mieux mourir ? LA ESMERALDA Le corps meurt, lâĂąme sort. CLAUDE FROLLO Mourir, câest bien affreux ! LA ESMERALDA Taisez-vous, bouche impure ! Votre amour rend belle la mort ! CLAUDE FROLLO Choisis, ou la mort ! [Claude tombe aux pieds dâEsmeralda, suppliant. Elle le repousse.] LA ESMERALDA Non, meurtrier ! jamais ! silence ! Ton lĂąche amour est une offense. PlutĂŽt la tombe oĂč je mâĂ©lance ! Sois maudit parmi les maudits ! CLAUDE FROLLO Tremble ! lâĂ©chafaud te rĂ©clame. Sais-tu que je porte en mon Ăąme Des projets de sang et de flamme, De lâenfer dans-lâombre applaudis ? Oh ! je tâadore ! Donne ta main ! Tu peux encore Vivre demain ! Ă nuit dâalarmes ! Nuit de remord ! Pour moi les larmes, Pour toi la mort ! Dis-moi Je tâaime ! Pour te sauver ! - Lâaube suprĂȘme Va se lever. Ah ! puisquâen vain je tâimplore, Puisque ta haine me fuit, Adieu donc ! un jour encore, Et puis lâĂ©ternelle nuit ! {{Personnage LA ESMERALDAcred}} Va, je tâabhorre, PrĂȘtre inhumain ! Le meurtre encore Rougit ta main ! Ă nuit dâalarmes ! Nuit de remord ! Assez de larmes, Je veux la mort ! Dans les fers mĂȘme Je tâai bravĂ©. Sois anathĂšme ! Sois rĂ©prouvĂ© ! Va, ton crime te dĂ©vore, Phoebus De Chateaupers vers Dieu me conduit ! Le ciel mâouvre son aurore ! Lâenfer tâattend dans sa nuit ! [Un geĂŽlier paraĂźt Claude Frollo lui fait signe dâemmener la Esmeralda, et sort, pendant quâon entraĂźne la bohĂ©mienne.] ScĂšne II [Le parvis Notre-Dame. La façade de lâĂ©glise. On entend un bruit de cloches.] QUASIMODO Mon Dieu ! jâaime, Hors moi-mĂȘme, Tout ici ! Lâair qui passe Et qui chasse Mon souci ! Lâhirondelle Si fidĂšle Aux vieux toits ! Les chapelles Sous les ailes De la croix ! Toute rose Qui fleurit ; Toute chose Qui sourit ! Triste Ă©bauche, Je suis gauche, Je suis laid. Point dâenvie ! Câest la vie Comme elle est ! Joie ou peine, Nuit dâĂ©bĂšne Ou ciel bleu, Que mâimporte ? Toute porte MĂšne Ă Dieu ! Noble lame, Vil fourreau, Dans mon Ăąme Je suis beau ! Cloches grosses et frĂȘles, Sonnez, sonnez toujours ! Confondez vos voix grĂȘles Et vos murmures sourds ! Chantez dans les tourelles, Bourdonnez dans les tours ! Ăa, quâon sonne ! QuâĂ grand bruit On bourdonne Jour et nuit ! Nos fĂȘtes seront splendides. AidĂ© par vous, jâen rĂ©ponds. Sautez Ă bonds plus rapides Dans les airs que nous frappons ! VoilĂ les bourgeois stupides Qui se hĂątent sur les ponts ! Ăa, quâon sonne, Quâon bourdonne Jour et nuit ! Toute fĂȘte Se complĂšte Par le bruit ! [Il se retourne vers la façade de lâĂ©glise.] Jâai vu dans la chapelle une tenture noire. HĂ©las ! va-t-on traĂźner quelque misĂšre ici ? Dieu ! quel pressentiment !⊠Non, je nây veux pas croire ! [Entrent Claude Frollo et Clopin sans voir Quasimodo] Câest mon est bien sombre aussi ! [Il se cache dans un angle obscur du portail.] Ă ma maĂźtresse ! ĂŽ Notre-Dame ! Prenez mes jours, sauvez son Ăąme ! ScĂšne III CLAUDE FROLLO CLOPINQUASIMODO [cachĂ©]CLAUDE FROLLO Donc Phoebus De Chateaupers est Ă Montfort ? CLOPIN Monseigneur, il nâest pas mort ! CLAUDE FROLLO Pourvu quâici rien ne lâamĂšne ! CLOPIN Ne vous en mettez pas en peine, Il est trop faible encore pour un si long chemin. Sâil venait, sa mort serait sĂ»re. Monseigneur, soyez-en certain, Chaque pas quâil ferait rouvrirait sa blessure. Ne craignez rien pour ce matin. CLAUDE FROLLO Ah ! quâaujourdâhui du moins seul je la tienne, Pour vivre ou mourir, dans ma main ! Enfer, pour aujourdâhui je te donne demain ! [A Clopin] BientĂŽt on va mener ici lâĂ©gyptienne. Toi, que de tout il te souvienne ! - Sur la place avec les tiensâŠ. CLOPIN Bien. CLAUDE FROLLO Tiens-toi dans lâombre. Si je crie Ă moi ! tu viens. {{PersonnageCLOPINc CLAUDE FROLLO Soyez en nombre. CLOPIN Donc si vous criez Ă moi !⊠CLAUDE FROLLO Oui. CLOPIN Jâaccours prĂšs dâelle. Je lâarrache aux gens du roiâŠ. CLAUDE FROLLO Bien. CLOPIN Ă vous la belle ! CLAUDE FROLLO Ă la foule mĂȘlez-vous. Et peut-ĂȘtre Ce cĆur deviendra plus doux Pour le prĂȘtre. Alors vous accourez tousâŠ. CLOPIN Oui, mon maĂźtre. CLAUDE FROLLO Tenez-vous partout serrĂ©s. CLOPIN Oui. CLAUDE FROLLO Cachez vos armes Pour ne pas donner dâalarmes. CLOPIN MaĂźtre, vous verrez. {{PersonnageCLAUDE FROLLOcr ed}} Mais que lâenfer la remporte, Compagnon, Si la folle Ă cette porte Me dit non ! DestinĂ©e ! ĂŽ jeu funeste ! Ami, je compte sur toi. Sur la chance qui me reste Je me penche avec effroi. CLOPIN Ne craignez rien de funeste, Monseigneur, comptez sur moi. Ă la chance qui vous reste Confiez-vous sans effroi. [Ils sortent avec prĂ©caution. Le Peuple commence Ă arriver sur la place.] ScĂšne IV LE PEUPLE â QUASIMODO â LA ESMERALDA[et son cortĂšge, puis] CLAUDE FROLLO â PHĆBUS DE CHATEAUPERS â CLOPIN â PRETRES â ARCHERS â GENS DE JUSTICECHĆUR Ă Notre-Dame Venez tous voir La jeune femme Qui meurt ce soir ! Cette bohĂ©mienne Ă poignardĂ©, je crois, Un archer capitaine, Le plus beau quâait le roi ! Eh quoi ! si belle Et si cruelle ! Entendez-vous ? Comment y croire ? LâĂąme si noire Et lâĆil si doux ! Câest une chose affreuse ! Ce que câest que de nous ! La pauvre malheureuse ! Venez, accoure z tous ! Ă Notre-Dame Venez tous voir La jeune femme Qui meurt ce soir ! [La foule grossit. Rumeur. Un cortĂšge sinistre commence Ă dĂ©boucher sur la place du Parvis. Files de pĂ©nitents noirs. BanniĂšres de la MisĂ©ricorde. Flambeaux. Archers. Gens de justice et du guet. Les soldats Ă©cartent la foule. Parait La Esmeralda en chemise, la corde au cou, pieds nus, couverte dâun grand crĂȘpe noir. PrĂšs dâelle, un moine avec un crucifix. DerriĂšre elle, les bourreaux et les gens du roi. Quasimodo, appuyĂ© aux contre-forts du portail, observe avec attention. Au moment oĂč la condamnĂ©e arrive devant la façade, on entend un chant grave et lointain venir de lâintĂ©rieur de lâĂ©glise, dont les portes sont fermĂ©es.] CHĆUR[dans lâĂ©glise.] _Omnes fluctus fluminis Transierunt super me In imo voraginis Ubi plorant [Le chant sâapproche lentement. Il Ă©clate enfin prĂšs des portes, qui sâouvrent tout Ă coup et laissent voir lâintĂ©rieur de lâĂ©glise occupĂ© par une longue procession de prĂȘtres en habits de cĂ©rĂ©monie et prĂ©cĂ©dĂ©s de banniĂšres. Claude Frollo, en costume sacerdotal, est en tĂȘte de la procession. Il sâavance vers la condamnĂ©e.] LE PEUPLE Vive aujourdâhui, morte demain ! Doux JĂ©sus, tendez-lui la main ! LA ESMERALDA Câest mon Phoebus De Chateaupers qui mâappelle Dans la demeure Ă©ternelle OĂč Dieu nous tient sous son aile. BĂ©ni soit mon sort cruel ! Au fond de tant de misĂšre, Mon cĆur qui se brise espĂšre. Je vais mourir pour la terre, Je vais naĂźtre pour le ciel ! CLAUDE FROLLO Mourir si jeune, si belle ! HĂ©las ! le prĂȘtre infidĂšle Est bien plus condamnĂ© quâelle ! Mon supplice est Ă©ternel. Pauvre fille de misĂšre, Que jâai prise dans ma serre, Tu vas mourir pour la terre ; Moi, je suis mort pour le ciel ! LE PEUPLE HĂ©las ! câest une infidĂšle ! Le ciel, qui tous nous appelle, Nâa point de portes pour elle. Son supplice est Ă©ternel. La mort, oh ! quelle misĂšre ! La tient dans sa double serre ; Elle est morte pour la terre, Elle est morte pour le ciel ! [La procession sâapproche, Claude aborde La Esmeralda] LA ESMERALDA[glacĂ©e de terreur] Câest le prĂȘtre ! CLAUDE FROLLO[bas] Oui, câest moi ; je tâaime et je tâimplore. Dis un seul mot, je puis encore, Je puis encore te sauver. Dis-moi Je tâaime. LA ESMERALDA Je tâabhorre ! Va-tâen ! CLAUDE FROLLO Alors meurs donc ! jâirai te retrouver. [Il se tourne vers la foule.] Peuple, au bras sĂ©culier nous livrons cette femme. Ă ce suprĂȘme instant, puisse sur sa pauvre Ăąme Passer le souffle du Seigneur ! [Au moment oĂč les hommes de justice mettent la main sur La Esmeralda, Quasimodo saute dans la place, repousse les archers, saisit la Esmeralda dans ses bras, et se jette dans lâĂ©glise avec elle] QUASIMODO Asile ! asile ! asile ! LE PEUPLE Asile ! asile ! asile ! NoĂ«l, gens de la ville ! NoĂ«l au bon sonneur ! Ă destinĂ©e ! La condamnĂ©e Est au Seigneur. Le gibet tombe, Et lâĂternel, Au lieu de tombe, Ouvre lâautel. Bourreaux, arriĂšre, Et gens du roi ! Cette barriĂšre Borne la loi. Câest toi qui changes Tout en ce lieu. Elle est aux anges, Elle est Ă Dieu ! CLAUDE FROLLO[faisant faire silence dâun geste.] Elle nâest pas sauvĂ©e, elle est Ă©gyptienne. Notre-Dame ne peut sauver quâune chrĂ©tienne. MĂȘme embrassant lâautel les paĂŻens sont proscrits. [Aux gens du roi.] Au nom de monseigneur lâĂ©vĂȘque de Paris, Je vous rends cette femme impure. QUASIMODO[aux archers.] Je la dĂ©fendrai, je le jure ! Nâapprochez pas ! CLAUDE FROLLO[aux archers.] Vous hĂ©sitez ! ObĂ©issez Ă lâinstant mĂȘme. Arrachez du saint lieu cette fille bohĂšme. [Les archers sâavancent. Quasimodo se place entre eux et La Esmeralda] QUASIMODO Jamais ! [On entend un Cavalier accourir et crier du dehors] ArrĂȘtez ! [La foule sâĂ©carte] {{PersonnagePHĆBUS DE CHATEAUPERS cred}} [apparaissant Ă cheval, pĂąle, haletant, Ă©puisĂ© comme un homme qui vient de faire une longue course] ArrĂȘtez ! LA ESMERALDAPhoebus De Chateaupers ! CLAUDE FROLLO[Ă part, terrifiĂ©.] La trame se dĂ©chire ! PHĆBUS DE CHATEAUPERS[se jetant Ă bas du cheval.] Dieu soit louĂ© ! je respire. Jâarrive Ă temps. Celle-ci Est innocente, et voici Mon assassin ! [Il dĂ©signe Claude Frollo] TOUS Ciel ! le prĂȘtre ! PHĆBUS DE CHATEAUPERS Le prĂȘtre est seul coupable, et je le prouverai. Quâon lâarrĂȘte. LE PEUPLE Ă surprise ! [Les archers entourent Claude Frollo] CLAUDE FROLLO Ah ! Dieu seul est le maĂźtre ! LA ESMERALDA Phoebus De Chateaupers ! PHĆBUS DE CHATEAUPERS Esmeralda ! [Ils se jettent dans les bras lâun de lâautre.] LA ESMERALDA Mon Phoebus De Chateaupers adorĂ© ! Nous vivrons. PHĆBUS DE CHATEAUPERS Tu vivras. LA ESMERALDA Pour nous le bonheur brille. {{PersonnageLE PE UPLEcred}} Vivez tous deux ! LA ESMERALDA Entends ces joyeuses clameurs ! Ă tes pieds reçois lâhumble Ciel ! tu pĂąlis ! Quâas-tu ? PHĆBUS DE CHATEAUPERS[chancelant.] Je meurs. [Elle le reçoit dans ses bras. Attente et anxiĂ©tĂ© dans la foule.] Chaque pas que jâai fait vers toi, ma bien-aimĂ©e, Ă rouvert ma blessure Ă peine encore fermĂ©e. Jâai pris pour moi la tombe et te laisse le jour. Jâexpire. Le sort te venge ; Je vais voir, ĂŽ mon pauvre ange, Si le ciel vaut ton amour ! -Adieu ! [Il expire.] LA ESMERALDA Phoebus ! il meurt ! en un instant tout change ! [Elle tombe sur son corps.] Je te suis dans lâĂ©ternitĂ© ! CLAUDE FROLLO FatalitĂ© ! LE PEUPLE FatalitĂ© !
CNNar5.